La Journée mondiale des océans est célébrée chaque année le 8 juin en l’honneur des écosystèmes les plus variés liés aux océans. Cette journée a été créée en 1992 au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Cette année elle s’est déroulée sur un fond de tristesse, la marée noire continue toujours de polluer le golfe du Mexique. Marcia McNutt, directrice de l'Institut de géophysique américain (USGS) précise que « la fuite journalière d'hydrocarbures est plus élevée qu’annoncée précédemment. Il s’agirait plutôt d’un écoulement de 40.000 barils à la journée au lieu de l’estimation des scientifiques qui était originellement de 20.000 barils. » Cependant restons dans une dynamique d’espoir pour commémorer cette journée organisée par le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement), la célébration s’est déroulée au siège du PNU de Nairobi. C’est là, qu’a été projeté le film  Océans  de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, cette diffusion avait pour but de sensibiliser les populations de la fragilité des océans.

Film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud

Ce film relate la vie sous-marine, sous l’œil de nouvelles caméras, 54 sites exceptionnels ont été visités à travers le monde, souvent des sanctuaires où la vie marine est préservée. L’expédition a duré quatre ans, les océans ont été filmés de l’Arctique à l’Antarctique et 75 raids ont été menés. Le film Océans, est une vision incroyable de la mer, une vision d’une puissante beauté, c’est la vie sauvage à l’état brut qui invite les spectateurs à la protection des océans. Le film s'interroge également sur l'empreinte que l'homme impose à la vie sauvage et invite à la protection des océans, face à la pêche abusive, à la pollution et au réchauffement climatique.

Bien gérer les écosystèmes

Pour cette journée toute spéciale le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) a rappelé qu'il était essentiel de mieux gérer les écosystèmes marins et de les préserver pour continuer à bénéficier des formidables services écologiques qu'ils nous rendent. À cette occasion, Ban Ki-moon, Secrétaire Général des Nations Unies, a déclaré : « si nous voulons sauvegarder la capacité de nos océans à satisfaire les besoins divers et variés de la société, nous devons faire beaucoup plus. Lors de cette commémoration annuelle de la Journée Mondiale des Océans, je demande aux gouvernements et aux citoyens du monde entier de prendre conscience de la valeur considérable des océans du monde et de faire leur part de travail pour garantir leur santé et leur vitalité ».

Dans son rapport, l’ONU précise qu’en raison de l'affaiblissement de ces écosystèmes environ 270 millions de personnes sont fragilisées chaque année et 124.000 sont tuées dans le monde. Ce sont des catastrophes naturelles comme les inondations et les sécheresses. Ces bouleversements climatiques pourraient être évités en reboisant les zones côtières, en restaurant les zones humides, les mangroves et les récifs coralliens.

Le rapport du PNUE souligne aussi que la préservation des écosystèmes restés intacts coûte bien moins cher que la restauration d'écosystèmes dégradés. Il donne des exemples comme celui d’une ville du Viêt-Nam, où la plantation et la protection de près de 12 000 hectares de mangroves a coûté un million de dollars mais, que surtout, cette restauration a permis d’économiser des frais de maintenance de digues allant jusqu'à sept millions de dollars.

Plus de 245 scientifiques marins investissent cette journée

Ce sont 245 scientifiques marins originaires de 35 pays qui demandent la mise en place d'un système mondial de réserves marines très étendu, sous haute protection, afin d’assurer l'amélioration de la gestion du milieu océanique mondial.

Les scientifiques ont signé la déclaration visant la création d’Aires Marines très étendues et hautement protégées, ils appellent les décideurs à prendre des mesures énergiques dans l'établissement de ces zones. Le communiqué a été publié par le Global Océan Legacy, un projet du Pew Environment Group, pour la Journée mondiale des océans. Actuellement, les petites réserves marines ne protégent que certaines espèces, par contre de grands espaces marins semblables aux grands parcs nationaux seraient plus opérants et permettraient la défense de la vie des océans et d’espèces ayant besoin d’un vaste territoire.

Déjà lors du Sommet mondial de Johannesburg, sur le développement durable en 2002, les membres avaient décidé de créer écologiquement des réseaux d'AMP (Aires Marines Protégés) de plus grande envergure d'ici 2012. La question des Aires Marines Protégées (AMP) est toujours cruciale, puisque seulement 4 % des zones littorales et 1 % des zones marines sont sous statut protégé alors que les gouvernements s’étaient engagés à atteindre un taux de 10 % pour 2012.

Selon le Dr Bernard Salvat, scientifique, spécialiste des récifs coralliens et professeur à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de l'Université de Paris et au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), « le besoin de mettre de côté des réserves marines plus nombreuses et plus vastes dans le but d'assurer la santé constante de nos océans est bien accepté parmi les scientifiques marins ». Ainsi, « nous devons nous concentrer sur le mise en place de zones marines protégées transfrontalières par le biais d'accords intergouvernementaux. Nous devons faire entendre notre voix afin d'éduquer les gouvernements et le public en ce qui a trait à la crise que traversent nos océans et les bénéfices à long terme de l'établissement de réserves marines vastes et sans pêche. »