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Censure et menaces de sanctions après un éditorial commun sur le hukou

Écrit par Reporters sans frontières
21.03.2010
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Reporters sans frontières appelle le Département de la propagande à lever la censure imposée sur l’éditorial publié par treize quotidiens chinois qui demandaient la suppression du passeport intérieur (hukou). L’organisation a été informée que des auteurs du texte ont été menacés de sanctions.

«Alors que vient de s’ouvrir à Pékin une session de l’Assemblée nationale populaire (ANP), il était tout à fait salutaire que des médias lancent un tel débat sur le hukou. Comme à son habitude, le Département de la propagande réagit par la censure et la répression. C’est une insulte au bon sens et un nouvel épisode des tensions entre les conservateurs de cet organe du Parti communiste chinois et les médias réformateurs. Nous appelons le Premier ministre Wen Jiabao et le président de l’Assemblée Wu Bangguo à ordonner la fin de censure de la presse qui reste une maladie chinoise qui empêche l’émergence de débats utiles au pays», a affirmé l’organisation.

Le 1er mars 2010, treize quotidiens chinois de Canton, du Henan, du Fujian ou de Chongqing par exemple, ont publié un éditorial commun demandant la fin du hukou, instauré à l’époque maoïste, qui interdit aux Chinois, notamment des zones rurales, de s’installer où ils le souhaitent dans le pays. Les auteurs de l’éditorial affirment notamment: «La Chine a souffert depuis longtemps du système du hukou (…) Nous pensons que les citoyens sont nés libres et qu’ils doivent disposer du droit à la liberté de mouvement! Nous demandons aux délégués de faire leur possible pour proposer un calendrier de réforme du hukou.»

L’éditorial a été censuré sur Internet dans les heures qui ont suivi sa parution. Des pages spéciales consacrées à la réforme du hukou sur le site du Economic Oberserver (www.eeo.com.cn), l’un des quotidiens à l’origine de cet éditorial, ont été supprimées. Ironiquement, le site du très officiel Quotidien du peuple a été contraint de l’enlever après une brève apparition. Tandis que la presse étrangère saluait cette initiative courageuse.

La censure reste une «maladie chinoise» du fait du Département de la propagande, mais également des autorités locales. Régulièrement, les directeurs de publication reçoivent des ordres écrits ou oraux pour leur interdire de couvrir un sujet national ou international. L’ordre se limite parfois à exiger du média qu’il ne reproduise que la version officielle des faits. Voici quelques exemples récents:

Le scandale du lait contaminé encore étouffé

Un nouveau scandale de lait contaminé a éclaté, début 2010. Le Département de la propagande de la province du Guangdong (Sud) a empêché la publication d’articles indépendants sur le sujet. Déjà, en septembre 2008, une circulaire du Département de la propagande demandait de limiter la publication d’articles ou de commentaires sur le scandale des produits laitiers contenant de la mélamine, qui ont engendré des lésions rénales aiguës sur des centaines de bébés chinois.

Une série sur l’immobilier censurée

La sérié télé «Bicoque» décrivant la vie quotidienne de jeunes citadins s’efforçant de trouver un logement, a été censurée en novembre 2009. Après avoir diffusé seulement deux épisodes, une chaîne de télévision de Pékin a été contrainte de suspendre la diffusion de la série. Cette «autocensure» ferait suite à la réclamation de promoteurs immobiliers et d’officiels qui se sentaient offensés. La série exposait les difficultés des «esclaves du logement», contraints de verser une grande partie de leurs salaires dans des crédits excessifs.

Une mort suspecte dans le Hubei censurée

Tu Yuangao, cuisinier dans un hôtel de Shishou, province du Hubei (Centre), se serait suicidé en juin 2009, selon les autorités. Mais cet incident a provoqué la colère des habitants de Shishou qui ne croyaient pas à la version des autorités. L’hôtel Yonglong, dont le maire de la ville détiendrait des parts, est réputé pour abriter des activités illégales. Des manifestations devant l’établissement ont fait plus de 200 blessés lors d’affrontements avec la police. Le Département de la propagande a imposé aux médias de ne traiter de la mort de Tu Yuangao et des manifestations que selon la version officielle.

Des officiels violents protégés par la censure

Deux membres du gouvernement local d’un district du Hubei ont sexuellement agressé une jeune serveuse, Deng Yujiao, en 2009. Elle s’est défendue et a tué l’un d’eux. D’abord accusée d’homicide volontaire par la police, Deng Yujiao a bénéficié d’un large mouvement de soutien notamment sur Internet. La justice a reconnu Deng Yujiao coupable d’un usage excessif de la force mais en état de légitime défense. Elle a ensuite été libérée.

Le Département de la propagande a tout d’abord imposé la censure sur cette affaire.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.