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Aujourd’hui: image in et son

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque Montréal
03.02.2010
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Vous êtes las d’assister au même genre de manifestation culturelle? Vous avez envie d’être surpris alors que plus rien ne vous émoustille? Vous vous sentez à la fois expo, théâtre, photo, film, musique, arts technologiques et danse? L’Usine C vous est ouverte jusqu’au 5 février pour  découvrir ce que vous n’imaginiez pas encore possible grâce au festival Temps d’Images.

L’idéal est de vous créer votre propre parcours pour la soirée entière. N’oubliez pas de vous nourrir avant, à moins que vous n’ayez envie de vous coltiner un grill cheddar sans salade ni fantaisie aucune (tout le contraire du festival) au café de l’usine pour 6 $ avant taxe et service...

Présente tous les soirs dès 17 h 30, il y a l’installation Cube à sons/bruits/babils, des très innovatrices Catherine Béchard et Sabine Hudon, appuyée par le respectable centre d’art contemporain Oboro. De petites boîtes à prendre délicatement pour les manier dans tous les sens. En émanent des sons de toute espèce tant poétiques que discordants. Une visiteuse au passage s’est amourachée d’une des boîtes. Mieux qu’un chat angora, elles sont en bois, douces, hygiéniques, rechargeables; elles offrent plus qu’un miaule à l’oreille, mais une mélodie pour le moins originale.

Au sous-sol, toujours à partir de 17 h 30, on devient son à notre tour en nous déplaçant entre les quatre tuyaux de l’installation Ground. L’artiste Emmanuel Madan, magicien des ondes électromagnétiques, laisse nos corps devenir instruments. Trois visiteuses touchaient le même tuyau et produisaient des sons différents, tantôt puissants, tantôt faibles. L’effet «bluffant» a eu pour avantage de rendre heureuse la dame qui produisait le son le plus élevé et de créer un «magnétisme» entre les visiteuses.

La problématique de l’erreur confronte trois artistes : un musicien, une danseuse et une conceptrice en arts visuels/multimédias. L’un décrit sa façon de trouver de nouvelles gammes qui existent déjà pendant que l’autre filme la troisième qui danse. Se superposent les actions dans une écoute partielle. Le concept ressemble à une grande préparation qui ne démarre jamais vraiment. Le spectateur est l’observateur de cette répétition par essais et erreurs. Ni complices, ni complètement absents, les trois artistes arrivent à transmettre quelques bonnes images. La lenteur avec laquelle celles-ci prennent forme finit par irriter. Le rythme mériterait d’être resserré.

L’orateur charismatique et posé qu’incarne William Yang à travers son témoignage plonge le spectateur au cœur d’une Chine où il n’a pas vécu. Ni soupir, ni chuchotement, le silence répond au pipa et à l’erhu, deux instruments traditionnels accompagnant le récit. Jeune musicien contemple vieux voyageur. Le vieil homme siège debout devant deux écrans où s’enchaînent photos et courtes vidéos de personnages et lieux qui traversent cinq périples au pays du dragon. Une élocution impeccable apporte à chaque image sa sensibilité et sa dignité. Une belle traversée, remplie de sagesse et d’audace. Yang donne une vision de la Chine très personnelle tout en laissant au spectateur des espaces d’imaginaire.

Le spectacle dans la grande salle de l’Usine C Big 3rd episode de Superamas reprend volontairement tous les clichés des images in ambiantes. La bêtise tant féminine que masculine fait l’objet de tableaux qui ont pour fonction de se répéter avec des arrêts sur image. Là où tout semble éclatant d’énergie et de jeunesse, tout se débine. Des vidéos, du son, de la danse, jusque-là rien ne détonne. C’est dans l’interprétation dissonante que ça coince. Un effet désiré? Peut-être, mais mal jouer est un art qu’il faut aussi maîtriser. Les arrêts sont à moitié tenus. Ce spectacle a longuement tourné dans des lieux réputés depuis 2006. Pourtant, rien ne reste de celui-ci; que le vide de chaque personnage, chaque geste, chaque scène. Un beau désastre dans lequel notre modernité bascule.

Ces évènements ne seront plus là alors que vous lirez ces lignes. C’est le grand malheur de tout festival. Il faut y être dès le début pour tout voir. Vous aurez jusqu’à jeudi pour vous mordre les doigts mais aurez la chance de tracer votre propre parcours en faisant fi du reste. Seuls votre bon courage et votre envie d’explorer auront raison sur votre envie de rester au chaud dans votre logis. Déçus ou conquis, le festival Temps d’Images a la noblesse d’offrir le risque et au mieux la découverte de nouvelles formes.

Festival Temps d’Images 5e édition du 27 janvier au 6 février à l’Usine C, 1345, rue Lalonde, Montréal.

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