Écrit par Ye Bing - Voice of America

 

Le suicide présumé de Yang Kuansheng, maire-adjoint de la ville de Wugang, dans la province du Hunan, a soulevé un nuage de soupçons sur la cause de sa mort. Luo Xi, un ancien élève de M.Yang, a récemment été condamné à deux ans de travaux forcés pour avoir organisé une grève chez les enseignants en décembre 2008 et pour avoir « perturbé l’ordre social ».

 

Condamné aux travaux forcés

 

Yang Kuansheng a été retrouvé mort le 26 novembre 2009, à l’extérieur de sa résidence. Les médias officiels ont indiqué qu’il avait sauté par la fenêtre de sa chambre et était mort sur le coup. Les autorités locales ont affirmé que Yang souffrait de dépression et était suicidaire.

 

Cependant la famille de Yang et ses proches ont mis en doute l’explication de la police locale sur la cause de sa mort. Luo Xi s’est alors porté volontaire pour mener une enquête, mais la police locale l’a déplacé vers la province du Guangxi pour tenter de l’empêcher de communiquer avec les médias.

 

Sa femme, Mme Dai a dit à Voice of America (VOA), que le Bureau de la sécurité publique local l’avait appelée lundi 8 février pour lui dire que Luo avait été condamné à deux ans de travaux forcés. Dai pense que la peine est liée à la mort de Yang Kuansheng et n’a rien à voir avec l’organisation de la grève des enseignants fin 2008.

 

« Même les organisateurs de la grève de 2008 n’ont pas subi ce type de punition. C’est simplement à cause du cas de Yang Kuansheng. Ils ont été gênés de le dire et ne pouvaient pas citer cette nouvelle affaire. Ils n’avaient donc d’autre choix que de ressortir l’incident qui a eu lieu il y a deux ans », dit-elle.

 

Mort de l’adjoint au maire : suicide ou assassinat ?

 

Mme Dai indique que, quand elle s’est rendue au Bureau de sécurité publique, ils lui a été dit qu’elle pouvait faire appel si elle contestait la condamnation à deux ans de travaux forcés. En dépit de cela, les policiers lui ont seulement donné un document vierge, sans titre et sans date.

 

Shu Yongjia, un policier du Bureau de la sécurité publique de Xinning, qui est impliqué dans l’arrestation de M. Luo Xi, a déclaré à VOA  ne pas savoir grand-chose de l’affaire, quand il a été contacté par téléphone. Il a raccroché et raccroché de nouveau lorsque VOA a tenté de le recontacter.

 

L’avocat de Luo Xi, Hu Xinfan a déclaré à VOA que les autorités locales lui avaient dit qu’il pouvait rendre visite à son client, mais qu’il n’a en fait pas été autorisé à le voir lorsqu’il s’est rendu au centre de détention.

 

« Fondamentalement, je n’ai pas d’informations de première main pour comprendre cette affaire. Pour être précis, je pense que l’affaire a été créée principalement pour des raisons politiques », a commenté M. Hu.

 

Luo Xi et la veuve de Yang Kuancheng, Liu Yuehong avaient rencontré des journalistes à Pékin le 5 janvier. Ils leur avaient présenté un document écrit par un expert légal chinois qui déclarait qu’ il y avait trop de points contestables dans le rapport d’enquête de police concernant la mort de M. Yang, le conduisant à soupçonner que M. Yang a été assassiné. Peu de temps après, la veuve de Yang, le beau frère de Yang, Kaihua Lu et Luo ont tous été arrêtés par la police de la province du Hubei.

 

Yang Kuansheng avait 47 ans lorsqu’il est mort. Il a été rapporté qu’il avait appelé sa femme la veille de sa mort et lui avait dit que deux hommes tentaient de lui porter préjudice, parmi lesquels le chef du Parti communiste municipal, Ju Xiaoyang. Il expliquait également à son épouse que leurs téléphones portables avaient déjà été mis sur écoute.

 

Avec l’aide de l’avocat Teng Biao de l’Université chinoise de Science Politiques et de Droit, l’épouse de M.Yang a déposé une demande auprès du Bureau de la sécurité publique pour une nouvelle enquête sur la mort de son époux. Elle n’a toujours pas reçu de réponse.