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La Cour supérieure déboute l'éditeur du journal La Presse Chinoise

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque
09.05.2010
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  • L'édition spéciale de La Presse Chinoise, distribuée à 100 000 exemplaires à travers le Canada(攝影: / 大紀元)

La juge estime qu'il est juste d'affirmer que Crescent Chau a agi comme un agent de Pékin

La Cour supérieure a statué que des journalistes de La Grande Époque ont agi dans l'intérêt du public et n'ont pas commis de faute dans leur enquête pour déterminer si l'éditeur d'un journal chinois montréalais agissait comme un agent de Pékin lorsqu'il a publié des éditions spéciales – distribuées à la grandeur du pays – dédiées entièrement à diaboliser des groupes persécutés par les autorités chinoises.

Le 29 avril dernier, la juge Catherine Mandeville s'est rangée du côté de La Grande Époque Montréal, rejetant l'accusation de diffamation portée par Crescent Chau, l'éditeur de La Presse Chinoise.

«Il s'agit d'un cas où celui qui mord se plaint d'avoir été mordu», a écrit la juge Mandeville dans sa décision, ajoutant qu'il est juste d'avoir suggéré que M. Chau agissait comme un agent de Pékin.

Les articles ont exprimé «des préoccupations légitimes et constituent une opinion basée sur une prémisse factuelle qui n'a pas été exprimée dans le but de s'attaquer abusivement à la réputation de M. Chau», affirme la cour.

Cette affaire a commencé en 2001 lorsque M. Chau a publié la première de quatre éditions spéciales de son journal, dont 4000 exemplaires par semaine sont habituellement distribués à Montréal et Ottawa et coûtent 0,60 $ chacun.

Cette fois, cependant, M. Chau a trouvé les fonds pour imprimer plus de 100 000 exemplaires et les a distribués gratuitement dans les communautés chinoises d'un océan à l'autre.

Les journaux ne contenaient aucune publicité ni nouvelle, mais seulement des articles dénonçant et appelant à l'élimination de la pratique de méditation Falun Gong, qui est persécutée en Chine depuis 1999.

Les articles dans les éditions spéciales de La Presse Chinoise reprenaient les accusations les plus malicieuses et sans fondement du régime chinois contre les pratiquants de Falun Gong, soit qu'ils pratiquent la bestialité et le vampirisme et qu'ils commettent des meurtres et des suicides. Les médias officiels en Chine diffusent de tels propos depuis l'interdiction de la pratique en 1999, en guise de propagande pour justifier la répression.

La Grande Époque s'est penchée sur les activités de M. Chau et celles de son entreprise et a, par la suite, produit quelques reportages. Le journal a interviewé un ex-diplomate chinois qui suggérait que M. Chau travaillait pour le compte du gouvernement chinois.

Crescent Chau a poursuivi La Grande Époque pour diffamation, demandant près de 250 000 $ en dommages.

La juge a déterminé que les journalistes de La Grande Époque ont «agi raisonnablement et n'avaient commis aucune faute», soulignant qu'ils ont consulté des témoignages rendus devant le Parlement européen et la Chambre des représentants américaine, qu'ils ont interviewé un ex-diplomate chinois au courant de l'influence de Pékin sur les médias étrangers et qu'ils ont discuté avec des membres de la communauté chinoise afin de préparer leurs reportages.

La juge a également souligné que M. Chau décrit son propre rôle comme étant celui d'un agent du régime chinois.

«En fait […] durant un forum pour les agences de nouvelles à Pékin, [Chau] a décrit son devoir en tant qu'éditeur d'un journal chinois à l'étranger, affirmant qu'il a “la responsabilité de préserver une image positive de la mère-patrie, de défendre la dignité de la nation chinoise et d'indéfectiblement promouvoir et faciliter l'esprit de renouveau national”», a écrit la juge Mandeville, en référence à un des discours de M. Chau dévoilé par un journaliste de La Grande Époque.

«M. Chau […] croit qu'il fait partie de sa responsabilité de défendre les positions du gouvernement de la RPC [République populaire de Chine]. Les articles [de La Grande Époque] indiquent que ses opinions sur le Falun Gong, mais aussi sur le Tibet et plusieurs autres sujets, sont identiques à celles du gouvernement de la RPC.»

