La science du climat sous enquête

Écrit par Stephen Jones, La Grande Époque
14.02.2010
  • Le mont Everest, aperçu à partir du plateau de Kalapattar.(Stringer: PRAKASH MATHEMA / 2009 AFP)

LONDRES – La théorie selon laquelle les changements climatiques sont causés par l'activité humaine va être réévaluée, alors que l'université au cœur de la controverse du Climategate au Royaume-Uni a fait la promesse d'approfondir son enquête sur cette affaire.

Les découvertes des chercheurs du Climatic Research Unit (CRU) de la University of East Anglia (UEA) ont été remises en question après qu'une fuite de courriels, échangés entre des scientifiques, a révélé que des données ont peut-être été manipulées afin de défendre un certain point de vue.

Les révélations sont venues quelque peu affecter la crédibilité de la science du climat.

Elles sont aussi arrivées à un moment où il a été découvert que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de l'ONU avait diffusé une information erronée quant au rythme de la fonte des glaciers himalayens.

L'UEA a indiqué qu'elle élargirait son enquête actuelle sur la fuite de courriels afin de préparer une évaluation plus complète des trouvailles du centre de recherche.

L'enquête sera menée avec l'aide de l'académie scientifique nationale du Royaume-Uni, la Royal Society.

L'élargissement de l'enquête pourrait signaler que les dirigeants de l'université estiment que la crédibilité de la science du climat a été ternie aux yeux du public.

«Les articles publiés par le CRU ont été soumis à un processus rigoureux et intensif d'évaluation par les pairs, ce qui est une clé de voûte pour conserver l'intégrité de la recherche scientifique», affirme Trevor Davies, pro-vice-chancelier de l'UEA.

«Nous croyons qu'il est dans l'intérêt de tous ceux concernés qu'il y ait une évaluation supplémentaire concernant la science elle-même», a-t-il ajouté.

Un climatologue américain, Michael Mann, qui échangeait régulièrement des courriels avec ses collègues de l'UEA, a été blanchi de trois allégations dernièrement dans une enquête menée par la Penn State University.

Les allégations incluaient la falsification de données, la dissimulation d'information et le mauvais usage d'information confidentielle. Cependant, il a été jugé qu'une quatrième allégation – l'atteinte aux standards académiques – devait faire l'objet d'une enquête plus approfondie.

Lord Rees of Ludlow, le président de la Royal Society, a affirmé au quotidien britannique Times qu'il aiderait l'UEA à choisir un groupe d'experts pour mener l'enquête concernant le CRU.

«Il est important que le public ait une confiance extrême dans la science des changements climatiques», a-t-il indiqué. «Lorsque des doutes légitimes surviennent concernant une certaine science, ils doivent faire l'objet d'une enquête – la science fonctionne ainsi.»