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Le Nil, fleuve mythique: les riverains souhaitent l’équité

Écrit par Héloise Roc, La Grande Epoque
27.05.2010
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  • Les flamants roses étaient considérés en Égypte comme l'incarnation du Phoenix. Sam Panthaky/Getty Image(攝影: / 大紀元)

Le 14 mai, quatre pays d’Afrique ont signé un nouvel accord sur le partage des eaux du Nil : l’Éthiopie, l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie. Ces pays sont en négociation depuis une dizaine d’années et les riverains du fleuve souhaitent un partage plus juste des eaux du Nil. C’est à Entebbe, ancienne capitale de l'Ouganda, qu’ils ont signé cet accord. Le fleuve a été depuis toujours la voie de communication et de commerce la plus importante pour circuler du nord au sud du continent.

Malgré l’opposition de l’Égypte et du Soudan sur ce projet de partage des eaux, les pays se sont tout de même réunis. En effet, l'Égypte et le Soudan considèrent avoir des «droits historiques» sur le Nil, ils croient être les principaux bénéficiaires; ceci à cause du dernier traité de partage des eaux datant de 1959. Mais selon M. Dingamo, ministre éthiopien des Ressources hydrauliques, «la coopération n'est pas un choix mais une nécessité. Le Nil est une ressource pour tous, et non pas pour un nombre limité de pays». M. Dingamo juge qu’une majorité de riverains signera l’accord établi. Le Kenya a d’ailleurs assuré les signataires d’un soutien inconditionnel qu’il confirmera dès que possible. Les représentants du Burundi et de la République démocratique du Congo doivent aussi entériner l’accord.

Dans le passé, l’Égypte était intransigeante et disait qu’il était impossible d’envisager la réduction du débit du fleuve. Elle brandissait la menace d’une guerre. Mais, pour anticiper cette éventualité, les pays riverains se sont solidarisés, ils ont créé l’Initiative pour le bassin du Nil (NBI), une base institutionnelle assurant la coopération entre les États du bassin du Nil. Cependant, l’Égypte, malgré son adhésion, est toujours réticente car elle risque ainsi de perdre sa suprématie.

Une injustice

Effectivement, l’Égypte et le Soudan s’attribuent l’essentiel des eaux du Nil soit respectivement 55,5 milliards de m3 et 18,5 milliards, soit 87 % du débit du fleuve. C’est pourquoi le Caire et Khartoum appréhendent ce nouvel accord. Long de près de 6700 kilomètres, le Nil est issu de la rencontre du Nil Blanc, qui prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie), et du Nil Bleu, dont l'origine est le lac Tana, en Éthiopie.

Selon l’UNESCO, il semble que les dix États qui se partagent le bassin du Nil opteront pour le partage équitable, même si la situation peut paraître bloquée par l’absence de l’Égypte et du Soudan, les bénéficiaires principaux. «L’eau est un facteur majeur dans l’avènement et la chute des civilisations», écrit le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, dans sa préface au Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau. Cette réflexion s’applique surtout au delta du Nil, où l’eau et les limons venus du cœur de l’Afrique entretiennent l’agriculture depuis cinq mille ans.

Jusque-là l’Égypte a joué l’intimidation

Jan Luijendijk, ingénieur hollandais et expert à l’Institut UNESCO-IHE d’éducation relative à l’eau (Pays-Bas), a étudié l’eau du Nil : 85 % des eaux qui baignent l’Égypte proviennent de l’Éthiopie par le Nil Bleu. «Si l’Éthiopie décidait d’y construire un barrage, explique-t-il, l’Égypte lui déclarerait immédiatement la guerre. Elle n’aurait pas le choix.» Il pensait par ailleurs que si n’importe lequel des neuf autres États décidait de se partager le bassin du Nil, réduisant ainsi le débit du fleuve en Égypte, la guerre serait inévitable. Mais la création de l’Initiative du bassin du Nil a été une manière de prévenir cette éventualité.

L’Éthiopie maîtresse de l’initiative

L’Égypte s’inquiète de la nature des relations israélo-éthiopiennes en matière hydraulique. L’Éthiopie souhaiterait exercer son droit et mettre en valeur ses ressources naturelles. Elle a critiqué l’Égypte d’avoir construit le barrage d’Assouan sans la consulter et de s’être attribuée la part du lion des eaux du Nil. La seule chose qui avait empêché l’Éthiopie de développer l’agriculture en irriguant était la menace militaire de la part de l’Égypte. Et, lorsqu’elle a demandé à des hydrologues israéliens en 1989 d’étudier ses ressources en eau, elle avait reçu des mises en garde du Caire.

La revendication de l’Éthiopie d’utiliser l’eau issue de son territoire rappelle d’autres situations. En effet, les États-Unis s’étaient opposés au Mexique, en 1895, concernant la partie du Rio Grande coulant sur son territoire et avaient décidé qu’ils n’étaient en aucun cas tenus de partager le fleuve. Le ministre de la Justice américain, Judson Harmon, avait assuré que les États-Unis jouissaient d’une entière souveraineté sur l’eau jaillissant de leurs terres.

Dernièrement, la Turquie a eu recours à la même doctrine pour justifier la construction de barrages sur l’Euphrate au détriment des pays situés en aval, la Syrie et l’Irak. C’est ainsi que le président turc, Suleyman Demirel, avait déclaré que les pays n’avaient pas plus le droit de réclamer l’eau de la Turquie que la Turquie n’avait le droit de réclamer leur pétrole.

Mais si cette loi du «premier venu, premier servi» devait s’appliquer au Nil, l’Égypte n’aurait pas d’eau, elle ne bénéficierait que des eaux souterraines. Cependant, les pays africains auront peut-être l’intelligence d’un partage équitable des eaux.

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