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Les Olympiques: opportunité et controverse pour les Premières Nations

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque
22.02.2010
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  • Les peuples autochtones ont eu une place prépondérante à la cérémonie d'ouverture des Jeux de Vancouver(Staff: LEON NEAL / 2010 AFP)

VANCOUVER – D'un logo s'apparentant à l'inukshuk des peuples du Nord au point focal de la cérémonie d'ouverture, des thématiques indigènes aux médailles olympiques, il est indéniable que la culture autochtone a laissé sa marque sur les Jeux de Vancouver.

Mais la controverse persiste quant à savoir si l'inclusion de cette symbolique autochtone est simplement un coup de propagande pour donner l'impression que les Jeux «sont approuvés par les Premières Nations» ou s'il s'agit vraiment d'une coopération sincère de ces dernières avec le Comité d'organisation (COVAN).

Certains critiques, dont le mouvement anti-Olympiques radical regroupé sous la bannière No Olympics on Stolen Land (Pas d'Olympiques sur les terres volées), accusent les organisateurs d'exploiter la culture autochtone.

Selon eux, les «collaborateurs autochtones» avides et ceux qui «ignorent» que les Jeux profitent aux multinationales sont la raison pour laquelle les Premières Nations de la région se sont ralliées derrière les Olympiques.

Plus précisément, ils accusent les quatre Premières Nations hôtes (Lil'wat, Musqueam, Squamish et Tseil-Waututh) d'être sous l'influence des conseils de bande qui seraient les marionnettes du gouvernement fédéral. Tous les sites olympiques sont situés sur les territoires ancestraux de ces quatre Premières Nations.

«On doit se rappeler que les conseils de bande ont été imposés par le gouvernement dans le but de contrôler et d’assimiler les autochtones. Ils ne jouissent pas de l'appui populaire et existent seulement en raison du financement gouvernemental», indique un site web du mouvement anti-Olympiques, www.No2010.com.

Les premiers jours des Jeux, des manifestants ont causé du grabuge dans les rues de Vancouver, s'attaquant notamment à la vitrine d'un magasin La Baie et posant du barbelé dans la rue pour détourner le parcours de la flamme. Certains groupes anti-Olympiques se sont distancés de ces tactiques, tandis que les sympathisants du «No 2010» les ont défendues.

Les «terres volées» se réfèrent au fait que tous les évènements ont lieu sur des territoires autochtones non cédés, puisque la Colombie-Britannique n'a pas conclu de traité pour transférer la propriété des terres des autochtones à la Couronne britannique.

Tewanee Joseph, directeur exécutif des quatre Premières Nations hôtes, estime que les Jeux marquent un nouveau début dans les relations entre les peuples autochtones et les différents paliers de gouvernement au Canada. Il s'offusque aussi lorsque des communautés d'ailleurs critiquent les Olympiques au nom des Premières Nations que son organisation représente.

«C'est sur des terres non cédées, il n'y a pas de traité dans cette région. Il y a eu très peu de traités en Colombie-Britannique, mais du même coup nous avons un profond respect pour les territoires des autres Premières Nations – jamais nous n'irions ailleurs dans ce pays pour parler en leur nom», explique-t-il.

«Donc, lorsque des gens clament “Pas d'Olympiques sur les terres autochtones volées”, je réponds que personne ne devrait parler en notre nom. Nous sommes prêts, aptes et disposés à le faire. Depuis trop longtemps des gens sont venus en essayant de nous représenter.»

Il ajoute que l'histoire du Canada est honteuse en ce qui concerne le traitement des autochtones et ceci découle du fait qu'on a privé les Premières Nations de leur propre voix.

«Ce sont nos territoires et nous l'exprimons vigoureusement.»

Alors qu'il est normal que ces questions soient débattues dans une démocratie, M. Joseph croit que cela devrait se faire dans le respect.

Que ce soit une marque d'exploitation ou de coopération, les Olympiques ont placé l'iconographie autochtone au cœur de son branding.

Tout d'abord, le logo ressemble à l'inukshuk, bien qu'il ne soit pas relié aux Premières Nations de la région. Cette borne en pierres est utilisée par les peuples du Nord depuis des siècles.

La cérémonie d'ouverture est allée plus loin en incorporant les quatre Premières Nations hôtes. Alors que des danseurs traditionnels ont occupé le centre du stade, les spectateurs et les athlètes étaient accueillis par chacune des nations.

Et dans un geste sans précédent, les chefs des quatre Premières Nations hôtes se sont fait accorder le statut de chef d'État pour la cérémonie d'ouverture.

Les médailles remises aux athlètes sont également frappées de motifs basés sur l'art autochtone et des haut-parleurs placés dans les arbres au Parc olympique de Whistler diffusent un message de la nation Lil'wat qui souhaite la bienvenue aux visiteurs sur son territoire.

Pour M. Joseph, il s'agit plus que d'un effort de branding. Il est convaincu que le rôle joué par les Premières Nations dans ces Jeux marquera une percée dans les relations entre les gouvernements autochtones et les différents paliers de gouvernement. Il dit être très fier des résultats à ce jour dans cette nouvelle relation.

D'après lui, les Jeux ont impliqué plus de 100 entreprises autochtones, générant 57 millions de dollars.

«Il s'agit d'un vrai partenariat et nous croyons que le visage du Canada en sera transformé», poursuit-il.

D'autres leaders dans les communautés autochtones sont moins enthousiastes à propos des Olympiques, mais ils prennent note des retombées positives.

Mike Dangeli, cofondateur d'un groupe de danseurs traditionnels appelé les Git Hayetsk Dancers, a été invité à se produire à plusieurs reprises par le COVAN et d'autres entités reliées aux Jeux, mais il a décliné.

M. Dangeli affirme que le COVAN a souvent manqué de respect envers l'intégrité des traditions qu'on lui demandait de démontrer et il avait l'impression parfois qu'on essayait d'utiliser son groupe comme des «accessoires».

Bien qu'il se soit senti brimé par l'attitude cavalière du COVAN vis-à-vis les traditions autochtones, il estime que les quatre Premières Nations hôtes ont travaillé fort et ont accompli beaucoup avec leur implication dans les Jeux. Selon lui, le plus important était peut-être de faire que le gouvernement reconnaisse sur une scène internationale que ces territoires traditionnels appartiennent aux nations respectives.

Quiconque qualifie les quatre Premières Nations hôtes d'«Indiens de service» manque de respect et sème la division, affirme-t-il.

«Ce genre de commentaire vise à susciter une réponse émotive de colère ou de frustration et c'est laid. Ça oppose les peuples autochtones les uns contre les autres et c'est vraiment contre-productif.»

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