Le Massachusetts, berceau des États-Unis 2e partie

Écrit par Christiane Goor
08.12.2010

  • un musée vivant(攝影: / about this image please contact : Mahaux Photography Gelivaux 28 B-4877 OLNE BELGIUM http://www.charles@mahaux.com)

Une passion pour le retour aux sources

Boston et Harvard n’ont pas de secret pour les inconditionnels de la Nouvelle-Angleterre, mais la plongée dans l’histoire se prolonge au-delà de la capitale, dans des villes qui abritent des trésors inattendus. Au sud, Plymouth a immortalisé la pierre où les pèlerins auraient mis pied à terre. Cependant, le regard est davantage attiré par un voilier qui se veut une réplique grandeur nature du Mayflower. La visite du bateau, étonnamment petit avec ses 30 mètres de long, permet de mieux comprendre le courage, voire la folie, qui animait ces hommes et ces femmes à l’heure d’entreprendre un voyage aussi risqué qui devait durer 66 jours. Tout aussi impressionnant, le Plimoth Plantation, qui se veut une reconstitution fidèle de ce que fut la ville au XVIIe siècle. Côte à côte, se dressent un village wampanoag où d’authentiques Amérindiens vaquent à leurs occupations traditionnelles, à l’abri d’une vaste hutte de paille, et le village des pèlerins, un assemblage de cabanes en bois, coiffées de chaume et longées par des chemins de terre poussiéreux. Ici aussi, des figurants en costumes d’époque s’adonnent à des activités quotidiennes adaptées aux saisons et… au XVIIe siècle : cuire le pain, biner le potager, réparer les clôtures, couper du bois, tondre les moutons, traire les chèvres…

Au nord de Boston s’étire un littoral escarpé qui abrite des petits ports de pêche et une jolie station balnéaire, Rockport, très prisée par les artistes du début du siècle dernier, inspirés par les bateaux colorés amarrés au pied de petites maisons en bois, souvent construites sur pilotis. Toutefois, la localité la plus ensorcelante, à plus d’un titre, reste Salem. Bien connue pour les dramatiques procès de 1692 qui condamnèrent à mort une vingtaine de personnes accusées à tort de sorcellerie à cause du délire alimenté par les peurs superstitieuses de deux fillettes, la petite cité a tiré parti de son passé intolérant en multipliant les visites et les activités de loisirs qui font d’elle aujourd’hui la très populaire capitale de la sorcellerie. La ville abrite aussi un remarquable musée, le Peabody Essex, qui retrace près de trois siècles d’histoire de la Nouvelle-Angleterre. Les armateurs de Salem, enrichis par le commerce d’huile de baleine avec des pays aussi lointains que l’Inde ou la Russie, eurent l’idée de fonder ce musée pour mettre en exergue les trésors – que d’aucuns appelleraient les butins – qu’ils avaient ramenés de leurs expéditions maritimes. La pièce la plus inattendue est sans conteste l’authentique maison de la dynastie Qing, importée de Chine et intégralement reconstruite dans la cour du musée.

Rêves de plages à Cape Cod

La passion presque fanatique pour leur histoire n’a toutefois jamais empêché les habitants du Massachusetts de profiter des plaisirs dorés que leur offrent leurs plages, particulièrement celles de la presqu’île de Cape Cod, cet étrange bout de terre en forme de bras replié que tous les Américains vénèrent, comme s’il s’agissait d’un mythe. Il est vrai que tout concourt à susciter cette fascination à laquelle il est bien difficile de résister. Une route traverse l’étroite péninsule, d’un bout à l’autre et, pourtant, on ne voit pas l’étendue déserte de la mer, on entend à peine le roulement des vagues qui viennent lécher les plages sableuses, mais tout parle d’elle. Les mouettes et les cormorans qui sillonnent le ciel d’azur, les bateaux retournés quille en l’air dans les jardins, une végétation rabougrie de résineux et de buissons sauvages puis, partout, du sable, même sur la route où le vent dessine au gré de sa fantaisie de légers monticules vagabonds. Il faut quitter la voie principale à la recherche des paisibles petits ports pour découvrir, au-delà des cordons de dunes, l’immensité bleue de l’océan.

C’est ici que le légendaire clan Kennedy a établi ses quartiers, à Hyannis Port où le front de mer aligne d’immenses résidences blanches, bordées de plages dorées souvent inaccessibles. À l’écart de la route principale, le village de Chatham a su préserver l’atmosphère des petits ports de pêche de la Nouvelle-Angleterre où chaque jour, les pêcheurs débarquent des nasses lourdes de homards, de langoustes et de crabes. À la pointe nord du Cap, là où les vagues se brisent en éclaboussures d’écume le long des plages, la route s’achève à Provincetown, une minuscule bourgade insolite qui aligne ses maisonnettes de bois colorées, construites sur pilotis le long de la plage qui esquisse ici la forme d’un croissant. P-Town, comme l’appelle ses fans, se donne des allures de mondaine excentrique avec ses galeries d’art, ses bars branchés et ses restaurants chics. Festive comme nulle part ailleurs au Massachusetts, elle symbolise aussi la liberté de vivre, et ce n’est pas pour rien qu’on y croise des hédonistes de tout poil qui s’affichent sans complexe.

Collaboration spéciale

 

1ère partie

 3ème partie