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La justice kazakhe à cheval sur la liberté de la presse

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque
22.02.2010
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  • Le ministre des Affaires étrangères kazakh Kanat Saudabaïev. (SAMUEL KUBANI/AFP/Getty Images)(Staff: SAMUEL KUBANI / 2010 AFP)

Un tribunal kazakh a rejeté un arrêté qui interdisait aux médias de publier des critiques du beau-fils du président Noursoultan Nazarbaïev. La Cour d’Almaty rejette également les plaintes pour diffamation déposées par Timour Koulibaïev contre trois journaux qui avaient relayé les accusations de corruption formulées à son encontre.

Un banquier en fuite, Mukhtar Ablyazov, avait en effet récemment affirmé dans les colonnes de ces journaux que M. Koulibaïev avait reçu des dessous de table de plusieurs dizaines de millions de dollars lors d’un accord avec la Chinese National Petroleum Corp. Accusation gênante pour M. Koulibaïev, cadre dirigeant de plusieurs entreprises kazakhes du domaine de l’énergie et mari de la seconde fille du président Nazarbaïev. L’homme d’affaires est un des personnages les plus puissants du Kazakhstan et le successeur annoncé au pouvoir de M. Nazarbaïev, 69 ans.

Cette décision de justice suit de près les critiques sévères émises par l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe), dont le Kazakhstan assume la présidence tournante en 2010. «Tuer le porteur de mauvaises nouvelles est une vieille habitude des autocraties», indiquait Miklos Haraszti, représentant de l’OSCE pour la liberté de la presse. «Pour exercer librement leur droit d’information, les médias ne doivent pas être tenus pour responsables de la publication de déclarations faites par des sources identifiées» Dans tous ces cas, conclut M. Harazti cité par Reuters, «des plaignants de haut niveau cherchent à punir les médias d’avoir fait leur travail de base – informer le public de questions publiques.»

Igor Vinyavski, dont le journal était poursuivi, se dit satisfait de la décision. «La raison semble avoir prévalu», a-t-il déclaré à l’AFP.

La cour qui a, mardi 8 février, annulé l’interdiction faite aux journaux de publier tout article ternissant la réputation de M. Koulibaïev, s’est appuyée sur le fait que l’homme d’affaires «n’a pas cherché à trouver un accord [avec les médias] avant de se présenter devant la justice.» 

Une décision rassurante pour l’OSCE

Le Kazakhstan, premier pays musulman et première ancienne république soviétique à assumer la présidence des 56 pays de l’OSCE, a pris son poste en janvier en indiquant vouloir mettre l’accent sur la sécurité internationale plutôt que sur la démocratie. Pour les groupes de défense des droits de l’homme, l’absence de liberté d’expression dans le pays aurait dû lui interdire de présider l’organisation. Officiellement chargée d’assurer la sécurité d’une région géographique s’étendant de Vancouver à Vladivostok, l’OSCE doit assumer des missions dans les «domaines de l’alerte précoce, de la prévention des conflits, de la gestion des crises et du relèvement post-conflit.» Interrogé par le site de géopolitique Foreign Policy, le ministre des Affaires étrangères kazakh Kanat Saudabaïev a dit mettre en priorité de sa présidence de l’OSCE l’organisation d’un nouveau sommet de l’OSCE sur la sécurité internationale, qui sera le premier de l’organisation depuis celui d’Istanbul en 1999. Sujet premier, l’Afghanistan, car «sans stabilité en Afghanistan, nous ne pourrons commencer à parler de stabilité, non seulement en Asie Centrale, mais dans toute la zone de l’OSCE.» Mais le Kazakhstan est aussi attendu au tournant par la Turquie, l’Azerbaidjan et l’Arménie sur la question du Haut Karabakh, point-clé de la stabilité au Sud-Caucase. Sans doute aussi un peu par Reporters sans frontières, qui l’a classé 142e sur 175 dans son classement de la liberté de la presse 2009.

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