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La Fondation Vicente Ferrer nominée au prix Nobel de la paix

Écrit par Andréane Morlange, SOH
14.02.2010
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  • Vicente Ferrer, a travaillé pendant cinquante cinq ans en Inde pour aider les plus démunis, il est mort le 19 juin 2009 à l'âge de 89 ans dans sa maison à Anantapur dans l'état du sud d'Andhra Pradesh. AFP PHOTO/ VICENTE FERRER(-: HO / ImageForum)

La Fondation Vicente Ferrer œuvre dans un des États les plus pauvres de l’Inde, l’Andhra Pradesh, situé au sud-est du pays. Elle a été créée par Vicente Ferrer.

Qui est Vicente Ferrer?

Vincente Ferrer est né à Barcelone, en Espagne, en 1920. Après avoir connu les camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale, il entre chez les Jésuites pour aider les autres . En1952, il arrive en Inde en tant que missionnaire auprès des pauvres.

Sa première association est créée en 1958, au nord de Bombay. La vie dans les campagnes est très difficile et beaucoup de paysans ne songent qu’à partir rejoindre les villes. Vicente Ferrer les encourage à rester sur leurs terres, à creuser des puits et leur donne des pompes à eau. Il passe un marché avec eux en les payant avec du blé et de l’huile; 3000 puits seront ainsi construits.

Son action n’a pas toujours été du goût des autorités indiennes et il est expulsé en 1968. Mais plus de 30 000 agriculteurs, des intellectuels, des politiciens et des chefs religieux entreprennent une marche de 250 km pour protester contre son expulsion. C’est Indira Gandhi, alors premier ministre, qui reconnaît son travail et lui demande de revenir en Inde en 1969.

Il rejoint alors l’Andhra Pradesh, un des États les plus pauvres de l’Inde où la santé et l’éducation sont inexistantes. Il arrive plus précisément dans la communauté d’Anantapur. Et là, commence la mission qu’il va suivre jusqu’à la fin de sa vie en juin 2009.

Il travaille à nouveau sur l’irrigation dans cette zone désertique complètement stérile. Il met sur pied un système de travail coopératif appelé «lien fraternel» dans lequel on aide un paysan à creuser son propre puits en lui fournissant le matériel et la nourriture pour toute la durée des travaux et, quand le paysan a terminé son puits, il aide un autre à faire la même chose.

 

Il quitte l’ordre des Jésuites en 1970 et épouse Annie Perry, une journaliste anglaise qui est toujours restée à ses côtés.

La Fondation Vincent Ferrer

C’est une ONG qui regroupe actuellement 1900 collaborateurs dont 99 % proviennent de l’État d’Andhra Pradesh. Sa mission est d’améliorer les conditions de vie de certaines communautés indiennes souffrant de discrimination comme des dalits, ou intouchables, les tribus et les basses castes.

Dans la charte de l’ONG, on peut y lire : réduire l’extrême pauvreté en Inde avec une philosophie de travail basée sur l’action, sur la capacité d’action et le potentiel des populations, sur leur participation active, sur le respect de la culture et des coutumes, sur une gestion transparente et un engagement de permanence.

Les grands axes de la Fondation Vicente Ferrer

L’éducation : c’est la pierre angulaire du développement et la première étape dans la lutte contre la discrimination. Le programme d'éducation de la Fondation a commencé en 1978 avec une campagne de sensibilisation sur l'importance de la scolarisation. Mille cinq cents écoles ont été construites, où 100% des enfants dalits sont inscrits en primaire et au collège. Les enfants reçoivent des fournitures scolaires, des uniformes et 800 roupies. La Fondation a aussi aidé 900 élèves à rentrer à l’université ou dans des cours professionnels supérieurs. Une idée intéressante a été de créer des «écoles pont», qui accueillent des jeunes filles ayant dû quitter l’école très tôt, pour leur permettre de reprendre leurs études. Un autre volet est l’enseignement agricole dispensé chaque année à des agriculteurs par des spécialistes.

