Venezuela: des gangs à l'assaut des commissariats

Écrit par Carlos Morales, La Grande Époque
05.04.2010

  • Tareck El Aissami, ministre de la Justice du Venezuela, auprès d'armes saisies. (JUAN BARRETO/AFP/Getty Images)(Staff: JUAN BARRETO / 2009 AFP)

CARACAS, Venezuela – Les activités criminelles à Caracas ont franchi une nouvelle étape en ce début d’année, les gangs n'hésitant plus à s'attaquer directement à la police.

Les gangs vénézuéliens ont maintenant commencé à prendre d'assaut des commissariats de police, tuant des officiers et volant des armes ensuite utilisées dans leurs activités criminelles. Le week-end du 21 mars, 51 personnes ont été exécutées par des gangs, indique Globovisión TV.

Le 21 mars, encore, un gang de plusieurs dizaines de personnes a pris d'assaut en camion et avec une vingtaine de motos le commissariat Nueva Tacagua à Caracas.

Dans une déclaration publique le lendemain des faits, le ministère de la Justice et de l'Intérieur indiquait que le gang avait volé 16 armes automatiques, 29 revolvers, plusieurs mitraillettes Heckler & Koch et des gaz lacrymogènes.

Très rapidement, les responsables de l'attaque ont été retrouvés ainsi que les armes dérobées, grâce à une opération durant laquelle les enquêteurs se sont fait passer pour des acheteurs potentiels. Quatorze suspects ont été arrêtés lors de l'opération.

Le chef de la police urbaine Carlos Meza et les membres de la police scientifique enquêtent actuellement afin d'établir les responsabilités dans cet incident. Pour Tareck el Aissami, ministre de la Justice et de l'Intérieur, des «fautes de la police» ont déjà été identifiées: «Deux enquêtes sont en cours, une criminelle et une administrative, parce que nous pensons qu'il y a eu des fautes policières étant donné que le nombre de policiers sur place était celui auquel on s'attendait. C'est pourquoi nous devons envisager – comme nous l'avons fait dans d'autres cas – qu'il y ait eu collusion».

Les soupçons officiellement exprimés sont sans doute liés au fait que, dans de nombreux cas, les victimes d'attaques de gang ont affirmé que les voleurs s'exprimaient en utilisant du «jargon policier».

Efficacité à éclipses

L'inquiétude grandit à Caracas dans cet environnement d'insécurité, alimenté par l'incapacité de la police à se protéger elle-même et à mettre fin aux agissements des gangs. Le gouvernement d'Hugo Chavez est par contre particulièrement efficace dans la répression des voix dissidentes, comme illustré par l'arrestation, le 22 mars, d'Oswaldo Álvarez Paz, ancien gouverneur et candidat à la présidence, accusé d'avoir répandu de «fausses accusations» - Monsieur Paz affirmait que le Venezuela est devenu un havre pour les trafiquants de drogue. «Personne n'a le droit de diffamer, de mentir, et de manipuler les médias ici», a expliqué Monsieur El Aissami, cité par le Washington Post. Dans le domaine des médias justement, c'est Guillermo Zuloaga, le propriétaire de la chaîne Globovision, qui a été arrêté jeudi 25 mars pour avoir diffusé de «fausses informations susceptible de provoquer une panique populaire». Il avait critiqué Hugo Chavez.