Pas de braderie sur l'ivoire en Zambie et Tanzanie

Écrit par Peter Valk, La Grande Époque
06.04.2010

  • (ALEXANDER JOE/AFP)(STF: ALEXANDER JOE / ImageForum)

Il y a un os, ont répondu les Nations unies aux demandes de la Zambie et de la Tanzanie de pouvoir écouler leur stock d'ivoire, dont la valeur est estimée à 15 millions de dollars. La CITES (Convention sur le commerce international des espèces menacées de la flore et de la faune) a pris le 22 mars position contre la requête des deux pays lors de sa rencontre annuelle à Doha, au Qatar. L'accroissement du braconnage et des ventes illégales d'ivoire dans les deux pays en 2009 sont les raisons principales de ce refus. L'association Trafic indique par ailleurs que plus de la moitié du stock concerné est d'origine inconnue.

Depuis l'interdiction de son commerce en 1989, des exceptions ont été accordées à certains pays qui avaient pris des mesures jugées efficaces pour la protection des espèces menacées. Mais tous ne sont pas bons élèves: «Il est crucial pour les pays d'Afrique centrale et occidentale de faire cesser le braconnage sauvage, principalement alimenté par le crime organisé et par les marchés illégaux de l'ivoire qui opèrent librement sur leur territoire avant que des ventes puissent avoir lieu», explique Sybille Klenzendorf, directrice de la conservation des espèces au WWF.

D'après un rapport de l'ETIS (Elephant Trade Information System), organisme spécialisé dans le suivi des saisies d'ivoire, il existe un lien direct entre le braconnage et la volonté gouvernementale réelle de l'interrompre. Durant les deux dernières années, le nombre d'éléphants tués par des braconniers a quadruplé.

Les opposants à l'interdiction de vente arguent que la Tanzanie devrait être autorisée à se séparer de son stock qui lui coûte beaucoup en gardiennage et en frais de stockage.

Pendant la rencontre de Doha, à laquelle 175 pays ont participé, le rôle des ventes par internet dans l'augmentation du trafic a été pointé. Pour les associations de défense des espèces menacées, il s'agit de la dernière et de la plus sérieuse menace contre la préservation de la vie sauvage.

«Les transactions vont de-ci de-là avant que quiconque ne réalise, et c'est au final les bureaux de poste qui sont les dernières barrières», soupire Paul Todd, directeur de campagne du Fonds International pour le bien-être animal (FAW), cité par la chaîne ABC news.

En 2005, une enquête de FAW avait montré qu'en une seule semaine, 9.000 animaux vivants ou produits dérivés avaient été mis en vente sur des sites en langue anglaise, y compris le site d'enchères eBay. Parmi eux, un gorille disponible à Londres, et un tigre de Sibérie aux Etats-Unis.

Le Nigéria, la République Démocratique du Congo et la Thaïlande sont les pays le plus accusés de laisser les trafics d'animaux protégés se dérouler impunément.