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Expropriation forcée : un vieil homme s’immole

Écrit par LI YA – LA GRANDE EPOQUE
26.02.2010
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  • CHINA, BEIJING : Cette image prise le 12 octobre 2007 montre deux pétitionnaires dormant dans une rue déserte d'un village u00abdes pétitionnaires,» qui a été démoli quelques jours avant le Congrès de Parti communiste chinois. Parmi les vœux pour créer u00abune société harmonieuse», les autorités chinoises ont rasé ce quartier de Beijing où des milliers de pétitionnaires résidaient en attendant d’adresser une pétition au gouvernement sur les injustices en croissance. AFP PHOTO/Peter PARKS(STF: PETER PARKS / ImageForum)

 

Le 26 janvier, Zeng Huanjia, un homme de 68 ans de la ville de Yancheng, dans la province de Jiangsu, s’est aspergé d’essence avant de s'immoler devant son domicile de la rue Yingbin, se causant de sévères brûlures. Il a été conduit à l’hôpital Reijin de Shanghai dans un état jugé critique.

 

Un quart d’heure avant son immolation, trois policiers du bureau local de la sécurité publique étaient venus pour assigner à comparaître le fils aîné de Zeng Huanjia, qui était absent. Ils avaient alors vu Zeng Huanjia qui rentrait chez lui. Les policiers l’avaient arrêté à la porte et lui avaient dit : «Si votre fils ne se montre pas, nous l’obligeront à partir». M. Zeng, qui avait refusé de prendre l’avis d’assignation, leur avait simplement dit : « Vous voulez ma mort » avant de courir et de s’asperger d’essence.

 

Les policiers n’ont pas porté secours

 

Mme Sun, une voisine de M. Zeng, a rapporté à La Grande Époque : « J’étais chez moi, lorsque j’ai entendu des cris perçants venant de l’extérieur. Nous sommes sortis et l’avons vu en feu. Il y avait beaucoup de monde tout autour de lui. J’ai appelé les secours au 110 (numéro des secours). Je tremblais. »

 

M. Shang, le gendre de Zeng Huanjia, a dit : « Quand le plus jeune fils de Zeng est sorti, il était déjà en feu. Il hurlait qu’il voulait de l’aide. Quatre d’entre nous nous sommes précipités pour éteindre le feu. Les trois policiers observaient en retrait. Il nous a fallu du temps pour éteindre le feu, environ une demi-heure. Plus tard un des policiers, nouvellement diplômé, a apporté un extincteur. Les deux autres étaient restés debout sur le côté et ont repris l’assignation à comparaître qui avait été laissée chez nous».

 

«En ce moment, mon beau-père est en salle aseptisée. C’est une opération lourde aujourd’hui. Il est toujours dans un état critique. Les brûlures sont très étendues. Le docteur nous a dit qu'il est brûlé au troisième degré sur plus de 75 % de son corps, mais nous, nous pensons que c’est plus grave que ça, puisqu’aucune partie de son corps n’a été épargnée par le feu. Lorsque nous  essayions d’éteindre le feu, la bouche de M. Zeng était en sang, sa tête et son corps été sévèrement brûlés. C’était horrible. Le visage et les mains de sa fille ont aussi été brûlés quand elle a voulu le secourir.»

 

Un commissaire de police, M. Wu, était présent sur les lieux, mais quand la famille de M.Zeng lui a demandé de l’aide, il est parti. Un membre du personnel du bureau du gouvernement local de Yancheng a dit au téléphone qu’ils faisaient tout leur possible pour sauver Zeng et a demandé aux journalistes d’appeler le Département de la propagande pour plus d’informations.

 

D’après l’édition du Jiangsu du média officiel Xinhua.net, le lendemain de l’immolation, un porte-parole du Quartier Tinghu, du gouvernement local de la ville de Yancheng a déclaré que le projet d’expansion de la rue Yingbin est un des projets phare de la ville. A l’heure actuelle, 43 familles et quatre commerces ont signé un accord de démolition et de relogement. Seule la famille de Zeng a refusé. Cependant, les habitants du quartier indiquent que le gouvernement utilise plusieurs méthodes différentes afin de forcer les gens à signer les accords.

 

Selon un habitant, M Sun, «la compensation est très faible, mais nous n’y pouvons rien. Ils ne nous laissent pas dormir. Ils cognent sur nos portes, font exploser des pétards et jettent des ordures ici. C’est la troisième fois que nous sommes expropriés. Maintenant il faut que nous partions encore une nouvelle fois. Nous avons été obligé de signer l’accord». D’après les résidents, dix-huit des familles ont été expropriées à trois reprises.

 

Le 7 janvier, le Bureau local de la planification avait envoyé des démolisseurs chez Zeng pour cause de construction illégale supposée. Le fils aîné de Zeng s’était alors aspergé d’essence afin de  protéger leur maison. « Nous avons vécu dans cette maison plus de dix ans. Ils ont envoyé de nombreux policiers. Nous avons utilisé nos vies pour protéger notre maison, avant que la police s’en aille. »

 

Du 17 au 19 janvier les fonctionnaires de la ville de Yancheng avaient loué deux étages à l’hôtel Yinyuan et y avaient convoqué toutes les familles à exproprier. Pendant 72 heures, ils les avaient interrogées, menacées et violentées pour les forcer à signer l’accord d’expropriation et de démolition.

 

M. Shang, un des habitants, raconte : «Le Bureau des démolitions et relogements n’a pas relâché la pression sur nous. Ils ont utilisé le Bureau de la sécurité publique, le commissariat de police, la police militaire et des individus non identifiés, etc, pour faire pression sur les familles en continu pendant 72 heures. Nous étions la seule famille à ne pas signer l’accord.»

 

Au cours des vingt dernières années, la famille de Zeng a été obligée de déménager par trois fois. Ils font remarquer : «Nous continuons pourtant à soutenir le projet de construction du gouvernement. Nous demandons seulement au gouvernement de nous donner une maison dans les environs, peu importe qu’elle soit neuve ou ancienne. S’il vous plaît, ne nous poussez pas à la mort. Ma mère est morte suite aux pressions du troisième déménagement. Nous sommes terriblement endettés. Notre famille compte treize personnes, mais nous ne sommes que trois à avoir un emploi. Nous dépendons de cette maison pour notre activité. Mais le gouvernement réplique que notre demande n’est pas raisonnable

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.