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Carnaval aux Antilles-Guyane: Vive le Carnaval!

Écrit par Jade Renata et Frédérique Privat, La Grande Époque Guyane
24.02.2010
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  • u00abGrande Parade de Kourou 2010: la reine du groupe Wanted est entourée du peuple de la mer!» (photos LGE)(攝影: / COPYRIGHT, 2007)

D’origine religieuse, le carnaval devait permettre aux Chrétiens de faire la fête et de manger de la viande une dernière fois avant d’entamer les quarante jours de carême synonymes de privation. De nos jours, le goût très prononcé des Antillais pour la fête a transformé cet événement en une grande fête véritablement populaire et complètement gratuite.

Le carnaval que nous connaissons aujourd’hui est désigné comme un temps de réjouissance profane qui dure de l’Épiphanie au mercredi des cendres.

Historique du carnaval

Le carnaval est une tradition très attendue chaque année. À l’époque, le carnaval était interdit aux esclaves, mais l’on ne peut interdire des rires, des danses etc. Les esclaves voyaient en cette fête l’occasion de se défouler, mais aussi par leurs déguisements de se moquer de leurs maîtres. Les colons craignaient avec raison ces soirées de fêtes, mais rien n’y faisait, l’esprit du carnaval était là. Ce carnaval est l’un des plus longs. Si le carnaval est riche de traditions, celles-ci ne sont ni exclusives, ni sclérosées. À côté des costumes traditionnels fleurissent les inventions du carnaval moderne. Des costumes nouveaux dont certains font plus référence au monde des médias qu’à l’histoire du pays. Les instruments de musique sont réalisés avec des objets de récupération (bouteilles, bidons de viande salée en plastique de taille différente frappés avec un bâton à l’extrémité rembourrée de tissu et de caoutchouc, calebasse pour le chacha garnie de graines de réglisse, bois-bambou, conques de lambi, etc.), L’important c’est l’esprit du carnaval et cet esprit se retrouve dans tous les groupes et au-delà, dans toute la société.

Chaque dimanche des défilés ont lieu. À l’époque, les garçons se déguisaient et portaient des masques (appelés communément mass), qu’ils fabriquaient. Leurs costumes étaient faits de vieux vêtements récupérés et transformés, et ils défilaient ainsi dans les rues. On entendait au loin le son des tambours et des sifflets, et la plupart des enfants se cachaient et surveillaient à travers les volets l’évolution du défilé. Ils arrivaient en dansant sous les fenêtres et balcons, et faisaient claquer leurs fouets intimidants. Quelques pièces de monnaie jetées par les spectateurs les récompensaient pour leurs efforts, c’était un carnaval très populaire.

Les quatre derniers jours du carnaval appelés les Jours gras : Dimanche gras, Lundi gras, Mardi gras et Mercredi des Cendres, sont les plus chauds, c’est l’heure des grands vidés (défilés) où la joie explose dans toutes les communes comme Pointe-à-Pitre, Basse-Terre pour la Guadeloupe, Fort-de-France et Lamentin pour la Martinique, Kourou et Cayenne en Guyane.  La vie économique fonctionne alors au ralenti, les jeunes et moins jeunes, petits et grands, tout le monde descend dans la rue. Aujourd’hui, le carnaval est une fête unique qui rassemble les Guadeloupéens, les Martiniquais, les Guyanais et les touristes. Le créole se mélange au français.

  • u00abGrande Parade de Kourou: de plus en plus de groupes choisissent des thèmes en rapport avec l’écologie; ici, ce sont des matériaux recyclables (bouteilles en plastique, sachets poubelle…) qui forment les costumes» (photos LGE)(攝影: / COPYRIGHT, 2007)

Les défilés

Les enfants: Le Lundi gras les enfants des écoles se déguisent et défilent dans les rues pour leur plus grande joie.

Le Mardi gras: Le mardi gras très tôt le matin (cinq heures) c’est le vidé en pyjama, l’après-midi c’est le grand défilé, tous les groupes déployant leurs magnifiques costumes envahissent les rues en chantant et dansant au son des tambours, de musique chaude, qui donne à la foule une envie de se mêler à ces groupes.

Le dimanche précédant le Mercredi des Cendres, vous pourrez assister aux concours du plus beau groupe, de la plus belle danse, du plus beau chant, et à l’élection de la Reine du Carnaval.

Le Mercredi des Cendres: C’est la célébration de la mort de Vaval représenté par une grande marionnette, ce jour là, les groupes défilent en noir et blanc et célèbrent ses obsèques en défilant une dernière fois dans les rues et brûlant Vaval en éparpillant ses cendres.

Pendant le Carnaval nous pouvons voir tous les marchands ambulants le long des rues proposer différentes spécialités comme le sorbet au coco, le sino bol, des pistaches, du jus etc.

