La crise énergétique ne se résorbe pas au Venezuela

Écrit par Andres Cordova, La Grande Époque
16.02.2010
  • Une femme descend les marches, briquet à la main, dans un édifice public de Caracas(Staff: JUAN BARRETO / 2008 AFP)

La compagnie d'électricité demande aux employés d'implorer Dieu

CARACAS – La semaine dernière, le Venezuela a décrété l'état d'urgence énergétique dans tout le pays. Le niveau de l'eau au barrage de Guri, qui fournit 70 % des besoins en électricité du pays, est dangereusement bas. Dix-sept mètres plus bas et le pays serait plongé dans le noir. Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a déclaré à plusieurs reprises que le niveau de l'eau descendait de 13 cm par jour, annonçant une crise imminente.

Le conseil d'administration d'Edelca, la nouvelle compagnie d'électricité nationalisée, principalement responsable de la production hydroélectrique du pays, a demandé à ses employés de se tourner vers Dieu pour résoudre la crise énergétique actuelle.

«Ce vendredi 12 février, entre 15 h et 16 h, implorez Dieu pour le secteur national de l'électricité», indique un communiqué de la compagnie.

«Le président a mentionné que plusieurs centrales électriques seront ouvertes au mois de juin.

Il a ajouté qu’il y aurait aussi 600 mégawatts d'électricité [additionnelle] avec des centrales à Falcon, Apure, Portuguesa, Barinas, sans dire au pays que le déficit actuel est en fait de 1600 mégawatts», a déclaré en conférence de presse un politicien de l'opposition, Eliodoro Quintero.

Des mesures nationales d'urgence incluent le rationnement de l'électricité dans tout le pays, sauf à Caracas. Dans la capitale, tous les habitants doivent réduire leur consommation d'électricité sous les 500 kWh, sinon ils sont passibles d'amende. Ils doivent alors payer 100 % du prix qu'ils paient déjà pour le service. Il a été annoncé que quiconque augmente sa consommation de plus de 10 % recevra une amende proportionnelle.

Avec la récente montée de l'inflation et la dévaluation de la monnaie, les conditions au Venezuela se détériorent rapidement. L'agitation sociale augmente et les gens s'appauvrissent. Les prix de certains produits ont augmenté de 100 % et il y a une pénurie de denrées essentielles dans les marchés. Plusieurs régions sont également affectées par des pénuries d'essence, alors que le pays est un exportateur de pétrole.

De grands pans de la population peinent déjà à se procurer les biens et les services essentiels, alors les menaces d'amende sont inquiétantes. Pour les habitants de Caracas, des mesures extrêmes doivent être prises afin de réduire la consommation d'électricité au minimum, ce qui signifie vivre dans le noir dans certains endroits.

Puisque les panneaux publicitaires et les néons doivent être éteints la nuit, plusieurs personnes craignent de sortir en raison de la criminalité.

Dans la région métropolitaine, les commerçants doivent réduire leur consommation d'énergie de 20 %, sinon ils font face à des coupures d'électricité d'au moins 24 heures.

Avec l'augmentation de l'agitation populaire, les membres de l'opposition se font également entendre. «En 2001, le président était déjà au courant [de cette crise qui s'en venait]. Il aurait été possible d'investir dans le réseau électrique. Les Vénézuéliens devront maintenant assumer de plus grandes responsabilités. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a une responsabilité et le gouvernement doit être honnête envers la population», a déclaré à la télévision Gustavo Roja, un politicien de l'opposition.

La population est préoccupée et se sent désespérée face à la perspective d'une panne. Les autorités ont indiqué que le problème serait réglé rapidement et ont instauré des mesures drastiques pour rationner l'électricité.

Bien que ces mesures soient appliquées, les Vénézuéliens se demandent si la crise est prise au sérieux par le gouvernement. Alors que ces lignes étaient écrites, Hugo Chavez participait à un match de balle-molle dans un stade tout éclairé sur la base militaire de Fuerte Tiuna, à Caracas.