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Le Canada se rallie aux objectifs de sécurité nucléaire américains

Écrit par Cindy Chan, La Grande Époque
19.04.2010
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  • Le président américain, Barack Obama, s'entretient avec le premier ministre canadien, Stephen Harper(Staff: Alex Wong / 2010 Getty Images)

Le Canada a pris deux engagements au cours du Sommet sur la sécurité nucléaire de la semaine dernière. Il s'est aussi rallié à la position américaine visant à prendre des mesures pour éviter que du matériel nucléaire se retrouve entre les mains de terroristes. Malgré ces gestes, un militant du désarmement nucléaire estime que le Canada doit faire davantage.

«Nous devons commencer à essayer de mettre en pratique la vision du président Obama pour un monde sans armes nucléaires. Nous devons nous rallier à ce qu'Obama tente de faire», affirme Douglas Roche.

«Il a besoin d'appui, d'un appui fort venant des pays comme le Canada, mais je crois que l'appui du Canada au programme d'Obama est trop faible jusqu'à maintenant», ajoute M. Roche, qui a été député fédéral, ambassadeur du Canada pour le désarmement à l'ONU et sénateur de 1998 à 2004.

Le Sommet sur la sécurité nucléaire de la semaine dernière avait été convié à Washington par Barack Obama.

Les dirigeants de 47 pays se sont entendus sur les mesures à prendre durant les quatre prochaines années pour empêcher les terroristes d'obtenir du matériel nucléaire, qu'il s'agisse de plutonium ou d'uranium hautement enrichi (UHE).

Le premier ministre, Stephen Harper, a annoncé que les stocks usés d'UHE des Laboratoires de Chalk River seraient envoyés aux États-Unis pour être transformés et ainsi les rendre inutilisables pour fabriquer des armes nucléaires. Le Canada va également aider à financer le retour de tout l'UHE mexicain aux États-Unis et convertir l'unique réacteur mexicain pour qu'il fonctionne au carburant nucléaire faiblement enrichi. Il s'agit d'un projet conjoint avec le Mexique, les États-Unis et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Ce projet renforce le Partenariat mondial contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes du G8, lancé sous la direction du Canada en 2002.

Le Canada est l’un des 25 pays à avoir annoncé des mesures concrètes durant le sommet. Dans le communiqué final de la rencontre, les pays disent s'être engagés à sécuriser tout leur matériel et installations nucléaires d'ici 2014 et à empêcher que des acteurs non étatiques obtiennent l'information ou la technologie nécessaire pour fabriquer des armes nucléaires.

Ils ont souligné le besoin de nouvelles lois, règlementations et technologies afin de renforcer la sécurité nucléaire et ont exprimé le désir de voir une meilleure coopération internationale afin de contrecarrer le trafic nucléaire illicite.

Le sommet n'est qu'un début

Le sommet n'a fait que «commencer à effleurer le problème», affirme M. Roche. En tant que membre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), il estime que le Canada devrait travailler avec des «pays ayant les mêmes positions» comme le Brésil, l'Égypte, l'Irlande, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et la Suède qui ont formé une coalition demandant des progrès plus significatifs dans le domaine du désarmement nucléaire tel que stipulé dans le TNP.

Il souligne que le Canada est, par contre, réticent à se joindre à ce groupe qui est membre de l'OTAN, et cette organisation adhère à la doctrine selon laquelle les armes nucléaires sont essentielles.

«La position du Canada d'appuyer le TNP, qui appelle à l'élimination totale des armes nucléaires, et d'être membre de l'OTAN, qui juge que ces armes sont essentielles, est incohérente», croit M. Roche.

Du même coup, le TNP fait face à ses propres défis.

M. Roche indique que l'Inde, le Pakistan et Israël – qui possèdent des armes nucléaires – ne sont pas membres parce qu'ils considèrent le TNP discriminatoire, permettant aux États puissants de conserver leurs armes tout en empêchant d'autres de s'en procurer. La Corée du Nord, un autre État nucléaire, s'est retirée du TNP en 2003.

L'Inde, le Pakistan et Israël ont été invités au sommet, tandis que la Corée du Nord ainsi que l'Iran et la Syrie, membres du TNP, n'ont pas été invités. La communauté internationale considère que l'Iran et la Corée du Nord sont des violateurs du TNP et les États-Unis estimeraient que la Syrie a des ambitions nucléaires.

Les États-Unis et la Russie ont signé un traité de réduction de leurs armes nucléaires le 8 avril 2010 à Prague, mais M. Roche indique «qu'ils auront encore 1500 armes stratégiques déployées en plus des innombrables armes de réserve et tactiques, ce qui veut dire qu'il y aura encore environ 22 000 armes nucléaires dans le monde, dont 95 % appartiennent aux États-Unis et à la Russie».

«Le TNP, bien qu'il est très, très important, est sujet à l'érosion en ce moment, juge-t-il, attribuant cela «aux grandes puissances qui ne remplissent pas leurs obligations de l'Article IV [sur le désarmement]».

Une conférence visant à réviser le TNP se tient tous les cinq ans et la prochaine se tiendra au mois de mai à New York. Quant au prochain sommet sur la sécurité nucléaire, il devrait avoir lieu en 2012 en Corée du Sud.

Convention sur les armes nucléaires

Douglas Roche souhaite la création d'une convention sur les armes nucléaires qui interdirait le développement et la production de ces armes par tous les pays. La conformité serait vérifiée et appliquée par le droit international.

Douglas Roche, le lauréat du Nobel John Polanyi, et le récipiendaire de Médaille Pearson pour la paix, Murray Thomson, ont présenté dernièrement à Stephen Harper une déclaration cosignée et représentant plus de 500 membres de l'Ordre du Canada en appui à la convention.

Leur pétition s'imbrique dans un mouvement mondial visant la conclusion d'une telle entente.

«Un jour, un tel traité sera en vigueur, sinon il y aura une guerre nucléaire. Il est très facile de prévoir qu'un ou l'autre surviendra», estime M. Roche.

Il souligne un avertissement en novembre dernier provenant de l'ex-directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, qui a dit que 200 incidents de trafic illicite avaient été rapportés à l'agence au cours de la dernière année et que ce chiffre était peut-être seulement «la partie visible de l'iceberg».

M. Roche ajoute que l'ex-secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a déjà déclaré que le monde se dirigeait «comme un somnambule» vers une catastrophe nucléaire.

«Une volonté politique suffisante» a déjà mené à deux traités interdisant les armes chimiques et biologiques, affirme M. Roche.

«Les pays semblent comprendre le dommage que [ces armes] causaient et ils ont oublié que les armes nucléaires auraient un effet mondial catastrophique.»

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.