La santé : C’est un point crucial, car d’une part les agriculteurs ne peuvent se passer des revenus par une journée de travail. S’ils sont malades, ils doivent travailler et n’ont pas les moyens d’aller chez un médecin. Ainsi, quatorze dispensaires ont été créés, cinq hôpitaux et des centres de soins spécialisés qui fonctionnent avec des agents de santé locaux en plus du personnel médical. Y sont notamment traités les problèmes de malnutrition. De grandes campagnes de vaccination sont menées contre l’hépatite, la poliomyélite ou la tuberculose. Une place est aussi accordée à la qualité de l’eau dans le puits et les canalisations. On sait que l’eau contaminée est l’un des premiers facteurs de mortalité infantile.

L’écologie : dans cette région à faible et irrégulière pluviométrie, 80 % de la population dépend de l’agriculture. La sécheresse a des effets désastreux, d’où un programme ambitieux de préservation des sols contre l’érosion causée par les pluies de mousson, de reboisement, des techniques d’irrigation au goutte à goutte, un choix de cultures adaptées au climat comme le jujube ou la grenade, la mise en place de panneaux solaires. Des vaches ont aussi été distribuées. Outre le fait de produire un revenu régulier, les bouses sont utilisées comme combustible dans des centrales de production de biogaz qui alimente les cuisinières dans les familles.

La femme : c’est un volet important dans l’ONG, car la femme indienne est le pilier de l’économie familiale et la gardienne des traditions et des valeurs, sans toutefois être reconnue. Des shangam ont été créés, c'est-à-dire des groupes de quinze à vingt femmes qui se soutiennent mutuellement et disposent de 500 à 1500 euros au départ pour leur permettre ensuite d’acquérir une certaine indépendance économique. Des cours de couture, de fabrication d’encens ou de reliure de livres leur sont également dispensés, leur permettant de compléter les revenus mensuels.

La lutte contre l’exclusion : les communautés pauvres dans l'Andhra Pradesh, les dalits, les basses castes sont contraints de vivre souvent dans des habitats précaires et insalubres. La Fondation a donc entamé un programme de construction afin de donner à chaque famille un logement décent. Ce sont de petites maisons de deux pièces bâties avec des matériaux de la région et offrant un coin toilette. Des maisons sont prévues pour les handicapés.

La prise en charge des handicapés

Dans ces régions pauvres, on rencontre beaucoup d’handicapés. Outre l’accès à des soins adaptés, à la fourniture de prothèses, de béquilles, etc., la mission est d’intégrer les handicapés au maximum, en leur ouvrant des écoles spécialisées, leur permettant ainsi d’acquérir un métier. Comme pour les femmes, des shangham sont créés.

Fondation

La Fondation s’est ouverte au commerce solidaire. Ainsi, 150 femmes handicapées fabriquent des produits en jute et en papier mâché, de la broderie, des bijoux, et reçoivent un salaire. Les produits utilisés sont locaux et naturels, ils sont vendus sans intermédiaires. Les profits sont réinvestis dans les projets. Ces produits sont commercialisés sous la marque «Collaboration Active» que l’on peut trouver notamment sur le site www.camisetasolidaria.com mais aussi dans plusieurs boutiques en Espagne.

Résultat

La Fondation vient en aide à plus de 120 000 enfants, 60 000 femmes et 16 000 handicapés, dans l’État l’Andhra Pradesh.

Vicente Ferrer est considéré en Espagne comme Mère Térésa l’est dans le monde. Il avait reçu, en 1998, la plus prestigieuse des distinctions espagnoles, le prix Prince des Asturies de la Concorde. Au moins 150 000 Espagnols soutiennent sa Fondation et lui versent chaque année plus de 40 millions d'euros de dons. À ce propos d’ailleurs, pratiquement toutes les ressources de la Fondation Vicente Ferrer proviennent de fonds privés et plus de 90 % sont affectés aux divers projets.

Il était en fait aussi vénéré en Espagne qu’il l’était en Inde. Voilà pourquoi la Fondation Vicente Ferrer est nominée pour le prix Nobel de la paix 2010.

On terminera en citant ce grand humaniste : «Je suis persuadé que pas la moindre bonne action ne se perd dans ce monde. À certains endroits, elles resteront à tout jamais

Informations tirées du site de la Fondation Vicente Ferrer.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.