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La droite d'Uribe remporte les législatives colombiennes

Écrit par Latin Reporter
21.03.2010
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  • Le candidat présidentiel du parti au pouvoir, Juan Manuel Santos(Staff: EITAN ABRAMOVICH / 2010 AFP)

BOGOTA – La victoire de ses partisans et alliés de droite, qui continueront à dominer les deux chambres du Congrès (Parlement), fait du président conservateur Alvaro Uribe le vainqueur virtuel des élections législatives du 14 mars en Colombie. Son dauphin et ex-ministre de la Défense, Juan Manuel Santos, a renforcé sa position de favori de l'élection présidentielle du 30 mai, lors de laquelle Alvaro Uribe ne pourra pas briguer un troisième mandat.

Parallèlement s'estompent les espoirs d'alternative reposant sur la gauche militante incarnée par le Pôle démocratique alternatif (PDA). Son revers électoral a entraîné la démission de son président, le syndicaliste Jaime Dussan, incapable de renouveler son siège de sénateur.

Le candidat du PDA à l'élection présidentielle, Gustavo Petro, ancien de l'ex-guérilla urbaine M-19, avait dû reconnaître avant le scrutin que des candidats de son parti ont sollicité un appui du Venezuela voisin. Et alors que le président Uribe dénonçait la prétention d'un «gouvernement étranger» d'influer sur la prochaine élection présidentielle en Colombie, le quotidien colombien El Tiempo attribuait cette prétention au Venezuela en publiant, sans être démenti ni à Bogota ni à Caracas, des extraits d'un rapport qu'auraient rédigé les services de renseignement vénézuéliens.

En fait, l'un des atouts électoraux les plus efficaces de la droite colombienne fut l'aversion quasi généralisée en Colombie contre le président vénézuélien Hugo Chavez, chef de file de la gauche radicale latino-américaine. Dans les sondages, parfois plus de 90 % des interrogés méprisent Hugo Chavez. Les Colombiens rejettent son discours jugé haineux et insultant, ses menaces de guerre, son concubinage avec la narco-guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et son expansionnisme idéologique que Bogota soupçonne accompagné d'ambitions territoriales.

Les relations très tendues avec le Venezuela expliquent partiellement l'accord militaire américano-colombien du 30 octobre 2009. Il permet aux États-Unis l'utilisation d'au moins sept bases colombiennes. L'accord a envenimé davantage les relations bilatérales, le Venezuela boycottant depuis les produits colombiens. Dans une lettre à Barack Obama datée du 10 novembre 2009, Gustavo Petro avertissait le président des États-Unis qu'il dénoncerait l'accord militaire s'il était élu à la présidence de la Colombie. Mais le score du PDA aux législatives du 14 mars, à peine 7,6 % pour l'élection des sénateurs, éloigne pareille éventualité. Gustavo Petro risque l'élimination dès le premier tour de la présidentielle.

L'impossibilité pour la gauche, faute d'un nombre suffisant d'élus, d'une remise en question parlementaire de l'accord militaire du 30 octobre est une conséquence importante des élections législatives. Gare toutefois au parti informel des juges. La Cour constitutionnelle a accepté le recours d'un collectif d'avocats dénonçant l'illégalité supposée de l'accord. Jouissant d'une indépendance rare en Amérique latine, la même Cour constitutionnelle brisa net le 26 février dernier l'avenir présidentiel d'Alvaro Uribe, prohibant pour vices de forme et de fond le référendum qui devait l'autoriser à briguer un troisième mandat. Alvaro Uribe, pourtant en tête de tous les sondages de popularité, a accepté la décision.

Pour le renouvellement du Sénat colombien – significatif car, comme pour une élection présidentielle, l'ensemble du pays en est la circonscription électorale – les diverses droites ont réuni plus de 60 % des suffrages et des élus. La participation électorale des 29,8 millions de Colombiens appelés aux urnes est de 44 %, en hausse par rapport au taux de 40 % enregistré aux législatives de 2006.

Au sein de la majorité de droite, toutes tendances confondues, la première place revient, avec 25,17 % des suffrages et 28 des 102 sénateurs, au Parti social de l'Unité nationale, dit Parti de l'U. C'est la formation du président Uribe et de son dauphin favori de l'élection présidentielle, Juan Manuel Santos.

Allié au Parti de l'U lors de la législature sortante, le Parti conservateur (20 % des voix et 22 sénateurs) est l'autre grande formation de la majorité conservatrice, dans laquelle on peut situer aussi le Parti de l'Intégration nationale (PIN; 8,14 % et neuf sénateurs), taxé de liens supposés et parfois apparents avec des personnalités poursuivies pour complicité avec des organisations paramilitaires. Le scandale dit de la parapolitique ne serait donc pas clos. Il avait mis le tiers du Parlement sortant à la disposition de la justice. Quant au parti Changement radical (7,98 % des voix, huit sénateurs), on peut l'assimiler à une droite centriste, malgré son opposition précoce à un troisième mandat du président Alvaro Uribe.

La gauche de Gustavo Petro et de son PDA (7,6 %), les sociaux-démocrates du Parti libéral (15,8 %) et l'émergent Parti vert (4,7 %) ne totalisant ensemble que moins de 30 % des suffrages, rien en principe ne devrait s'opposer au maintien de la politique dite de sécurité démocratique menée avec succès par Alvaro Uribe pour acculer la guérilla des FARC sans restreindre les libertés fondamentales.

Mais sans Uribe à la présidence du pays, l'uribisme, et surtout l'unité uribiste, se maintiendra-il? Les frictions, les nuances et les ambitions personnelles et partisanes précédant l'élection présidentielle du 30 mai dessinent déjà un panorama incertain.

Un duel des droites entre Noemi Sanin (ex-ministre des Affaires étrangères qui a été élue à la tête du Parti conservateur lors d'un vote populaire le 14 mars également) et Juan Manuel Santos n'est pas exclu tant au premier qu'au possible second tour de la présidentielle. Un corps à corps au second tour, fixé au 20 juin, obligerait tant l'une que l'autre à séduire des électeurs de gauche pour l'emporter. Parlerait-on alors encore d'uribisme?

Source : Latin Reporters

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