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Les nouveaux missiles du Hezbollah

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque
08.05.2010
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  • Des militants du Hezbollah surveillent un de leurs missiles devant une affiche à l’image d’Hassan Nasrallah. (MAHMOUD ZAYAT/AFP/Getty Images)(Stringer: MAHMOUD ZAYAT / 2009 AFP)

L’escalade verbale a de quoi inquiéter. Le Secrétaire américain à la Défense Robert Gates a prévenu le 27 avril que le Hezbollah libanais dispose maintenant de plus de missiles que la plupart des gouvernements. Robert Gates a accusé la Syrie et l’Iran de fournir des armes «de portée croissante» à la branche militaire du mouvement chiite libanais, après avoir rencontré son homologue israélien Ehud Barak à Washington.

«Nous en sommes maintenant arrivés au point où le Hezbollah a bien plus de roquettes et de missiles que la plupart des gouvernements de ce monde, et c’est évidemment déstabilisateur pour toute la région, ce qui nous pousse à observer avec attention», a expliqué Gates lors d’une conférence de presse au Pentagone, reprise par le Jerusalem Post.

Robert Gates n’a par contre pas validé l’affirmation faite par le gouvernement israélien quant à la fourniture par la Syrie au Hezbollah de missiles Scuds à longue portée.

Depuis la guerre du Liban de l’été 2006 durant laquelle plus d’un millier de civils libanais avaient été tués, contre 160 Israéliens, pour la plupart militaires, le Liban est sous embargo aux ventes d’armes. La résolution 1701 du Conseil de Sécurité des Nations unies n’autorise que des transferts limités soumis à son accord préalable.

Interrogations sur la stratégie syrienne

Pour Ehud Barak, les armes fournies par la Syrie peuvent «changer ou détruire le fragile équilibre au Liban.»

«Notre intention n’est pas de provoquer le moindre conflit majeur au Liban ou en Syrie mais nous observons avec attention ces développements et pensons qu’ils ne contribuent pas à la stabilité dans la région.»

La Syrie nie avoir fourni des missiles Scuds au Hezbollah, et M. Barak n’a pas repris à son compte l’accusation faite à ce sujet par le président israélien Shimon Peres à la mi-avril.

Pour autant, le Hezbollah a répondu que ses stocks d’armes étaient très inférieurs à ceux des Etats-Unis ou d’Israël. Un parlementaire libanais, membre du Hezbollah, a ainsi indiqué à la presse que son organisation comptait donc continuer de s’armer: «Notre choix a été et reste de nous garantir toutes les armes de résistance possibles», explique Hassan Fadlallah au journal Arabic As-Safir.

Un autre parlementaire du Hezbollah cité par la BBC, Nawwar al-Sahili, affirme que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah - qui a récemment affirmé pouvoir frapper Tel Aviv en cas de nouvelle guerre - ne «parle jamais à la légère.»

La Syrie nie, comme d’habitude, toute fourniture d’armes de sa part et retourne les accusations contre Israël qui souhaiterait «avec ces affirmations rendre l’atmosphère un peu plus délétère dans la région.»

Même son de cloche chez le Premier ministre libanais Saad Hariri pour qui Israël cherche des prétextes pour lancer des frappes militaires. «Israël paiera le prix fort s’il attaque le Liban», a repris le président libanais Michel Suleiman, cité par le Guardian. «Israël ne fait que chercher des raisons de détruire le Liban».

L’approche israélienne

Les experts militaires israéliens ont dit ne pas avoir opéré de frappes sur des convois d’armes qu’ils avaient vus entrer au Liban, privilégiant une information des Etats-Unis afin de pouvoir agir de façon diplomatique. Les experts du Moyen-Orient estiment qu’une attaque israélienne, qu’elle soit menée sur l’Iran comme annoncée depuis des mois ou sur la Syrie, entraînerait une réponse armée par le Hezbollah.

Dans les colonnes du Haaretz, Oded Tira, un général israélien et ancien chef de l’artillerie donne déjà comme priorité stratégique la mise à bas du régime syrien. «Dans les unités mobiles des forces de défense israéliennes, l’infanterie et les forces spéciales – en particulier celles qui ont la capacité d’atteindre n’importe quel endroit sur un champ de bataille – doivent être renforcées. Israël doit préparer la communauté internationale à une guerre de ce type et devra dire clairement que nous n’avons pas d’autre choix. Israël devra expliquer que, parce que l’ennemi protège des terroristes en temps de guerre, nous n’avons pas d’autre choix que de frapper les infrastructures ennemies. Le seul fait de lancer un débat international sur le sujet démasquera les Syriens d’un côté, mais mettra Israël sous pression diplomatique internationale – le risque vaut cependant d’être pris.»

«Par-dessus tout, Israël doit dire clairement dès maintenant qu’en cas d’attaque de missiles par le nord, il agira avec comme objectif de faire immédiatement chuter le régime alawite en Syrie, avant même de s’occuper de la menace des missiles. Ceci pourrait décourager les Syriens d’armer le Hezbollah avec des Scuds par crainte que l’organisation musulmane ne tire des missiles sans d’abord se coordonner avec la Syrie.»

Le ministre (conservateur) des Affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, a cependant exclu des frappes préventives: «Israël n’a aucune intention de créer des provocations ou de prendre des décisions radicales.»

Avertissements américains…

Le 29 avril, malgré l’absence de preuves aux accusations d’Israël sur les missiles Scuds, la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton a indirectement appuyé la position de Shimon Peres en déclarant à Washington devant une organisation juive de lobbying que «transférer des armes à ces terroristes, en particulier les missiles à longue portée, serait une menace grave à la sécurité d’Israël et aurait un effet profondément déstabilisateur sur la région.» «Le président [syrien Bachar al] Assad prend des décisions qui peuvent signifier la guerre ou la paix dans la région», poursuit Mme Clinton, citée par la BBC.

Justifiant la décision de renouer des liens diplomatiques avec Damas en nommant un ambassadeur américain dans la capitale syrienne – une nomination encore suspendue à la décision du Sénat américain - Mme Clinton explique: «Nous savons qu’il écoute l’Iran, le Hezbollah et le Hamas. Il est crucial qu’il nous écoute aussi directement, pour que les conséquences potentielles de ses actions soient claires».

«C’est pour cela que nous renvoyons un ambassadeur en Syrie, il ne doit pas y avoir d’erreur en Syrie ou ailleurs, les Etats-Unis ne rétablissent pas de liens par récompense ou concession. L’implication est un outil qui nous donne […] une plus grande capacité de transmettre des messages forts et clairs aux dirigeants syriens.»

… et menaces iraniennes

Le vice-président iranien, Rida Rahimi, n’a pas tardé à répondre à la fin de sa visite en Syrie le 30 avril: «Nous serons aux côtés de la Syrie contre toute menace. Si ceux qui ont violé la terre palestinienne essaient quoi que ce soit, nous leur trancherons les pieds.»

Le journal koweitien Al Rai, qui le premier avait évoqué l’arrivée de missiles Scuds au Liban, pense que l’escalade rhétorique a été planifiée pour préparer une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui ordonnerait le déploiement d’une force internationale à la frontière libano-syrienne.

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