La cour a aussi jugé que, même si M. Chau nie être un agent de Pékin, ses raisons pour expliquer comment ses éditions spéciales ont été financées sont, «le moins qu'on puisse dire, nébuleuses». La juge Mandeville affirme que Chau a offert trois explications différentes.

Elle a ajouté que La Grande Époque avait une source essentielle dans la personne de Chen Yonglin, un ex-diplomate du consulat chinois de Sydney, en Australie. Avant de faire défection en Australie, M. Chen avait affirmé que ses responsabilités comprenaient la surveillance et la participation aux efforts pour réprimer les dissidents chinois en Australie.

Chen Yonglin a soutenu son allégation avec un document du consulat. Intitulé le Groupe de travail spécial anti-Falun Gong et daté du 7 février 2001, il indique les responsabilités pour les membres de l'équipe anti-Falun Gong, qui inclut les chefs de toutes les sections du consulat.

Par exemple, le chef du département des affaires politiques était responsable de «recommander» des articles anti-Falun Gong des médias officiels du régime chinois – afin qu'ils soient publiés dans les médias chinois locaux – et d'écrire des articles anti-Falun Gong, également pour les mêmes médias.

Chen Yonglin a affirmé qu'il était probable que Crescent Chau agisse pour le compte de Pékin.

Les articles sur lesquels M. Chau a porté plainte, publiés en 2007, ne faisaient partie que d'une série de reportages publiés par La Grande Époque qui se penchaient sur les efforts du régime chinois pour influencer les médias, les communautés et les associations étudiantes chinoises au Canada. C'est une question qui préoccupe également le gouvernement canadien.

En 2006, La Grande Époque a révélé qu'Ottawa avait expulsé Wang Pengfei, le no 2 de l'ambassade chinoise au Canada, après qu'il a été attrapé en train de recueillir des informations sur les pratiquants de Falun Gong au Canada et qu'il incitait des étudiants à l'aider dans sa tâche. Le Cabinet du Premier ministre avait par la suite confirmé l'histoire.

«Je suis ravi de constater que la juge a réalisé qu'il s'agissait de bon journalisme, que c'était bien fait», affirme Michel Juneau-Katsuya, un expert canadien sur l'espionnage chinois et ancien chef du bureau Asie du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

M. Juneau-Katsuya est le coauteur de Ces espions venus d'ailleurs, un livre détaillant l'espionnage conduit en sol canadien par la Chine et d'autres pays.

Il ajoute que des procès comme celui subi par La Grande Époque constituent une stratégie courante que le régime chinois utilise pour faire taire ceux qui écrivent sur des sujets qu'il juge sensibles.

«Les services de renseignement chinois connaissent la loi et ils l'utilisent pour tenter d'intimider. C'est une forme de procès bâillon. Ils essaient de poursuivre les gens pour les embourber dans des procès qui s'étendent sur une longue période, sachant que ça leur coûtera beaucoup d'argent et que ça les incitera à ne plus écrire sur eux.»

«Nous savons une chose : la vaste majorité des médias chinois sont contrôlés de près par le gouvernement [chinois].»

M. Juneau-Katsuya estime que les individus comme M. Chau, qui suivent de près les médias officiels, peuvent être honorés en Chine et se faire offrir des voyages gratuits pour effectuer des tournées de conférences lucratives.

En effet, les efforts de Crescent Chau pour critiquer le Falun Gong ont été immédiatement reconnus. Quatre jours après la publication de l'«édition spéciale», le site web du Quotidien du peuple, l'organe officiel du Parti communiste chinois, a publié un article louangeant M. Chau.

«L'édition spéciale Justice [la publication portait également le nom anglophone Truth Magazine] contient 32 pages et est distribuée à plus de 100 000 exemplaires», a écrit le Quotidien du peuple. «On trouve l'article spécial de l'éditeur Crescent Chau sur la page frontispice […] Il est très brillant, riche en contenu et puissant.»

 

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