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Le gouvernement afghan corrompu ternit la réputation du Canada, entend un comité parlementaire

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque
06.12.2010
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  • Une femme afghane et deux enfants(Stringer: MASSOUD HOSSAINI / 2008 AFP)

OTTAWA – Le Canada doit exiger davantage du gouvernement d'Hamid Karzaï, sinon les 152 Canadiens décédés en Afghanistan seront morts en vain. C'était le message essentiel transmis la semaine dernière aux députés du Sous-comité sur les droits de la personne.

Les réunions des comités parlementaires sont habituellement arides, et seulement une poignée d'observateurs non politiques y assistent. Cette fois, c'était différent.

Il y avait salle comble lorsque le pasteur Majed El Shafie a livré son témoignage explicite concernant son voyage du mois de juin en Afghanistan. Il a décrit les horreurs dont sont victimes les femmes et les enfants sous un gouvernement corrompu qui va de mal en pis.

Il a communiqué aux députés que ceux-ci devraient s'inquiéter de l'échec du Canada à faire avancer la situation des droits de la personne en Afghanistan, car cela ternit la réputation du Canada et rend inutile le sacrifice de nos soldats.

De nouvelles lois introduites par le gouvernement du président Karzaï tolèrent le viol et légalisent la violence conjugale, rapporte Majed El Shafie.

Durant son voyage, il était accompagné de spécialistes des droits de la personne et du député libéral Mario Silva. Sur place, il a rencontré des responsables afghans ainsi que des sources clandestines qui aident son organisation, One Free World International, à collecter des renseignements qui orientent ses programmes ensuite.

Il affirme que les mauvais traitements infligés aux femmes, notamment le mariage forcé et le mariage de mineures, sont le problème principal en Afghanistan.

«Le problème est que ceci est devenu partie intégrante de la culture.»

La situation s'est aggravée lorsqu'une nouvelle loi, qui donne le droit aux époux de laisser mourir de faim leurs épouses si elles refusent d'avoir des relations sexuelles à tous les quatre jours, est entrée en vigueur à l'été 2009.

«Je ne parle pas ici des talibans, dit-il, mais du gouvernement afghan actuel.»

Les hommes qui violent des femmes auxquelles ils ne sont pas mariés peuvent payer le prix du sang à leur victime afin d'éviter des poursuites, explique M. El Shafie. «Et ça, c'est selon la loi.»

Être suspendues la tête en bas et être battues jusqu'à ce qu'elles excrètent est un châtiment courant pour les femmes afghanes, poursuit-il.

Des murmures de dégoût ont surgi dans la salle lorsque M. El Shafie a décrit la pratique perverse de bacha bazi, où des jeunes garçons sont déguisés en filles et doivent danser pour un groupe d'hommes, après quoi ces derniers les violent plus tard dans la soirée. Certains garçons peuvent être violés par une dizaine d'hommes dans une soirée, explique M. El Shafie. «Ça se passe en Afghanistan en ce moment même.»

Cette pratique avait été bannie par les talibans, mais elle est depuis revenue en force et on ne fait rien pour l'empêcher. «Il y a une loi contre ça […] mais l'application de cette loi, c'est une autre histoire.»

Aussi, les minorités religieuses – particulièrement les chrétiens – sont persécutées, a-t-il ajouté

Il a raconté le récent cas de 25 Afghans qui avaient été baptisés à la télévision au mois de mai. Peu après, un politicien respecté du Parlement afghan a appelé à l'arrestation et à l'exécution des convertis.

Abdul Attar Khawasi, sous-secrétaire de la Chambre basse, a déclaré au Parlement : «Les Afghans qui ont paru dans cette vidéo devraient être exécutés en public.»

Le porte-parole du président Karzaï a secondé Khawasi et a ordonné au ministre de l'Intérieur et au chef du renseignement d'enquêter et «d'agir sans plus tarder afin d'empêcher ce genre de phénomène», indique un rapport d'El Shafie soumis au comité.

«Je suis arrivé au Canada il y a huit ans […] J'ai été torturé dans mon pays en Égypte. Je sais ce que ces 25 personnes traversent. J'ai encore mes cicatrices sous mon complet […] Je connais la torture et la persécution que ces gens subissent chaque jour.»

Tandis que les politiciens canadiens ont soulevé le mauvais traitement des détenus, très peu a été fait au sujet des horreurs dont sont victimes le commun des Afghans, commis par un gouvernement soutenu par le Canada, fait remarquer El Shafie.

Il affirme que les attitudes de la population envers le Canada et les forces de la coalition étaient positives au début de la guerre. Il y avait cette compréhension qu'il ne s'agissait pas d'une autre invasion soviétique, mais d'un effort visant à améliorer le sort du peuple afghan.

Cependant, après des années de guerre et des élections frauduleuses en septembre dernier, les attitudes ont commencé à changer. M. El Shafie mentionne que de nombreux Afghans perçoivent désormais que le Canada et les autres pays soutiennent un gouvernement corrompu qui ne fait rien pour stopper les violences contre les femmes et les enfants, et qui est contre la liberté de religion.

«Nous ne pouvons sacrifier des vies et dépenser de l'argent dans cet endroit sans demander des comptes sur l'avancement des droits de la personne.»

Majed El Shafie a remercié le comité d'avoir écouté son témoignage, et Mario Silva de l'avoir accompagné dans un dangereux voyage en Afghanistan. Il a demandé aux députés de faire davantage pour les droits de l'homme dans ce pays.

«Je sais que si nous échouons, nous laissons tomber le peuple afghan. Je sais que si nous échouons, nous laissons tomber les 152 soldats canadiens qui ont versé leur sang en Afghanistan pour la liberté [du peuple afghan].»

Version originale : Corrupt Afghan Government Sullying Canada’s Name, Committee Told

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