Chaos au Parlement ukrainien pour bloquer une entente avec Moscou

Écrit par Andrey Volkov, La Grande Époque
02.05.2010
  • Le personnel de sécurité protège le président du Parlement ukrainien contre des œufs qui lui étaient lancés le 27 avril 2010 à Kiev(攝影: / 大紀元)

KIEV, Ukraine – Le Parlement ukrainien s'est transformé en cirque chaotique le 27 avril tandis que des politiciens ont lancé des bombes fumigènes, des œufs et des poings pour s'opposer à la tentative du gouvernement de ratifier la récente entente avec la Russie sur le gaz, que l’opposition qualifie d’«inconstitutionnelle».

Selon la nouvelle entente, la Russie peut conserver sa flotte navale dans le port ukrainien de Sébastopol jusqu’en 2047, soit 25 ans de plus que l’échéance du contrat initial. En échange, l’Ukraine pourra acheter du gaz russe à meilleur marché, ce que le gouvernement considère essentiel pour aider l'économie en lambeaux.

L’opposition en Ukraine considère que l’accord est «anti-ukrainien», affirmant que le président prorusse Yanukovych a vendu la souveraineté du pays en permettant «l’occupation» russe.

Lorsque la session parlementaire s'est ouverte à Kiev, les députés de l’opposition ont lancé des œufs au président de la Chambre, Volodymyr Lytvyn, qui a été protégé par du personnel de sécurité avec des parapluies noirs. La scène s'apparentait au pandémonium, alors que des bagarres éclataient ici et là et que l’opposition déclenchait des bombes fumigènes dans l’espoir d'empêcher la tenue du vote.

Après environ 40 minutes d'échauffourées, la sécurité a interdit l'accès des médias à la salle, indiquant sans plus d'explication aux journalistes que «tout était rentré dans l'ordre».

Malgré le chaos, l’accord a été adopté avec 236 voix sur une possibilité de 450.

Le Parlement russe a également ratifié l’entente le 29 avril.

À l’extérieur de l’édifice gouvernemental, des manifestants de l’opposition mécontents s'étaient rassemblés sur un côté de la rue, tandis que des partisans du gouvernement occupaient l’autre côté. La présence policière était substantielle, dépassant possiblement en nombre les manifestants des deux côtés.

Dans un petit accrochage, un groupe de manifestants a tenté de traverser le cordon de sécurité pour entrer au Parlement, mais il a été stoppé par les policiers.

Plusieurs Ukrainiens qui ont vu la débandade à la télévision ont été découragés par le comportement des politiciens.

«Les mots que je souhaiterais dire seraient difficiles à traduire et plutôt impropres à publier dans un journal. Dans un pays démocratique et civilisé, ces choses sont inacceptables. Les ministres devraient être la crème de la crème, mais les coups de poing dans notre Parlement jurent dans le décor. Ça ressemble à un cirque», a commenté Taras Bilyi, un étudiant qui fait une maîtrise en droit à l’Université de Kharkiv.

Dans une rare démonstration de solidarité, tous les chefs de l’opposition ont fait front commun, entraînant une division encore plus profonde entre le sud-est de l’Ukraine – qui penche en faveur de Moscou – et l’ouest, où les nationalistes ont de solides bases.

«Aujourd’hui est une page noire dans l’histoire de l’indépendance de l’Ukraine», a déclaré aux journalistes l’ex-première ministre et chef de l’opposition, Yulia Tymoshenko.

Mme Tymoshenko, qui a remporté plus de 12 millions de voix aux élections qu’elle a perdues en février dernier face à Yanukovych, a fortement condamné le gouvernement actuel et a déclaré qu’elle voyagerait dans tout le pays pour inciter la population à demander de nouvelles élections.

Depuis que M. Yanukovych est devenu président, les liens entre Kiev et Moscou se sont resserrés, avec de fréquentes rencontres entres les hauts représentants des deux pays.

À la dernière rencontre le 26 avril, le premier ministre russe, Vladimir Poutine, est venu à Kiev pour discuter de coopération en matière de fabrication d’avions et de bateaux ainsi que d'énergie nucléaire.