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Traffik Femme–Aller jouer dans le trafic

Écrit par Olivier Chartrand, La Grand Époque
13.04.2010
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  • Image de l’affiche Traffik Femme(攝影: / 大紀元)

Une femme monologuant, dansant, blaguant en racontant son expérience sordide… celle d’avoir été victime du trafic des femmes. Voilà l’illustration d’un sujet troublant que Lynne Cooper, cette petite blonde-rousse britannico-chilienne d’origine et québécoise d’adoption, nous propose au MAI (Montréal, arts interculturels) dans une pièce présentée du 14 au 18 avril en français et du 21 au 25 avril… en anglais!

«Même une personne qui vit cette tragédie est capable de rire, d’utiliser l’humour. Le personnage n’est pas toujours triste, c’est une femme qui est capable de lancer une blague de temps en temps, de flirter et de se sentir inconfortable en même temps. Elle vit plein de contradictions. Elle n’est pas juste noire, mais elle est de toutes les couleurs», explique la metteure en scène quant au personnage principal de Traffik Femme incarné par la danseuse et comédienne Nico Lagarde.

«L’idée a germé de différentes sources d’inspiration. J’ai été d’abord fascinée par un texte du couple Franca Rame et Dario Fo (Prix Nobel de littérature de 1997). Franca Rame s’est fait violer par des militaires. Plusieurs années plus tard, ils ont écrit ensemble un livre avec des monologues de femmes sur la violence faite aux femmes. Un des textes s’intitule Whore in a madhouse [La pute à l’asile]. C’est une femme qui est attachée à une chaise et qui parle à un psychologue dans un hôpital psychiatrique. J’ai été bouleversée par la capacité de cette femme à parler de sa vie à travers l’humour», explique celle qui a étudié la méthode Lecocq à l’école La Mancha, au Chili.

Ayant fait une tournée avec la compagnie Parminou spécialisée dans le théâtre d’intervention, Lynne a pris conscience de l’ampleur du problème de la traite des êtres humains. «Je me suis rendu compte que le nombre de victimes est énorme! Une des statistiques qui m’a le plus choquée est qu’une personne sur dix est impliquée dans le trafic [humain] au Canada soit : comme client, comme “fournisseur”, comme victime ou comme proche d’une victime», se surprend-t-elle encore.  

«Quand je suis arrivée ici… on voit le Canada comme un pays libre et paisible, j’ai été très étonnée d’apprendre qu’il y avait des gens qui achètent des filles et beaucoup d’hommes qui vont en Thaïlande ou au Cambodge pour acheter de jeunes enfants, qui vont à l’étranger pour le tourisme sexuel. Mais le pire pour moi, c’est que 80 % des femmes vendues au Canada sont des femmes d’ici, surtout amérindiennes», expose-t-elle.  

Sa sensibilité à la question ne lui vient pas seulement de son expérience professionnelle, car en tant qu’immigrante elle a dû faire face à des abus qui auraient pu conduire au pire.

«J’ai rencontré des situations où on me disait : “Si tu ne travailles pas pour moi, je vais te dénoncer à Immigration Canada!”, mais comme j’ai eu de l’aide d’amis et que j’avais toujours l’option de retourner dans mon pays [le Chili], j’ai pu me sortir de cela. Quand tu te rends compte à quel point tu es vulnérable, tu comprends que même ici tu peux être victime d’abus», se désole-t-elle.

Malgré la gravité du sujet de Traffik Femme, l’idée de la metteure en scène est d’éviter de faire une pièce trop lourde et indigeste.

«On a exploré différentes manières d’aborder la question : la danse, le théâtre physique, les bouffons, le théâtre d’ombre, etc. Ce n’est donc pas une pièce réaliste, c’est une pièce dans laquelle il y a plusieurs approches artistiques. On fait tout ce que l’on peut pour que cette violence-là soit comprise. J’ai envie d’éduquer le public par rapport au thème, mais je ne suis pas là pour sauver personne. Je fais une pièce pour pouvoir parler du sujet, créer un dialogue et casser les tabous qui entourent le trafic, la prostitution et la violence», développe Lynne.

Pour l’écriture de la pièce, l’auteure, Emma Haché (lauréate du prix du Gouverneur général du Canada en 2004), a dû interviewer plusieurs survivantes du trafic de femmes afin de bien cerner cette problématique et ne pas faire une caricature de ce que vivent les victimes. Il semble que cette démarche ait porté ses fruits.

«On a fait un extrait lors d’un évènement, et une ancienne travailleuse du sexe est venue parler avec Nico et lui a dit : “Merci! Tu as joué cela avec beaucoup de justesse.” Je pense que c’est la meilleure récompense que l’on peut recevoir parce que l’on ne veut pas être loin de notre sujet, on veut être respectueuse envers ces femmes-là», conclut Lynne.

Pour plus d’information, visitez le  www.letrunkcollectif.com.

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