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Les porteurs de... questionnements

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins
30.03.2010
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  • Dominic Leduc, le professeur, en compagnie d’un élève(攝影: / 大紀元)

Le 24 mars dernier, j'ai eu la chance de voir, en première médiatique à Montréal, la plus récente création audiovisuelle de Fernand Dansereau, Les porteurs d'espoir. Rappel nécessaire, autant pour les enseignants que pour tous les citoyens, y compris les enfants qui, dans ce documentaire, ont plus de détermination et de persévérance que bien des adultes. Le film est adroitement réalisé pour faire vibrer le centre de l'émotivité, mais aussi celui de la raison en suscitant plusieurs questionnements éthiques.

Les documentaires mettant en scène des enfants à l'intérieur d'une école primaire sont toujours bien reçus du public, puisqu'on y trouve cet ingrédient irrésistible : un regard (quelque peu controversable) du drame candide des jeunes êtres qui font leur immersion dans le monde. Cela ne manque pas d'éveiller notre sympathie et notre engouement. C'est non seulement une recette gagnante mais inattaquable. Là où il y a un enjeu moral, c'est que le cinéaste qui décide d'opter pour ce genre de film risque d'utiliser sans retenue cette perception fausse et intouchable de nos sociétés pour vendre n'importe quelle idée : l'école primaire et ses enfants sont hors d'atteinte et, par nature, vertueux. Les publicistes, et plus récemment une banque, ont saisi que ce concept est inévitablement accrocheur. Appelons cela le facteur «haut comme trois pommes».

Dans la réalité enseignante, le cas vécu dans Les porteurs d'espoir représente une des rares réussites pédagogiques marquantes que le système scolaire peut compter. Dans le cas d'un documentaire mettant l'accent sur une exception, il est quasi certain qu'on en ressort avec la vive impression que l'école publique fait régulièrement des miracles, qu'il suffit d'un bon prof et d'un projet tenant compte des besoins des élèves pour capter leur attention. C'est un peu comme dans l'expression «si on a peu de culture, on fait en sorte de bien l'étendre». Le problème avec ce film, c'est qu'on crée, à partir d'un exemple isolé de succès, un mythe enjolivé dans l'inconscient collectif, détournant une réalité affolante. Mais le facteur «haut comme trois pommes» ne rate presque jamais sa cible.

Pour mettre en place dans une classe un projet d'envergure qui risque de changer le monde autour de nous, il faut bien sûr avoir des élèves motivés et relativement respectueux. Le fait que des caméras aient tourbillonné autour des enfants pendant une année pour réaliser ce film apporte sans équivoque un intérêt et une compréhension plus concrète de la rigueur et de la droiture. Est-ce que cela pourrait être une solution à adopter dans toutes les classes du Québec afin que les enseignants arrivent à instruire les enfants plutôt que de peiner à leur inculquer quelques bases d'éducation élémentaires supposées être acquises à la maison?

Le film tourne autour d'une recherche-action où les jeunes passent d'une démarche scientifique jusqu'à dire aux «grands» et aux décideurs comment faire leur travail de citoyen.

Là où cela peut être encore une fois glissant, c'est qu'on laisse, par exemple, une classe de 6e année faire le boulot des élus municipaux. Je suis entièrement pour l'éveil du sens critique à travers la pratique chez les enfants, mais cela peut, vous en conviendrez, devenir pernicieux. Le même phénomène se déroule déjà dans le système scolaire où le ministère de l'Éducation infantilise ses enseignants en leur demandant de faire des corvées supplémentaires bénévolement ou encore en laissant plus de place au communautaire pour éponger ses lacunes sans trop de grosses dépenses. Faire plus avec moins. Main-d’œuvre bon marché.

Si vous voyez le film, vous verrez aussi la générosité des «partenaires» des enfants pour contrer le vandalisme dans leur milieu. Est-ce que cela a autant de chance d’arriver dans n'importe quel milieu ou est-ce que les «partenaires» ont considéré leurs propres intérêts et la visibilité reliée au fait de participer à un film d'un réalisateur primé ou sous le sceau de l'ONF?

Trop peu de films se font en éducation pour que l’on puisse ignorer Les porteurs d'espoir, sans compter qu'il s'agit d'une sensibilisation hautement pertinente à la prise de conscience de l'état de notre planète. L'esprit critique, bien inculqué aux enfants lors du film, est aussi capital chez le cinéphile lors du visionnement.

Collaboration spéciale

L’auteur de cet article est également enseignant.

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