L’eau des glaciers et la survie des communautés des hautes et moyennes montagnes

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque
06.12.2010

  • bassins situés en mi-altitude(攝影: / 大紀元)

Des spécialistes environnementaux constatant une accélération prématurée de la fonte des glaciers s’inquiètent des conséquences du réchauffement climatique. Ces fontes précoces engendrent un manque d’«or bleu» dans les plaines en périodes sèches. La capacité des régions n’est pas égale. Les glaciologues et les climatologues de l’Université d’Innsbruck, en Autriche, se sont intéressés à ce sujet.

Ils ont remarqué que tous les pays du monde n’étaient pas dépendants de la même manière de la fonte des eaux venant des glaciers. Le résultat de cette recherche a été divulgué dans la revue scientifique américaine PNAS qui publie les comptes rendus de l’Académie nationale des sciences.

Données établies à partir de l’inventaire mondial des glaciers

Les chercheurs actuels jouent la prudence suite au rapport 2007 du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) qui avait donné des résultats estimés peu fiables : les chiffres sur la disparition des glaciers de l’Himalaya annonçaient qu’ils «pourraient disparaître d’ici 2035, peut-être avant». Les experts de l’Université d’Innsbruck ont collecté des données hydrométriques précises, mettant en rapport le taux de précipitation des glaciers sélectionnés avec la période d'écoulement de ces eaux et la quantité émise sur les zones peuplées. Les bassins fluviaux choisis ont été ceux des glaciers de l'Himalaya, des Andes, des montagnes du Caucase, de la Sibérie, de l'Amérique du Nord et de la Nouvelle-Zélande. Les scientifiques ont ajusté leurs recherches aux données mondiales des températures et des précipitations établies par l’inventaire mondial des glaciers et par les rapports du GDEM (étude numérique des sols reçue par la NASA).

Les montagnes, des réservoirs vitaux

Dr Ben Marzeion de l'Institut de géographie de l'Université d'Innsbruck explique «qu’il y a de grandes différences dans l’écoulement des eaux venant du glacier, que ce soit en période de sécheresse ou en période de précipitation. En effet, l’eau libérée en période de sécheresse est bienvenue et utile; celle venant en période de mousson ou de précipitation dérange, elle arrive en surplus». Ainsi, les montagnes deviennent des réservoirs vitaux à la survie des plaines, nécessaires pendant les sécheresses d’été. Les chercheurs remarquent également que les régions qui connaissent de fortes précipitations en hiver sont favorisées. Elles deviennent des châteaux d’eau pour l’été.

L'intérêt de l'étude est d’arriver à comprendre clairement l’impact du changement climatique sur les ressources en eau des diverses contrées du monde, de connaître les vrais déficits et les lieux problématiques. L’étude sera utilisée par les experts pour mieux gérer les problèmes d’eau. «Il est assurément prévu que le développement climatique pourrait avoir des effets dévastateurs près de petites communautés des hautes montagnes», déclarent les chercheurs.

Une base d’étude utile aux experts

Les scientifiques démontrent dans leur rapport que les communautés des hautes montagnes sont fortement tributaires de la fonte des glaciers pour l'eau. La densité des populations de ces régions est assez faible. Les conséquences seront plus importantes dans les bassins situés en mi-altitude où la densité des populations est plus élevée, car la fonte des glaciers est indispensable à la survie des groupes. Le glaciologue et climatologue Georg Kaser a dit «qu’il est exagéré de prétendre que la fonte des glaciers menace l'approvisionnement en eau de deux milliards de personnes».

Ainsi, grâce à l’étude, les scientifiques peuvent attirer l’attention sur les différences régionales assez considérables en ce qui concerne le problème des ressources en eau pour l’avenir. Le professeur Kaser affirme «que cette approche de recherche simple donne d'importants arguments pour un débat un peu différent sur le climat. En regard du rapport publié par le GIEC, nos données peuvent être considérées comme la base d'estimations régionales plus précises et montrent que les conséquences du changement climatique attendues pourraient être plus importantes dans certaines régions que dans d'autres».

Les bassins d’Asie et l’Université d’Utrecht

D’autres études ciblées sont menées par les chercheurs de l'Université d'Utrecht. Ils se sont attardés dans leurs observations sur les principaux bassins d’Asie : une région de l'Himalaya va connaître une perte importante en termes de débit d'écoulement de la neige et d'eau de fonte, engendrant des conséquences importantes sur la vie de plus de 60 millions de personnes en Asie.

Ils annoncent que «les montagnes sont les châteaux d'eau de la planète, notamment en Asie, où tous les fleuves et rivières sont alimentés par le plateau tibétain et les chaînes de montagnes adjacentes». Ils ajoutent : «La neige et la glace constituent d'importants processus hydrologiques dans ces régions, et les changements au niveau de la température et des précipitations affecteront sérieusement les caractéristiques de la fonte.»

La fonte des eaux dans le bassin de l'Indus est primordiale

Dr Walter Immerzeel, un expert en géo informatique, en gestion des ressources en eau et en changement climatique de l'Université d'Utrecht et de Future Water, souligne les propos de l’étude en disant que «le rôle des eaux de fonte dans le bassin de l'Indus est plus important que dans n'importe quel autre bassin d'Asie» et que «la neige et la glace constituent d'importants processus hydrologiques dans ces régions, et les changements au niveau de la température et des précipitations affecteront sérieusement les caractéristiques de la fonte». «Le rôle des eaux de fonte dans le bassin de l'Indus est plus important que dans n'importe quel autre bassin d'Asie», expliquait l'auteur principal, Dr Walter Immerzeel. En effet, poursuivait-il, les sections asséchées de l'Indus, en aval, hébergent l'un des plus grands réseaux d'irrigation au monde et elles dépendent totalement des eaux de fonte.

Le professeur Marc Bierkens, président du département de géographie physique à l'Université d'Utrecht, arrive aux mêmes conclusions que les glaciologues et les climatologues de l’Université d’Innsbruck, disant que «le déclin glaciaire observé varie cependant grandement d'une région à une autre, et un certain degré d'incertitude persiste en ce qui concerne la vitesse du déclin».