Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

De l’écotourisme au Chiapas

Écrit par Christiane Goor, La Grande Époque
23.05.2010
| A-/A+

  • (Charles Mahaux)(攝影: / 大紀元)

Aujourd’hui le discours écologique n’est plus le reflet d’une mode, il apparaît davantage comme le vecteur d’un art de vivre responsable, soucieux de l’avenir de la planète. A ce titre, de plus en plus nombreux sont les touristes qui cherchent à conjuguer plaisir, détente, découverte avec l’éthique touristique. Depuis peu, des agences proposent des séjours conçus pour ces adeptes de tourisme différent, responsable, en dehors des sentiers battus.

Ceux qui rêvent par exemple de découvrir le Mexique en toute simplicité, dans le respect des représentations symboliques et dans la rencontre avec les coopératives indigènes peuvent contacter «le Mexique Autrement», une agence de voyages réceptive installée à Mexico.

Convivialité, souplesse, simplicité et authenticité, tels en sont les axes moteurs en proposant des circuits qui sont autant de routes aventureuses au travers du pays, à vivre comme un apprentissage, une réelle ouverture vers la civilisation mexicaine. Chaque circuit prévoit la visite de coopératives indigènes à la source du commerce local, qu’il s’agisse de textiles, de café, de chocolat, de papier, ou encore de céramique. Autant de démarches soucieuses de développer de nouveaux comportements mais qui devraient encore être travaillées pour épouser plus adéquatement la demande des touristes.

Vivre chez les Lacandons

Même si chaque circuit propose une aventure thématique, la rencontre avec la culture locale est toujours au rendez-vous. Ainsi en va-t-il quand la Ruta baptisée Auténtica emmène les voyageurs au cœur de la forêt vierge du Chiapas, chez les Lacandons. Autrefois cet enfer vert, qui n’a rien à envier à la forêt amazonienne, a protégé ce peuple d’agriculteurs des incursions de l’époque coloniale.

Durant des siècles, ils ont vécu en défrichant la jungle pour y cultiver du maïs, du manioc, des courges, des patates douces et du tabac. Dans les années cinquante, sous la pression des colons et des forestiers, leur territoire s’est amenuisé et n’a plus permis la culture sur brûlis. Le gouvernement mexicain leur a alors concédé la gestion d’une réserve naturelle. Les Lacandons se sont regroupés dans trois hameaux et ont choisi de se reconvertir dans le tourisme.

  • (Charles Mahaux)(攝影: / 大紀元)

La route est longue pour atteindre le village de Lacanja, ponctuée d’innombrables topes, ces monstrueux dos d’âne que l’on retrouve un peu partout sur les routes. Les heures chaudes de l’après-midi s’étirent lentement et les rayons dorés du soleil semblent danser sur les feuilles de palmiers qui recouvrent les paillottes.

Vêtu de sa longue tunique blanche, les cheveux longs flottant sur les épaules, Enrique, le chef du campement, vient nous accueillir pour nous attribuer un cabanon, une case traditionnelle simple mais confortable. Les chambres ouvrent sur une large pelouse, essaimée de bananiers, de citronniers et de frangipaniers.

Une fillette souriante enfile adroitement des fleurs d’hibiscus sur une longue tige et l’offre en cadeau de bienvenue. Plus timides, d’autres enfants, également habillés d’une robe blanche, les cheveux noirs de jais longs sur les épaules et la frange coupée courte sur le front, jouent à se cacher derrière les buissons fleuris.

Avec le soir qui tombe, une douce sérénité a envahi le village et chacun se sent saisi par la magie du lieu. Ici, pas de vie nocturne. Pour prendre la mesure du temps, il faut s’installer dans un des hamacs tendus entre les arbres et écouter le silence de la nuit, émaillée de bruits furtifs qui naissent à la lisière de la forêt.

Le matin s’éveille tôt, avec le chant du coq et les cris aigus d’oiseaux multicolores. Le petit déjeuner est servi chez Enrique: la longue table est dressée, garnie de fruits frais, d’œufs frits et de tortillas. Toute la famille nous attend pour nous convier à partager ce premier repas.

Leçon de choses

Deux excursions sont prévues. La première nous emmène en camionnette jusqu’à Bonampak, l’unique site maya qui ait conservé ses peintures murales. Cette cité a connu son apogée durant la seconde moitié du VIIIe siècle de notre ère, sous le règne de Chaan Muan II, dernier gouverneur de la ville, avant que Tonina, sa rivale voisine, ne la détruise complètement. Plusieurs stèles jalonnent l’acropole, elles célèbrent le roi Chaan, vêtu de jade et de coquillages. Les fresques des temples peu éclairées paraissent indéchiffrables. Elles racontent pourtant des tranches de vie de jadis, souvenirs d’activités importantes rythmées par des batailles et des sacrifices religieux.

Mais le charme de Bonampak tient surtout à son emplacement au cœur d’un océan de verdure. Le site, étagé sur une colline, invite à escalader toutes les marches. De là-haut, les pierres ciselées de lumière semblent s’animer et on se sent ébloui par le panorama qui s’ouvre sur le moutonnement de la forêt qui masque l’horizon. A la lisière de la place se dressent de grands arbres auxquels sont suspendus des nids flottant d’où s’envolent des oiseaux au ventre mordoré qui chantent la beauté incomparable du site.

L’après-midi, les Indiens Lacandons proposent une randonnée au cœur même de la jungle, à la découverte d’une nature exubérante. Fouillis gigantesque de lianes grimpant à l’assaut d’arbres majestueux qui abritent des singes hurleurs, racines entrelacées de mangroves au bord de la rivière, fleurs éclatantes qui illuminent la pénombre du bois.

Les guides expliquent l’arbre sacré des Mayas, le ceiba, dont les frondaisons semblent toucher les nuages et dont les racines pénètrent profondément le sol pour permettre d’établir une connexion entre l’inframonde et le monde des cieux. Il y a aussi le matapalo, un arbre parasite qui s’installe autour d’un autre jusqu’à finir par le tuer; le chicabuto, l’arbre qui saigne et fournit le pigment rouge des fresques; le bejuco dont l’écorce imbibée d’eau permet de tisser des fibres et de fabriquer des sacs.

La balade s’achève à l’ombre des ruines du site de Lacanja, une ancienne cité maya envahie par la végétation qui semble la protéger aujourd’hui. Il émane des lieux une étrange impression d’aventure mystique, liée à la mystérieuse disparition de cette civilisation. Au retour, la rivière qui creuse de superbes baignoires, invite à un plongeon dans ses eaux fraîches. L’ombre de la forêt est bienfaisante et le soleil dessine un arc-en-ciel furtif en accrochant ses rayons aux éclaboussures étincelantes d’une cascade. Derrière les chants des criquets, on entend vrombir la chaleur bondissante de la forêt tropicale. Il est temps de repartir et de fermer la porte derrière soi pour préserver ce coin de paradis.

Une adresse incontournable pour les adeptes d’un tourisme alternatif aux globe-trotters et aux groupes www.lemexiqueautrement.com.mx

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.