Haïti devrait garder les rênes de sa reconstruction

Écrit par Cindy Drukier, La Grande Époque
01.02.2010
  • Les ministres des Affaires étrangères du Brésil, du Canada et des États-Unis à côté du premier ministre haïtien(Stringer: AFP / 2010 AFP)

La communauté internationale s’est réunie à Montréal la semaine dernière pour dresser une liste de choses à faire immédiatement en vue de la reconstruction massive d’Haïti sur le long terme.

Une promesse centrale, exprimée à plusieurs reprises durant la rencontre, est que le gouvernement haïtien soit en position de force dans les efforts de reconstruction, bien qu’il y ait une assistance internationale substantielle.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, hôte officiel de la Conférence ministérielle préparatoire sur Haïti, a déclaré en ouverture que pour lui et ses homologues, «la souveraineté d’Haïti et son indépendance sont au cœur de notre démarche.

«Votre rôle est prépondérant et votre voix se fait clairement entendre. Nous sommes entièrement disposés à vous aider», a fait part M. Cannon au premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, qui était à Montréal.

La secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a fait écho au message du Canada : «Il est important qu’on se considère comme des partenaires d’Haïti, et non comme des patrons.»

Les pays donateurs ont aussi promis d’aider Haïti sur le long terme, en s’engageant à prêter assistance pour les 10 prochaines années.

Un point final important que les participants de la rencontre vont suivre d’un commun accord lors de la reconstruction d’Haïti est de tenir une comptabilité sur comment et où les dons reçus sont dépensés, corrigeant ainsi des erreurs commises lors des efforts de secours déployés suite au tsunami de 2004.

Dans ces efforts, le Canada espère jouer un rôle central. Le premier ministre canadien, Stephen Harper, et son homologue haïtien se sont rencontrés en privé le jour précédant la rencontre à Montréal. C’était la deuxième fois qu’ils se rencontraient dernièrement. Le 15 décembre 2009, M. Bellerive était au Canada pour discuter du développement économique d’Haïti.

«La dernière fois [que nous nous sommes rencontrés], les défis que vous affrontiez étaient énormes. Cette fois, malheureusement, ils le sont encore davantage. Nous avons tous été témoins de la terrible catastrophe dans votre pays. La tâche qui vous attend est inimaginable», a déclaré M. Harper dans un communiqué de presse.

M. Bellerive a souligné qu’il était satisfait des pourparlers au Canada, qui sont tournés vers l’avenir : «Maintenant je suis fier avec beaucoup d’espoir, parce qu’on a surtout parlé de l’avenir, on a parlé d’appui, on a parlé des autres points économiques, on a parlé de normalisation de la vie en Haïti, une quinzaine de jours après le tremblement de terre.» Du même coup, M. Bellerive a senti le besoin de focaliser sur les besoins immédiats de son pays en informant que 200 000 tentes étaient nécessaires de toute urgence.

Le FMI enlève le fardeau des intérêts

La rencontre qui avait été organisée en peu de temps, et qui a eu lieu avant celle prévue à New York en mars, était composée également de plusieurs organisations internationales et ONG, dont les Nations Unies, la Banque mondiale, l’Organisation des États américains et la Banque interaméricaine de développement.

Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé qu’Haïti serait exonéré du paiement de sa dette actuelle et que le prêt d’urgence donné la semaine dernière serait sans intérêt et le remboursement se ferait après les cinq prochaines années. Le nouveau prêt serait aussi exempt de toutes conditions, a déclaré Caroline Atkinson, directrice du département des relations extérieures du FMI.

«Nous devons nous assurer que l’aide n’écrase pas nos efforts pour le redémarrage du secteur privé», a laissé savoir Mme Atkinson.

Dans le moyen terme, elle a ajouté que le FMI réévaluera la dette d’Haïti à la lumière de la catastrophe, des dommages et de l’économie, ainsi qu’aux besoins assez considérables en matière de financement.

«À ce stade, la communauté internationale doit être prête à fournir un allègement de la dette dans son ensemble», a souligné Mme Atkinson.

Elle a aussi mis en garde que l’aide à Haïti ne devrait pas détourner l’aide apportée aux autres pays pauvres. Tandis que les fouilles et les efforts de secours ont été officiellement arrêtés, le nombre de décès à Haïti est encore loin d’être fixé.

Selon les indications à l’AFP de la ministre haïtienne des Communications, Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, il faut maintenant s’attendre que le nombre de corps retrouvés dépasse 150 000, et il est à craindre que 200 000 autres seraient morts dans les décombres.