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Les violations des droits attisent la crise sanitaire birmane

Écrit par James Burke, Epoch Times
06.12.2010
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  • Photo prise en août 2010, montrant un fermier birman montrant sa jeune fille et son fils attaints tous les deux de la malaria, dans un village dans le nord de l’état de Kachin en Birmanie. (STR/AFP/Getty Images)(Stringer: STR / 2010 AFP)

BANGKOK – La santé des civils, particulièrement celle des femmes et des enfants, dans les zones de conflit dans l'est de la Birmanie est dans un état terrible, selon un nouveau rapport publié le 19 octobre à Bangkok. Ayant fait un sondage dans 21 villages dans les zones de conflit, les chercheurs ont découvert que 40 % des enfants de moins de cinq ans étaient sévèrement malnutris, et qu’un enfant sur sept allait mourir avant d'atteindre cet âge. Conduite par un réseau d'organisations communautaires, l'enquête – dont le titre du rapport est Diagnosis : Critical – indique que la crise sanitaire chronique observée dans l'est de la Birmanie est le résultat d'un désinvestissement gouvernemental dans la santé, d'un conflit prolongé et de violations des droits de l'homme répandues.

« Dans l'est de la Birmanie, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans est comparable aux zones de conflit du Soudan et de la République démocratique du Congo », indique Nai Aye Lwin du Backpack Health Worker Team, qui vient en aide aux communautés en Birmanie.

« Nous avons découvert que 60 % de la mortalité chez les enfants de moins de cinq ans était causée par des maladies curables », explique-t-il.

« Notre enquête démontre un lien évident entre les violations des droits de l'homme et les indicateurs d'une santé déficiente chez les familles victimes de travail forcé : les enfants sont deux fois et demie plus enclins à mourir », ajoute Nai.

Le rapport mentionne aussi qu'une personne sur trois a été victime d'une forme de violation de ses droits par l'armée durant la dernière année. « Les groupes communautaires sont contraints par un manque de ressources et par des violations continuelles des droits de la personne par le régime militaire […] Afin de remédier de manière appropriée à la crise sanitaire dans l'est de la Birmanie, les violations doivent cesser », poursuit Nai. La Birmanie avait un excédent commercial de 2,5 milliards de dollars l'année dernière, selon Nai, mais la junte a seulement dépensé 1,8 % de son budget dans la santé, alors que 40 % est allé aux forces armées.

Les civils pris pour cible

Depuis l'accès à l'indépendance de la Birmanie face à la Grande-Bretagne en 1948, différents groupes ethniques dans l'est du pays ont demandé une plus grande autonomie, ce qui a provoqué des rébellions armées. Actuellement, des groupes armés dans l'est de la Birmanie, tels que l'Armée nationale de libération karen et l'Armée shan du sud, continuent à lutter contre la junte militaire qui contrôle le pays multiethnique depuis 1962. Pour faire face à ces groupes, la stratégie de l'armée birmane vise précisément les populations civiles, ce qui provoque des violations incessantes des droits de la personne.

Dr Cynthia Muang, qui possède une clinique de santé sur la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie et qui préside l'Association médicale birmane, affirme que la crise sanitaire s'est graduellement aggravée au cours de la dernière décennie.

« Il y a encore des violations répandues qui obligent les gens à fuir leurs domiciles, ou bien [l'armée] bloque l'accès aux soins de santé existant », souligne Dr Muang.

« Il y a des restrictions sur l'aide humanitaire, particulièrement l'aide humanitaire internationale, à certaines des communautés les plus touchées. »

Dans sa clinique de la ville frontalière de Mae Tao, Dr Muang fait remarquer que même si la frontière est fermée, les Birmans nécessitant des soins traversent durant la nuit. « Les gens trouvent encore un moyen, ils prennent le risque de venir en Thaïlande la nuit.» Les agents de santé communautaire, dit-elle, font de leur mieux pour prodiguer des soins, mais la situation est difficile en raison du conflit et du nombre élevé de personnes déplacées. Le nombre de Birmans habitant dans les camps de réfugiés en Thaïlande est estimé à 140.000, alors que 2 millions sont en Thaïlande comme travailleurs migrants (la plupart illégalement).

Déstabilisation

Dr Voravit Suwanvanichkij, un chercheur associé à la John Hopkins Bloomberg School of Public Health, estime que la crise sanitaire dans l'est de la Birmanie a des conséquences déstabilisatrices pour la région d'Asie du Sud-Est, et pour la Thaïlande plus particulièrement. « Nous parlons d'une frontière de 2.000 km, où moins de 5 % est bien démarqué […] donc ce n'est pas une barrière efficace contre les maladies infectieuses », mentionne Voravit.

Durant la dernière décennie, Dr Voravit affirme que 90 % des cas de malaria en Thaïlande se trouvaient le long de la frontière avec la Birmanie, de même que des cas d'autres maladies sous contrôle en Thaïlande, comme l'éléphantiasis. « Si cette situation se maintient et [qu'une forme] résistante de malaria se répand dans cette région et au-delà, ce sera une catastrophe », dit-il, ajoutant que si une épidémie majeure de type SRAS survenait, il sera difficile de la contenir dans cette région. « Si on ne se penche pas sur ces problèmes, la Thaïlande et la région devront payer le prix des échecs sanitaires de la Birmanie », estime Dr Voravit.

Le mois prochain, la junte militaire tiendra des élections nationales qui ne sont, selon les critiques, qu'une farce visant à asseoir davantage le pouvoir militaire.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.