Le jeudi la vie reprend alors son cours normal, mais le cœur de chacun bat encore au rythme des tambours, et l’on pense déjà au Carnaval de l’année suivante.

Le jeudi de la Mi-Carême: Entre le Carnaval et Pâques c’est une journée de répit pendant le carême, les groupes défilent en rouge et noir.

Le groupe Wanted en Guyane

Nous sommes donc allées à la rencontre de l’un des ces groupes en Guyane, Wanted, l’un des plus populaires à Kourou. Le président de Wanted, Marc Berthier, s’est prêté au jeu de la découverte des coulisses d’une parade.

Peut-on dire que Wanted est le groupe le plus renommé de Guyane ?

Non, le groupe le plus renommé est Manaré, une formation de Cayenne. Il faut savoir qu’avant le carnaval était centralisé sur Cayenne. D’ailleurs, on appelait cette parade de Cayenne, la parade de Guyane. Cela fait onze ans que la ville de Kourou organise sa propre parade. Actuellement, la parade de Cayenne se déroule le dernier dimanche de carnaval tandis que celle de Kourou se passe un dimanche avant.

  • u00abDes u2018Touloulous’ des rues: ces femmes, couvertes des pieds à la tête, constituent l’une des traditions carnavalesques de la Guyane» (photos LGE)(攝影: / COPYRIGHT, 2007)

Quelles sont les clés de votre succès ?

C’est avant tout le travail, afin d’être prêt le jour J. Le carnaval est une fête, où l’on s’amuse tout en respectant les autres. Et je pense que Wanted a su faire passer le message.

Le groupe Wanted semble tenir à ce concept du beau. Qu’en pensez-vous ?

Nous avons un créateur, qui fait aussi partie du groupe. Ce créateur qui est moitié guyanais moitié brésilien, habite à Saint-Georges à la frontière brésilienne. Il arrive à marier les couleurs et a une imagination débordante, tout en étant méticuleux dans son travail.

Comment choisissez-vous le thème?

Le comité carnavalesque donne un thème; cette année, c’est le fuchsia. Ensuite, nous nous basons sur ce thème pour créer. Notre créateur prend ses congés quinze jours avant la grande Parade. Il nous propose trois ou quatre maquettes, et nous choisissons un thème en fonction des matériaux disponibles. Puis, nous allons voir les partenaires et établissons un budget prévisionnel. Les plus connus des sponsors sont Arianespace, EDF Petit Saut.

Quel est le budget moyen?

On peut le chiffrer à environ 10.000 euros. Il y a la cotisation annuelle des adhérents qui est échelonnée d’avril à décembre et qui s’élève à 300 euros en moyenne. Je suis très à cheval sur cela car pour moi, ce sont les cotisations qui font avant tout, vivre une association. En effet, un partenaire peut bien vous promettre quelque chose, puis changer d’avis.

Comment a été créé le groupe?

Nous étions d’abord dans le groupe Attipa (1), mais au bout de deux ans, nous avons souhaité monter notre propre groupe. Officiellement le groupe a été créé en 1998. Son nom vient des westerns que nous regardions le dimanche. L’idée est venue en voyant Wanted sur les affiches. Aujourd’hui, on cherche toujours Wanted.

Que peut-on dire des membres du groupe? Y-a-t-il des piliers?

Oui, bien sûr, les piliers sont indispensables. C’est comme un bateau, sans mât, il va chavirer. Mais chaque année, nous avons des nouveaux.

Sinon, on peut dire que le groupe Wanted est pluriethnique, nous représentons toutes les ethnies de la Guyane: Saramacas, Brésiliens, Métropolitains, Créoles…

Beaucoup de jeunes veulent intégrer le groupe, mais n’ont pas forcément les moyens. Aussi, chaque année, nous avons un partenaire qui les prend en charge, afin d’équilibrer le bilan financier. En moyenne, on peut donc intégrer environ six jeunes par année.

  • u00abDes sirènes dans les rues de Kourou, lors de la Grande Parade 2010» (photos LGE)(攝影: / COPYRIGHT, 2007)

Qu’est-ce qu’un bon carnavalier selon vous?

C’est quelqu’un qui se prépare financièrement au moins huit ou neuf mois avant le carnaval. Il doit être autonome, pouvoir se déplacer. Par exemple, faire le carnaval du vendredi au dimanche (2) nécessite de l’autonomie et presque 300 euros. Après, il faut être en bonne santé et avoir une bonne hygiène de vie.

(1) Nom d’un poisson préhistorique local.

(2) Les vendredis et samedis  soirs voient l’ouverture des dancings dans lesquels se passent les bals Paré-masqués des touloulous, des tololos.

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