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Après le barrage des Trois Gorges, le nouveau projet hydrique chinois

Écrit par Sophia Fang et Gisela Sommer, La Grande Epoque
21.12.2010
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  • u00abDéplacer le ciel et la terre», disait Mao. u00abPlier la nature aux ambitions des hommes.» (GETTY IMAGES)(攝影: / 大紀元)

En 1952 Mao Zedong a décidé lors de visites d’inspection de terres agricoles que la Chine «emprunterait» de l’eau du sud du pays, plus humide pour irriguer les zones arides du nord. Cinquante ans après, les travaux ont commencé. Comme pour ne pas démériter de l’époque dont il a hérité, le projet est déjà une catastrophe humaine et écologique.

C’est en 2002 que les travaux pharaoniques, et sous-médiatisés en comparaison de la couverture accordée au barrage des Trois Gorges,  ont commencé. Le projet vise à détourner une partie des eaux du Yangtze jusque dans la Rivière Jaune à travers une série de canaux suivant trois routes principales coupant sur leur chemin plus de 600 rivières et cours d’eau. Les coûts estimés du projet sont de 486 milliards de yuans (50 milliards d’euros), soit deux fois le coût du barrage des Trois Gorges. Environ 330.000 personnes devront être relocalisées, d’après le site internet officiel du projet.

Les procédures d’expulsion de milliers de familles ont déjà commencé dans la province de Hubei, autour du réservoir Danjiangkou, au point de départ de la route centrale de dérivation des eaux qui doit créer une nouvelle voie hydrique vers Pékin et Tianjin.

Des heurts avec les responsables du gouvernement local et des manifestations non autorisées ont commencé dans la région, les compensations offertes étant jugées très insuffisantes. Les rumeurs de détournement d’une partie des sommes par l’administration locale sont tenaces.

Les mécanismes de compensation

Fin 2009, les habitants du village Lanjiagang, dans le canton Liupi ont accepté de signer des contrats de relocalisation vers le quartier Guanghua de la ville de Qingjiang. Depuis qu’ils y sont arrivés, en novembre cette année, les manifestations se multiplient pour protester contre la mauvaise qualité des logements proposés. Les 24 et 25 novembre, ils étaient plusieurs centaines dans les rues de la ville à réclamer une compensation. La police a violemment dispersé le rassemblement et arrêté vingt «dirigeants» du mouvement, d’après Radio Free Asia.

M. Zhang, un des migrants, estime que les manifestants étaient plus d’un millier. Des centaines de policiers se sont répartis en ville, appuyés par des hélicoptères. Ils ont «frappé et arrêté les gens à l’aveugle», affirme Zhang.  «Jusqu’à aujourd’hui, la seule compensation que les migrants ont reçu est 7.400 yuans (740 euros) par personne».

Mme Luo, des montagnes Wudang, confirme ce chiffre, ajoutant que la compensation officiellement consentie lors de l’expulsion était de 200.000 yuans (20.000 euros).

Déplacements forcés

Lorsque le niveau maximal du réservoir Danjiangkou aura été atteint, dix cantons proches seront inondés. D’après une article du Shiyan Daily du 29 novembre, plus de 18.000 familles – soit 76.000 personnes- ont déjà été relocalisées.

Les habitants du canton Liupi, une des terres agricoles les plus riches de la région, ont abondamment protesté et ont été forcés de signer des contrats de relocalisation qui les réinstallent sur des terres de pauvre qualité, affirment-ils. Le journal China Business a par exemple obtenu des documents montrant que le gouvernement provincial du Hubei a menacé le chef du canton Yun et le secrétaire local du parti communiste de licenciement si les habitants ne signaient pas les contrats de relocalisation.

Le docteur Wang Weiluo, un hydrologiste qui vit maintenant en Allemagne, a indiqué au site Internet Secret China que les déplacements de population, même s’ils sont moins importants que pour le projet de barrage des Trois Gorges, sont bien plus compliqués à mettre en œuvre. La plupart des habitants de la zone du réservoir Danjiangkou en sont ainsi à leur troisième relocalisation.

Inquiétudes pour l’environnement

En plus des difficultés humaines, plusieurs études prédisent que le projet conduira à un désastre écologique, sans résoudre les problèmes de manque d’eau du nord. En 2001 déjà, trois hydrologistes de l’Université technologique de Xi’an et de l’Ecole Normale de Pékin ont publié un article scientifique prédisant que du fait des gigantesques changements de débit sur différents fleuves, la rivière Han, un des affluents du Yangtze, perdrait de son flux, conduisant à un développement massif de phyto-plancton. Les mesures récentes confirment leurs prédictions d’après le China Weekly.

Pour Wang Weiluo, le projet dans son ensemble répond plus à une volonté de dominer la nature coûte que coûte qu’à une stratégie bien pensée de  gestion de l’eau. Les dommages du projet seront d’après lui pire encore que ceux du barrage des Trois Gorges, avec comme première victime la population de la province de Hubei. Le fait de couper plus de 600 cours d’eau sur le trajet des canaux sud-nord est d’après l’expert une absurdité totale dont les conséquences seront dramatiques à la fois pendant les périodes de sécheresse et d’inondations.

Tout cela sans qu’il soit le moins du monde garanti que la pénurie d’eau du nord soit résolue: «La raison fondamentale du manque d’eau dans le nord de la Chine est que les ressources naturelles ont été détruites par les hommes. Ce n’est pas parce que la région manque naturellement d’eau», explique le docteur Wang. «Dévier l’eau vers le nord ne résoudra rien».

D’autres experts partagent son avis: «L’efficacité réelle de la déviation de cours d’eau est très limitée», indique le professeur Zou Yilin de l’Institut de géographie historique de l’Université Fudan. «De tels projets doivent suivre et s’appuyer sur le cours naturel, pas aller à l’opposé».

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.