Alexander Le Grand

Écrit par Many Ngom, La Grande Époque
27.02.2010

  • Le designer londonien Lee Alexander McQueen(Staff: FRANCOIS GUILLOT / 2007 AFP)

 

Lee Alexander McQueen, le hooligan, le rebelle de la mode s’est éteint le 11 février dernier. Créateur théâtral aux collections sophistiquées, il ne cessait de se surpasser. Enfant terrible de la mode, il avait révolutionné la façon de concevoir les vêtements.

Élève en mode à l’université londonienne, le Central Saint Martins College of Art and Design, Alexander confectionne des robes pour ses sœurs dès son jeune âge.

Son intention de devenir créateur de mode n’est donc pas un hasard. Après son cours de design, il travaille chez les grands noms du tailleur masculin comme Savile Row et Anderson & Sheppard. Mais son talent excentrique est remarqué par une éditrice de magazine, Isabella Blow, qui lui achète chaque pièce de sa collection de la remise des diplômes, persuadée qu’Alexander mérite d’être reconnu sur la scène internationale.

Et c’est en 1996 que Lee Alexander entre chez Givenchy comme designer en chef. Il succède à John Galliano qui lui va chez Dior. McQueen y restera cinq ans.

À sa première année chez Givenchy, McQueen se démarque non pas par une belle collection, mais par sa pire collection jamais réalisée. Il avoue par la suite au magazine Vogue qu’elle n’était pas digne de son talent, mais plutôt bonne pour les vidanges.

  • La chanteuse et actrice américaine Kelis(Stringer: John M. Heller / 2010 John M. Heller)

Personnage très affirmé, il traite son patron, le président de LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy), Bernard Arnault, de personne sans pertinence et il établit par ses collections futures une autre vision de la mode et des défilés.

En effet, pendant ses années Givenchy, les défilés d’Alexander révolutionnent la mode à chaque saison. Le créateur est en avance sur son temps, en avance sur la mode et en avance sur la mise en scène. Ainsi, les podiums se transforment en espace intergalactique, en jardin déserté par des feuilles d’automne ou encore en salle de bal victorien. Il concocte des collections tellement complexes qu’on se demande si le designer crée pour les habitants de notre planète!

Mais c’est là tout le génie de McQueen qui dessine par la suite pour sa propre étiquette : aller au plus profond de chaque thème, aller jusqu’au cœur de chaque pièce présentée sur le podium. Du chapeau au maquillage, en passant par les vêtements et les accessoires, rien n’est laissé au hasard, il faut que le tout soit coordonné intelligemment pour provoquer les éditeurs avides de critiques et les photographes avides d’images chocs!

Son avant-dernière collection est à l’image d’insectes du futur, avec des chaussures en forme de pattes d’arthropodes, les robes quant à elles sont imprimées de textures futuristes qui ressemblent à des carapaces d’insectes venus d’un monde parallèle. Les coiffures suivent elles aussi : les mannequins sont coiffés comme s’ils avaient des cornes ou des antennes. Le tour est joué ! Les critiques de la mode encensent cette idée excentrique et intéressante. Quant aux stars d’Hollywood, pour se démarquer, elles se ruent sur cette collection.

Pourquoi a-t-il mis fin à ses jours? On ne le saura probablement jamais. Mais une chose est certaine, c’est qu’avant de revoir un designer du même calibre, on devra être patient!