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Le baiser du barbu - Le déclin de l'empire du poil

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, La Grande Époque
23.06.2010
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  • Bénédicte Décary et David Savard(攝影: / 大紀元)

Vous vous êtes sans doute un jour dit lors d'une sortie au cinéma : «Me suis-je trompé de salle?» Après le visionnement du dernier film d'Yves P. Pelletier (ex-membre du légendaire groupe d'humoristes RBO), Le baiser du barbu, il est possible que vous vous demandiez si vous êtes bien devant une comédie sentimentale plutôt que devant un drame relativement cocasse et écrasant.

La vie d'un couple d'artistes désabusés en devenir, Benoît (David Savard) et Vicky (Isabelle Blais), prend une nouvelle tangente depuis que Benoît  afin d'être plus crédible dans son rôle de barbu lors d'une pièce de théâtre de souper-spectacle  décide simplement de se laisser pousser la barbe. Si on remonte en 2005, Emmanuel Carrère, auteur et réalisateur français, avait adapté son propre roman intitulé La Moustache, où un homme, vivant avec une moustache depuis toujours, décide de la raser. Cela transforme complètement son univers et il bascule alors dans l'instabilité, la paranoïa et la démence. Il est intéressant de faire le rapprochement entre ces deux films, sans toutefois les mettre dans la même catégorie. Ici, le fait qu’Yves P. Pelletier signe la réalisation et le scénario fait que nous ne sommes pas précipités vers les abysses de l'obsession et de la tragédie de la pilosité.

Il faut tout de même dire que certains des personnages écrits par Pelletier sont extrêmement lourds. Vicky, une malade imaginaire (appelée Vicks par Benoît), est dans un état de désolation profonde, tandis que le frère de Benoît (Ricardo Trogi) meure d'ennui jusqu'à ce que Benoît l'engage comme agent. Louis-José Houde fait une apparition en tant que jeune réalisateur guignol mais prometteur. Une fusillade d’une large gamme de références cinématographiques rend chacune de ses répliques saturée, pompeuse et abrutissante. Cible manquée pour cet humoriste qui, pourtant, ne perd rien de sa popularité au Québec. Rien à voir avec son interprétation courte et efficace de Bon cop, Bad Cop ou de son rôle dans De père en flic. Par ailleurs, la courte apparition de Daniel Grenier (Chick N' Swell) était rapide mais touchante.

C'est le premier rôle, David Savard, qui donne vraiment le corps et la vigueur que possède le film. Il y a de ces acteurs que l'on place soudainement au centre d'une production et qui, de sa lumière, fait briller le tout. Ce phénomène s'est produit indubitablement dans le cas du Baiser du barbu. Il est toujours bon de retrouver Alexis Martin, sérieusement juste, qui vient mêler les cartes des personnages par ses conseils de psychologue spécialiste de la barbe (ayant aussi une barbe). Est-ce que le film est drôle? Il fait sourire certes et déclenche quand même quelques rires pour les moments de candeur.

Au lieu d'inspirer la romance, Le baiser du barbu a tendance à en faire une entité repoussante, à montrer que les histoires d'amour ne tiennent... que sur un poil et qu'elles sont chargées de souffrance. Bref, un film qui rassurait tout célibataire de le rester.

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