Deux frères non armés tués par un vice-directeur de la police

Écrit par Zhou Yu Ming
08.02.2010

  • La police chinoise représente-elle une menace pour la population chinoise? Ici une patrouille militaire chinoise quadrille les rues de Pékin avant le 60ième anniversaire du parti communiste chinois. (STR: STR / ImageForum)

La version officielle des événements dans le fait divers liant un policier de haut rang à la mort de deux villageois de la province de Guizhou est vivement contestée par des témoins oculaires.

 

Le directeur adjoint du Département de police de Guizhou, Zhang Lei, a tué deux frères, Guo Yonghua et Guo Yongzhi, du village de Yaoshang, province de Guizhou, le 12 janvier, alors que les frères faisaient des courses dans la ville de Gongpai.

 

Les autorités locales se justifient en affirmant que les deux hommes avaient agressé le policier et tenté de prendre son pistolet. Cependant, d’après des témoins de la scène, l’incident était un nouvel exemple de brutalité policière.

 

Tué à genoux

Selon le Huaxi Dushi et d’autres médias, qui citent des témoins oculaires, les événements se seraient en réalité déroulés comme suit. Zhang Lei a été vu, vêtu en civil, montrer Guo Yonghua de la main gauche tout en saisissant son pistolet avec sa main droite. D’après eux, Zhang a alors crié: «À genoux, ou je te tue». Guo a répondu en disant: «Je n’ai pas enfreint la loi, vous n’oseriez pas me tirer dessus». Un autre policier, Wang Daosheng l’a alors électrocuté avec sa matraque électrique. Zhang Lei a alors tiré deux fois en l'air, deux fois vers le sol, et une fois en direction de la tête de Guo Yonghua, le tuant sur le coup. Guo Yongzhi, présent sur les lieux, a exigé de savoir pourquoi son frère avait été tué. Zhang Lei aurait alors répondu par des tirs, blessant Guo Yongzhi à la hanche. Celui-ci a essayé de grimper sur un lampadaire, où Zhang l’a suivi pour l’achever d’une balle dans la nuque.

 

Selon un témoin cité dans l’article, juste avant que Zhang tire sur Guo Yongzhi, quelqu’un dans la foule a dit: «Cette personne peut encore être sauvée, nous allons l’emmener à l’hôpital». Zhang a alors braqué son arme sur les passants et dit: «Je tire sur quiconque ose l’emmener à l’hôpital».

 

Un autre villageois, Chen Xiangrong, qui accompagnait les deux frères, a également eu l’arme pointée sur sa poitrine. «Quand Zhang avait l’arme sur ma poitrine, j’ai soudain entendu un bruit, mais rien ne s’est passé», déclare. Xiangrong dans les colonnes du Huaxi Dushi. «Très probablement, il n’y avait plus de balles, sinon j’aurait également été tué.» Le lendemain soir, les autorités municipales de la ville d’Anshu ont tenu une conférence de presse, mais ont donné peu de détails sur cette affaire. Ils ont affirmé que les policiers effectuaient leurs tâches habituelles et que les deux frères les ont violemment attaqués.

 

Les membres de la famille des victimes ont été scandalisés de cette déclaration officielle et ont annulé les funérailles en demandant une enquête. Ils attendent maintenant des excuses officielles et ont juré de montrer les cercueils au public comme un appel à la justice, si nécessaire.

 

Cette description des faits est par ailleurs réfutée par les témoins cités par la presse chinoise, et sur les forums internet par les personnes affirmant avoir été témoins de l’incident. Les victimes, disent-ils, n’étaient pas en conflit avec la police. Des commentaires comme «ils ne se battaient pas! Absolument pas de combat! Leurs mains ne se sont même pas touchées!» figurent parmi les citations.

 

Les témoignages, postés sur de nombreux forums Internet, déclenchant une vague d’indignation. « Une vie pour une vie ; il faut exécuter Zhang Lei » et « À genoux, ou je vais te tuer » sont rapidement devenus les commentaires les plus fréquents des internautes.