Les Ouïghours célèbrent le départ du secrétaire du Parti

Écrit par Luo Ya, La Grande Époque
03.05.2010
  • Des Ouïghours exilés en Australie manifestent devant le consulat chinois de Melbourne.(Stringer: PAUL CROCK / 2009 AFP)

Des feux d'artifice ont tapissé le ciel d'Urumqi, la capitale du Xinjiang, en Chine, suite à la nouvelle que le secrétaire du Parti communiste de la province, Wang Lequan, serait remplacé.

Wang, qui occupait le poste depuis 15 ans, a été remplacé huit mois après les troubles ethniques qui ont causé des centaines de morts et provoqué un blocus des médias imposé par le régime et qui a duré six mois. Wang sera remplacé par Zhang Chunxian, l'ex-secrétaire du Parti dans la province du Hunan, selon l'agence officielle Xinhua.

Des travailleurs du Corps de production et de construction du Xinjiang (XPCC) et des habitants du sud du Xinjiang ont aussi célébré en faisant parvenir à des hauts fonctionnaires des lettres de doléances concernant Wang Lequan.

Un membre de l'ethnie ouïgoure, ayant demandé de conserver l'anonymat, s'est confié à La Grande Époque au sujet du changement de garde. «Wang Lequan est parti et nous sommes tellement contents. Pour la population du Xinjiang, Wang a été un désastre […] L'“incident” du 5 juillet 2009 à Urumqi a été causé et géré par lui. Ce n'est pas comme s'il avait seulement mal géré l'affaire.»

Un autre homme a affirmé qu'il travaillait sur l'une des bases militaires au Xinjiang. «Nous, les gens du Xinjiang, n'aimions pas Wang Lequan – pas du tout […] Il n'a rien fait pour les gens ici», a-t-il mentionné.

L'individu a ajouté que Wang avait réduit les salaires du personnel du XPCC et ceux des troupes. Entre-temps, «il a détourné beaucoup d'argent vers ses proches et amis et la population était sévèrement opprimée […] Tous les gens ici étaient très en colère, mais n'osaient pas s'exprimer. Ils avaient peur d'être victimes de représailles s'ils le dénonçaient».

Selon la même source, la population a peur de s'adresser aux médias étrangers, car cela est considéré par le régime comme «dévoiler des secrets d'État».

Un autre habitant a commenté : «Il mangeait plus de dix variétés de nourriture au petit-déjeuner. Il agissait comme un empereur. Les gens du Xinjiang n'aiment pas ce genre de fonctionnaire.»

Considérant le remplaçant de Wang Lequan, un résidant a confié «ne pas avoir d'espoir. À l’heure actuelle, les hauts niveaux [de gouvernement] sont juste bons à louanger [Wang]. Nous devons [attendre] et voir ce qu'ils vont faire».

Le nombre officiel de morts suite aux troubles à Urumqi en juillet 2009, selon le Ming Pao Daily, est de 200. Selon les Ouïghours de la région, il y aurait eu au moins 800 morts seulement dans leur communauté.

La violence dans les rues avait attiré l'attention internationale sur le Xinjiang, et le Parti communiste chinois (PCC) avait été critiqué quant à sa gestion de la crise.

Wang Lequan a maintenant été nommé au poste de vice-président du Comité national du PCC, soit une rétrogradation évidente, selon un commentaire de la BBC.

Le Xinjiang était autrefois la terre des Ouïghours, une ethnie turque musulmane. Après des décennies de colonisation chinoise, ils sont devenus une minorité chez eux. Le Xinjiang, au nord-ouest de la Chine, est riche en pétrole, en gaz naturel et en charbon, mais les investissements de l'État dans la région n'ont pas profité à la plupart des Ouïghours.