L’impact négatif du Grenelle de l’Environnement sur l’économie après 2020

Écrit par Charles Callewaert, La Grande Epoque
22.12.2010

  • Pour la nouvelle ministre de l’Écologie Nathalie Kosciuszko-Morizet, le Grenelle de l’Environnement u00abn’est pas seulement un programme d’investissement mais aussi de transformation de l’économie et de la société». (Eric Feferberg/AFP/Getty Images)(攝影: / 大紀元)

Le Grenelle de l’Environnement survivra-t-il encore longtemps à la crise?

Lors de l’adoption des lois Grenelle I et II par les députés, il n’y a pourtant pas si longtemps, une étude réalisée en 2009 par le Boston Consulting Group prévoyait la création de 600.000 emplois, et l’ancien ministre d’Etat Jean-Louis Borloo parlait d’un puissant stimulant pour l’économie et la croissance française, mais un rapport publié ce 8 décembre 2010 par six économistes de la Direction du Trésor sème maintenant le doute.

Un gain de croissance jusqu’en 2020 seulement

L’étude de la Direction du Trésor évalue «l’impact macro-économique des investissements mis en œuvre dans le cadre du Grenelle de l’environnement, dans les domaines des transports, du bâtiment et des énergies renouvelables», selon quatre scénarios liés essentiellement à l’évolution des prix du pétrole, et conclut pour la prochaine décennie à un gain de PIB de 0,4% à 0,8% par rapport au scénario de référence. Les investissements qui en résultent, et qui devraient être essentiellement supportés par les entreprises, les administrations publiques et les ménages, sont évalués à environ 450 milliards d’euros sur la période 2010-2020. Ils généreront un surcroît d’activité croissant de 0,4% à 0,5% la première année jusqu’à un maximum de 1,6% à 1,9% en 2014, et se traduiront au maximum par 250.000 emplois supplémentaires d’ici à 2020, contredisant ainsi l’étude du Boston Consulting Group. Puis, après 2020, la Direction du Trésor conclut à un «net ralentissement puis à l’arrêt des investissements», en particulier à cause de «la hausse des prix et des prélèvements obligatoires nécessaires au financement des investissements», avec des impacts négatifs sur le PIB et l’emploi à partir de 2021.

Le BTP français bien placé dans la compétition internationale

Ces sombres perspectives ne semblent heureusement pas partagées par les champions français du Bâtiment et des Travaux Publics. En effet, le secteur de l’immobilier est responsable de 40% des consommations d’énergie et de 25% des émissions de gaz à effet de serre, et les grands groupes français comme Vinci, Bouygues, Eiffage, Lafarge, Saint Gobain ou Schneider Electric se préparent activement au green business en investissant massivement dans les technologies vertes, comme les matériaux à changement de phase, le stockage d’énergie, les bétons isolants, ou les smart-grids. Les marchés de la rénovation du parc immobilier privé et public, des nouveaux matériaux «verts» et des réseaux électriques, s’avèrent d’autant plus prometteurs que la production de logements sociaux, tombée à 120.000 seulement en 2009, est à son plus bas niveau, et que les gros promoteurs immobiliers comme Bouygues Immobilier, Nexity ou Kaufman & Broad n’investissent plus que dans des projets à basse consommation (BBC), conformes aux orientation du Grenelle de l’Environnement. Par ailleurs, les produits et le savoir faire français dans ce secteur sont bien appréciés à l’exportation ce qui, une fois n’est pas coutume, place les entreprises françaises en bonne position dans la compétition internationale. 

Vive réaction de la ministre de l’Écologie

L’étude de la Direction du Trésor n’engage paraît-il «que ses auteurs» et non leur employeur. Cependant, sa publication à un moment où la réduction du déficit du budget de l’État est devenue une priorité absolue, et où le gouvernement vient de décider pour la troisième fois en un an une baisse des tarifs de l’électricité photovoltaïque, laisse penser à un revirement complet de stratégie dans le domaine de l’environnement. Depuis le sommet de Cancun, où elle participe aux difficiles négociations sur la lutte contre le réchauffement climatique, la nouvelle ministre de l’Écologie Nathalie Kosciuszko-Morizet a rapidement réagi en dénonçant «le regard très insuffisant et très tronqué sur ce qu’est le Grenelle de l’Environnement», et en rappelant que cette loi «n’est pas seulement un programme d’investissement mais aussi de transformation de l’économie et de la société». En 2020, selon la ministre, «l'économie mondiale aura fortement changé et c'est le Grenelle de l'environnement qui nous permettra d'avoir, à cette échéance-là encore, des avantages compétitifs» sur les marchés mondiaux. Est-il encore nécessaire de rappeler que, selon le rapport publié en 2006 par l’ancien vice-président de la Banque Mondiale Nicholas Stern, plutôt nous commencerons à baisser nos émissions de gaz à effet de serre, c’est-à-dire à décarbonner nos économies, moins cela nous coûtera cher à l’avenir?

La croissance économique française et sa compétitivité internationale sont trop fragiles pour être sacrifiées à des urgences électorales et des raisonnements économiques à courte vue.