Un ex-agent secret, conseiller du premier ministre bulgare, démissionne

Écrit par Kremena Krumova, La Grande Époque
07.02.2010
  • Le président bulgare, Georgi Parvanov, (gauche) et le premier ministre, Boyko Borisov(Staff: DIMITAR DILKOFF / 2009 AFP)

SOFIA, Bulgarie – Son pseudonyme d’agent secret durant l'ère communiste bulgare était Yakov. Maintenant qu’il se fait appeler par son vrai nom, Kolio Paramov a été nommé par le premier ministre bulgare, Boyko Borisov, pour le conseiller sur les questions économiques. Une semaine plus tard, il était forcé de démissionner en raison des pressions venant d’alliés dans la coalition au pouvoir. Cette tourmente politique a souligné l’omniprésence des ex-agents secrets dans les cercles du pouvoir bulgare, de même que les tensions entre la gauche et la droite.

L'économiste Paramov est un ancien député du Parti socialiste bulgare.

En dépit de sa loyauté envers le communisme, Paramov est devenu célèbre pour avoir ouvertement critiqué l'ancienne coalition au pouvoir, dirigée par le premier ministre socialiste, Sergey Stanishev. Paramov a qualifié Stanishev de «premier ministre le plus faible de l'histoire bulgare» et d’«hésitant, incapable et subissant des pressions du chef du parti ethnique turc, Ahmed Dogan, qui gouverne le pays à travers quatre ou cinq oligarques».

Paramov s’est aussi fait un nom en critiquant le conseil monétaire établi en 1997 et la décision de maintenir la monnaie nationale (lev) arrimée à l'euro. Il a affirmé que le conseil «manquait de profondeur» et a prétendu que «la véritable parité du lev avec l'euro est de 3,89 et non de 1,96», comme c'est le cas aujourd’hui.

La Bulgarie toujours tourmentée par des anciens agents secrets

Vingt ans après la chute du communisme, la société bulgare est toujours sous l’influence et sous l'autorité d’anciens agents de la sécurité d’État, aussi connue comme la police secrète.

Les services secrets ont exercé un contrôle total sur la population bulgare. Ils étaient reconnus pour leur mépris total des droits de l’homme et ils ciblaient les citoyens bulgares selon leur statut social et leurs croyances. Les rapports des services secrets étaient utilisés pour faire pression sur ceux qui étaient jugés «gênants» pour le régime communiste. Le service secret bulgare entretenait des relations très étroites avec la tristement célèbre police secrète soviétique, le KGB.

Le président actuel de la Bulgarie, Georgi Parvanov, a aussi collaboré avec les services secrets sous le pseudonyme Goce.

Deux des actuels ministres du gouvernement bulgare, Bozhidar Dimitrov, ministre sans portefeuille, et le sous-ministre de l’Intérieur, Pavlin Dimitrov, ont aussi été impliqués dans les activités de la police secrète.

Krasimir Kostov, sous-ministre des Affaires étrangères, a démissionné en novembre dernier en raison de ses liens passés avec la sécurité d'État.

Avant les dernières élections législatives en juillet 2009, le Comité des dossiers a annoncé que 142 candidats à l'Assemblée nationale ont été des agents secrets il n’y a pas si longtemps. Le plus grand nombre d'ex-agents se trouvait dans les anciens partis au pouvoir, le Parti socialiste bulgare (13 anciens collaborateurs) et le Mouvement pour les droits et libertés de l’ethnie turque dirigé par Ahmed Dogan.

Le parti politique centriste au pouvoir actuellement, Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie – connu par son acronyme bulgare GERB – a présenté aux élections plusieurs ex-agents. Le premier ministre, Boyko Borisov, a affirmé qu’ils n’étaient pas des agents et il a accepté leurs candidatures.

Borisov, ceinture noire en karaté, était le garde du corps personnel de l’ancien dirigeant communiste, Todor Zhivkov. Il a plus tard dénoncé l’ère communiste et s'est déclaré anticommuniste.

Parmi les partis politiques de l’assemblée, seuls la Coalition bleue (droite) et le Parti vert n'avaient pas d'ex-agents dans leurs listes.

Le Comité des dossiers a examiné le passé de la candidate bulgare au poste de Commissaire européen et de vice-président de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva, et n’a rien trouvé de louche.