Le septième art pour les droits de la personne

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque
09.03.2010

Célébrant sa cinquième édition avec le cinéaste Charles Binamé comme porte-parole, le Festival de films sur les droits de la personne de Montréal (FFDPM) est un évènement qui présente divers films provenant de réalisateurs des quatre coins du monde et traitant des abus sur les droits de la personne. Cette année encore, la programmation est diversifiée autant dans le ton que dans les sujets. En outre, certains réalisateurs sont sur place pour présenter leur film et échanger avec le public. Voici quelques titres à l’affiche lors de l’évènement qui se déroule du 11 au 21 mars 2010, entre autres, au Cinéma du Parc, à l’ONF et au Cinéma Parallèle.

The 10 conditions of love

  • Rebiya Kadeer(攝影: SAHLAN HAYES / 大紀元)

(Australie – 53 min)

Réalisation : Jeff Daniels

Anglais-Ouïghour (sous-titres anglais)

Salle Marie-Gérin-Lajoie (UQAM) le 13 mars à 14 h en présence de Rebiya Kadeer

Cinéma du Parc le 20 mars à 17 h

Sept ans de tournage pour illustrer toute une vie de combat. Au nom de son peuple, les Ouïghours, Rebiya Kadeer a tout sacrifié. Elle est bannie de son territoire par le gouvernement chinois, territoire qu’elle considère être une propriété des Ouïghours, au contraire de Pékin qui les déloge pour réduire la concentration «d’opposants au régime». Elle est emprisonnée pendant six ans pour avoir envoyé une coupure de journal expliquant la situation ouïghoure à son mari résidant aux États-Unis. Elle vit depuis à Washington sans être protégée totalement des menaces de Pékin et des tentatives d’assassinat. Quatre de ses onze enfants demeurés en Chine sont emprisonnés à leur tour car elle continue de militer comme présidente du Congrès mondial ouïghour.

Choisir entre son peuple et sa propre famille, voilà la question que pose ce vif documentaire de Jeff Daniels. Le film fait une entrée dynamique dans l’univers de Rebiya Kadeer. Il va au rythme de la force de vivre de cette femme extraordinairement volontaire. Ses deux nominations pour le prix Nobel de la paix sont tout à fait justifiées par les informations développées dans ce film touchant. Il y a des luttes dont le prix est difficile à payer. Rebiya Kadeer est un parfait exemple de détermination pour les droits de la personne… qui va bien au-delà du confort personnel.

 

Le jour où Dieu est parti en voyage

  • Image du film Le jour où Dieu est parti en voyage(攝影: / 大紀元)

(France, Belgique – 94 min)

Réalisation : Philippe Van Leeuw

Fiction-Français-Kinyarwanda (sous-titres français)

Avec Ruth Nirere (Shanel) et Afazali Dewaele

Alumni Auditorium, Université Concordia le 11 mars à 19 h Ouverture officielle du festival

Cinéma du Parc le 13 mars à 17 h

Il y a eu de 800 000 à 1 million de Tutsis morts au Rwanda en 1994. La tragédie est maintenant connue et médiatisée. Le réalisateur n’ajoute pas d’informations supplémentaires et plonge directement le spectateur au coeur des images. En effet, les explications ne sont pas nécessaires. Une femme, un homme, fuyant l’horreur comme ils le peuvent. Mais les images du massacre et de la perte des leurs gravées dans leur mémoire peuvent-elles disparaître?

Quand l’idée d’une paix prochaine ne peut sembler envisageable, survivre devient peu à peu une fiction. Peu de paroles brisent le silence imposé dans le film car, au-delà de l’échange, l’état d’esprit par le mutisme exprime encore plus profondément les blessures intérieures des personnages. La femme n’a plus de voix pour exprimer le désespoir. L’homme cherche l’échange pour ne plus penser. Deux chemins différents pour enterrer la détresse. Les séquences sont longuement filmées, comme pour faire sentir l’éternité qui pèse sur chaque moment. À cette structure impeccable est ajoutée une interprétation exceptionnelle, toute en nuance et en intensité de la part de Ruth Nirere et d’Afazali Dewaele. Présenter ce film en ouverture du FFDPM coule de source.

 

A New Life

  • Image du film A New Life(攝影: / 大紀元)

(Norvège – 52 min)

Réalisation : Lene Dreyer

Norvégien, roumain (sous-titres anglais)

Cinéma ONF le 17 mars à 19 h

Entre 1987 et 1990, de jeunes enfants furent contaminés en Roumanie par des aiguilles souillées utilisées pour leur administrer un vaccin. Irina, Mirela et Paula, victimes de cet incident tragique, sont parrainées par un organisme norvégien qui leur apporte des soins, des vêtements et une éducation à la mesure de leurs moyens. Les trois jeunes filles réagissent différemment à l’idée qu’elles doivent vivre avec le VIH et prendre leur traitement pour envisager l’avenir.

Les images qui parcourent ce film ponctué d’archives d’enfants aux prises avec le sida en phase terminale, sont difficiles à voir. Cependant, elles présentent une réalité qui se vit actuellement en Europe et qui ne fait pourtant pas la une des journaux. Ce n’est pas une misère comme une autre, il s’agit d’une erreur de la part du gouvernement roumain et pour laquelle il ne donne aucune compensation. Sans intervention narrative, ce film bouleverse tant pour la détresse qui se lit chez ces jeunes filles que pour le mouvement de générosité organisé par la Norvège.

 

Voices of the Unheard

  • Image du film Voices of the Unheard(攝影: / 大紀元)

(Canada – 68 min)

Réalisation : Davoud Germifard

Farsi (sous-titres anglais)

Cinéma du Parc le 13 mars à 19 h

Cinéma Parallèle le 18 mars à 17 h

Assister à la répression de son pays, en silence, demeure une solution de survie pour la majorité des Iraniens en désaccord avec le régime. C’est le constat de ce documentaire filmé clandestinement pour faire entendre ces voix, obligées au mutisme. Que ce soit une tribu nomade qui lutte pour survivre, faute d’aide de la part de l’État; qu’il s’agisse d’un enseignant qui persiste à vivre dans son pays pour éduquer les jeunes à comprendre le fonctionnement répressif de l’Iran; ou qu’il soit question d’un intellectuel condamné à mettre ses rêves de côté par manque de liberté – l’existence de tous est bafouée par le régime en place.

Les trois expériences sont filmées différemment par Davoud Germifard, en respectant chaque univers. Le professeur s’adresse directement à la caméra, la tribu baigne dans un silence qui finit par dévoiler leurs difficultés et leurs peurs et l’intellectuel s’exprime en voix hors-champ, à l’extérieur de l’image, dans un style poétique. Ces trois rythmes ponctuent le film et donnent de la crédibilité au sujet. Hormis quelques longueurs et la vitesse déstabilisante avec laquelle défilent les sous