Pour le peuple chinois, les vacances à l’occasion du Nouvel An chinois sont les plus importantes de l’année. Dix ans après le début de la répression du mouvement bouddhiste dont il est le fondateur, des milliers de Chinois ont profité de ce moment pour envoyer leurs vœux de bonne année à Monsieur Li Hongzhi – des chiffres qui parlent d’eux-mêmes quant à la persistance de cette pratique que Pékin annonçait en 1999 pouvoir éradiquer en trois mois.

En quelques heures, plus de 2.000 cartes de vœux venues de nombreuses villes et de différents groupes de personnes ont été publiées sur le site Internet du mouvement, Minghui.org.

La plus grande partie de ces vœux viennent de membres du Falun Gong en Chine continentale, et expriment une volonté inébranlable de persister dans «la Grande Loi», à savoir «Zhen Shan Ren», la trinité de la croyance du Falun Gong traductible par «le vrai, le bon, la patience.»

Les services de renseignement chinois n’auront pas manqué de noter que plusieurs cartes de vœux proviennent de personnes travaillant dans différents services de l’armée chinoise et du gouvernement, qui se déclarent déterminés à continuer de sensibiliser l’opinion publique sur la persécution sanglante subie par le mouvement.

«Nous avons appris à nous servir d’un ordinateur en 2005, et rapidement nous avons pu maîtriser les connaissances nécessaires pour passer le blocus Internet et imprimer des brochures d’information. Nous sommes maintenant une des dizaines de milliers d’imprimeries clandestines qui dit la vérité [de ce que le régime fait au] Falun Gong», écrit un vieux couple de l’armée de l’Air de Pékin.

D’autres cartes viennent de nouveaux élèves de la pratique énergétique. Une jeune femme écrit, qu’elle et son fils ont commencé depuis quelques mois, «nous croyons dans la Grande Loi, nous croyons en vous, Shifu [ndlr; enseignant, ou maître], et nous sommes heureux du plus profond de notre cœur, d’avoir trouvé la meilleure chose au monde.»

Une autre personne écrit: «Bien que je sois un nouveau pratiquant, j’ai tellement appris des lectures du Falun Dafa. Ma condition physique s’est améliorée de jour en jour, et je continuerai sur le chemin de la cultivation [travail sur soi].»

Mais les élèves du mouvement pacifiste ne sont pas les seuls à envoyer leurs vœux à M. Li Hongzhi, qui en 1999 était classé par Forbes dans les 100 personnes les plus influentes au monde. Des citoyens lambda, des intellectuels, des démocrates, saisissent l’occasion pour remercier les ‘Falun Gong’ de dénoncer les mensonges du régime communiste chinois et de soutenir les valeurs de la culture traditionnelle chinoise.

Un homme qui dit travailler pour «le système d’éducation» en Chine, estime ainsi que les ‘Falun Gong’ apportent l’espoir à la Chine, alors qu’ils sont eux-mêmes persécutés. D’après lui, la diffusion des Neuf commentaires sur le Parti communiste et la campagne «Démissionner du Parti Communiste chinois» ont «largement contribué à ce que chaque jour des Chinois prennent conscience de la réelle nature de ce régime».

Le même anonyme remercie les informaticiens du Falun Gong d’avoir conçu des logiciels permettant aux Chinois de s’affranchir du blocus Internet (logiciels également utilisés par les opposants iraniens): «C’est réellement merveilleux, parce que cela apporte l’espoir et la vérité à toutes les personnes vivant sous cette tyrannie.»

Du côté des démocrates chinois, M. Xi Chen semble ne pas trouver de mots assez forts: «M Li Hongzhi élève les personnes de l’état d’être centré sur un matérialisme réducteur à l’état de bien-être physique et spirituel». Un autre couple d’activistes démocrates, M Shuanyuan Liao et Mme Yuquin Wu, écrivent: «Nous sommes reconnaissants envers M Li Hongzhi. Nous sommes les témoins visuels de l’incorruptibilité de ses disciples pendant cette période de persécution brutale par le régime communiste chinois.»

Une pratique spirituelle apolitique

Cristallisant de plus en plus d’espoirs, en particulier de la part des démocrates chinois qui voient dans la détermination non violente des membres du Falun Gong une possible version «à la chinoise» de la résistance pacifique de Gandhi, le Falun Gong se définit cependant comme totalement apolitique.

Avant que sa répression, lancée en 1999 par l’ancien président chinois Jiang Zemin ne commence, le Falun Gong n’était effectivement connu que comme la plus populaire des méthodes énergétiques chinoises (on estimait alors à 80 millions le nombre de Chinois s’y adonnant).

Depuis le début de la répression, qui a fait plusieurs milliers de victimes (les sites du Falun Gong parlent de 3.500 personnes torturées à mort, chiffre que le rapporteur spécial contre la torture des Nations unies complète en indiquant que deux tiers des cas de torture en Chine visent des gens du Falun Gong), les membres du mouvement ont organisé une large campagne d’information passant par la création d’imprimeries clandestines et la diffusion d’outils informatiques contre la censure internet. Ils bénéficient du soutien de membres de la diaspora chinoise, en particulier en Europe et aux Etats-Unis, qui relaient les informations auprès du monde associatif et politique.