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Thaïlande: lendemains douloureux à Bangkok

Écrit par IRIN News
24.05.2010
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  • Un pompier combat les flammes qui ont engouffré le plus grand centre commercial de la Thaïlande, le Central World.(Stringer: Athit Perawongmetha / 2010 Getty Images)

BANGKOK – Les habitants de la capitale thaïlandaise ramassent les morceaux après des semaines de manifestations, qui ont débouché sur des émeutes et des effusions de sang ces derniers jours.

Les manifestants ont passé près de deux mois dans des camps fortifiés avant de consolider leur position dans une zone de trois kilomètres carrés dans le quartier commercial de la ville. Le 19 mai, l’armée thaïlandaise a lancé une opération pour mettre fin à l’impasse, et certains quartiers du centre-ville ont été lourdement affectés.

Depuis la mi-mars, des milliers de manifestants anti-gouvernement – connus sous le nom de «Chemises rouges» à cause de leur tenue – s’étaient rassemblés dans la ville pour demander le départ du premier ministre, Abhisit Vejjajiva, porté au pouvoir en décembre 2008 par un vote parlementaire spécial.

Quand les habitants se sont réveillés le 20 mai, des quartiers entiers de la ville étaient couverts de pneus brûlés, de verre brisé et de déchets, et une trentaine de bâtiments avaient été incendiés par des manifestants en colère, dont la Bourse, des banques et un des plus grands centres commerciaux d’Asie du Sud-Est.

Des commerces détruits

Le conflit a endommagé des maisons et des commerces, provoquant des pertes s’élevant à plusieurs millions de dollars, et beaucoup d’habitants ressentent aujourd’hui les effets de la baisse de fréquentation des commerces, qui dure depuis plusieurs semaines.

Aanchit gagnait entre 25 et 50 dollars par jour grâce à son stand de nourriture sur Rama IV Road, jusqu’à ce que les manifestants occupent la rue.

«Les manifestations ont ruiné mon commerce», a-t-il dit à IRIN. «Mon stand a été brûlé la nuit dernière quand ils [les Chemises rouges] se sont repliées en mettant le feu au bâtiment», a-t-il dit en montrant un petit immeuble ravagé par les flammes, gardé par des soldats.

La rue, autrefois animée, est aujourd’hui couverte de la suie des pneus brûlés et bordée de bâtiments noircis, sur lesquels des enseignes en plastique fondues ont coulé comme de la cire de bougie.

Sa femme, Amboy, a dit que le commerce était ce qui les faisait vivre, et représentait leur unique espoir de permettre à leurs enfants d’échapper à la pauvreté.

«Nous n’avons pas une belle maison, mais nous voulons que nos enfants [vivent] mieux», a dit Aanchit, ajoutant que ses économies seraient largement épuisées une fois que le stand serait réparé.

À cause du conflit, les visiteurs évitaient de se rendre dans cette partie de la ville, et les bureaux et les ambassades avaient fermé leurs portes.

«Quand les gens ne vont pas travailler, cela signifie qu’ils ne prennent pas de pauses-déjeuners, et je n’ai pas de revenus», a dit ce père de quatre enfants. Suite à cela, son opinion sur le mouvement de protestation est mitigée.

Batailles rangées

«J’aime bien Thaksin [Shinawatra, ancien premier ministre renversé par un coup d’État], mais je pense que cette manifestation a duré trop longtemps. Je pense que les manifestants auraient dû accepter un compromis», a dit M. Pornchai, qui est originaire de l’Isan, fief des Chemises rouges.

Il y a quelques nuits, sa rue a été le théâtre de batailles rangées entre les forces de sécurité et les manifestants, et des témoins ont dit avoir vu des Chemises rouges lancer des armes artisanales sur les soldats.

Des tireurs de l’armée postés dans un immeuble élevé non loin de là ont touché des maisons et des magasins, causant des dommages s’élevant à plusieurs milliers de dollars et forçant de nombreux habitants à fuir pour protéger leur vie.

Chong, 55 ans, a été forcée de fuir lorsque des manifestants ont incendié des pneus dans la rue et annoncé qu’ils se préparaient à faire exploser un camion de pétrole. Aux alentours de minuit, des manifestants ont descendu la rue en courant, tambourinant aux portes et criant aux habitants de partir.

«Je vais probablement dépenser environ un mois de salaire pour réparer ma maison… C’est difficile parce que je suis déjà endettée», a-t-elle dit, montrant les impacts des balles qui ont traversé la fenêtre du deuxième étage de sa maison. «Je n’aurais jamais pensé que des tireurs embusqués tireraient dans la pièce qui donne sur la rue», a dit cette mère de quatre enfants.

Les moyens de subsistance menacés

Pendant la nuit, la violence a fait rage dans différentes poches réparties à travers la ville, affectant tous les habitants, des riches propriétaires de centres commerciaux aux pauvres marchands de rue.

Ratchaprasong, une zone commerciale fréquentée par une clientèle favorisée, en plein cœur commercial de Bangkok, fait partie des quartiers les plus meurtris. Au bout de près de deux mois sans travail, le personnel du centre commercial a perdu des revenus plus que nécessaires.

«Je ne suis pas allé au travail depuis le début des manifestations… Ma femme est retournée au village et je ne lui ai pas envoyé d’argent depuis près de quatre semaines», a dit Krasong, qui a un enfant souffrant de troubles respiratoires.

«J’avais du mal à payer des soins médicaux quand je travaillais, alors c’est encore pire aujourd’hui», a-t-il dit, devant le centre commercial luxueux qui a été incendié.

Les employés comme Krasong ne pourront probablement pas retourner au travail avant des mois.

«Je vais devoir trouver un nouveau travail, mais étant donné l’état de l’économie, il faudra peut-être que je rentre chez moi.»

Depuis le début des manifestations, les violences ont fait au moins 75 morts et plus de 1000 blessés.

Le 20 mai, le gouvernement a maintenu l’état d’urgence dans la moitié des provinces du pays, afin d’empêcher de nouvelles manifestations et de nouvelles violences, ou d’être en mesure d’y répondre le cas échéant.

Source : IRIN News

 

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