La txalaparta, un art d'équilibre et de partage

Écrit par Michal Bleibtreu-Neeman, La Grande Epoque
23.06.2010
  • Igor Otxoa and Harkaitz Martinez de San Vicente jouent de la txalaparta lors du Festival Du Jazz sous les pommiers 2010 (MB, La Grande Epoque)(攝影: / 大紀元)

Une des surprises agréables du Festival Du Jazz sous les pommiers (La grande Epoque n 178) a été le groupe basque Orekatx : «  qui n'est ni français ni basque » selon ses membres.

Le fait d'insister sur cette identité n'est pas surprenant car Igor Otxoa et Harkaitz Martinez de San Vicente, fondateurs du groupe Orekatx, ont choisi de jouer l'instrument basque par excellence, la traditionnelle txalaparta : un instrument de percussion proche du xylophone qui se joue à deux. Les origines et la fonction de l’instrument restent floues : un vestige de l'église ou un instrument de communication de base, mais tous sont d'accord sur le fait que la txalaparta est liée à la production du cidre. Selon la coutume basque qui remonterait à plus d’un millénaire, lorsque la production de cidre était finie on appelait les voisins en tapant avec des bâtons sur les planches du pressoir. La txalaparta est traditionnellement un instrument d'improvisation. Il est basé sur un équilibre rythmique. Le nom du groupe provient de cet équilibre. « Dans le nom Orekatx, "Oreka" signifie "équilibre" et ‘tx’ se réfère à la Txalaparta », nous explique Igor Otxoa l'un de fondateurs du groupe. Harkaitz Martinez de San Vicente l'autre fondateur rajoute: « traditionnellement une personne maintient un équilibre rythmique et l'autre personne le brise. Donc Orekatx se réfère à l'équilibre dans la txlaparta, mais bien sûr il ne s'agit pas seulement de jouer de l'instrument, il s'agit aussi d’un équilibre entre les musiciens ».

La txalaparta a failli disparaître dans les années 50. Elle a été préservée par quelques paysans et a connu une "réhabilitation" dans les années 60.

Harkaitz Martinez de San Vicente et Igor Otxoa ont commencé à jouer la txalaparta assez tardivement, l'un à 16 ans et l'autre 18. Ils ont formé leur groupe en 1997. D'abord en duo puis avec différents groupes. Aujourd'hui ils sont six, dont un percussionniste, un guitariste ingénieur du son et un technicien de l'image On compte également deux invités nomades, une jeune chanteuse du Sahara, Aziza Ibrahim, et un chanteur mongol Hoosoo. Car il faut dire que le dernier périple de ces deux musiciens a été un voyage au pays des nomades.

Sur un grand écran apparaissent des images de peuplades nomades, de musiciens d'Inde, de Laponie, du Sahara de Mongolie. Les musiciens sur scènes jouent avec les personnages sur l'écran. De plus, le spectateur est témoin en temps réel de la construction de la txalaparta réalisée à partir de matériaux provenant du pays visité : glace, pierre, air, etc. La construction de la txlaparta devient alors la fondation d'un lieu de rencontre, d'entente et d’apprentissage à double sens. « C'est le rôle de la communication comme la txalaparta telle que nous on la comprend », nous dit Harkaitz Martinez. À partir de cette réflexion, nos deux musiciens ont décidé de partir en voyage et de réaliser leur projet intitulé « nömadak tx ».

« Le projet s'appelle nömadak Tx parce que nous nous sommes convertis en nomades et avons voyagé avec la txalaparta le TX est donc pour la txalaparta. Mais cela s'appelle comme ça aussi parce que nous avons visité des cultures nomades, les lieux des nomades. La musique de ces endroits nous a intéressés; il y a un son spécifique à chaque peuple, qui dépend bien sûr de leur façon de vivre, de leur façon de s'organiser et du fait qu'ils sont le plus souvent des minorités dans leur pays. »

 

Un des traits caractéristiques du concert est la générosité réputée des peuples nomades. Et en premier lieu, celle de partager- leur expérience, leur musique et la musique des autres. Ce qui ne parait pas extraordinaire pour les musiciens de la txalaparta car Selon Igor Otxoa et Harkaitz Martinez de San Vicente le partage, l'équilibre, et l'attitude positive sont les trois caractéristiques requises pour jouer de cet instrument.

« La façon de jouer de cet instrument, de le partager requiert une attitude positive d'entente et de respect, de se compléter mutuellement. De cette idée là, c’est à dire de ce que l'instrument réclame, nous sommes partis avec le projet. Il ne s'agit pas de faire uniquement de la musique à partir de la txalaparta mais également faire de la musique à partir de la rencontre. La rencontre avec d'autres musiciens et d'autres cultures. Il y a là un peu l'idée de créer de façon positive, d'improviser, de s'entendre, d'apprendre et d'enseigner tour à tour. »

Dans chaque endroit les deux musiciens ont planifié de rester un mois mais en se laissant une liberté d'improvisation.  

« Nous restons normalement un mois dans un endroit, et si un endroit nous intéresse spécialement parce que la culture nous intéresse particulièrement ou certains matériaux ou instruments ou musiciens nous pouvons rester plus longtemps, ca reste ouvert. La base de la txalaparta c'est l'improvisation et donc il y a de l'improvisation dans nos voyages, nous voulons aussi garder une liberté, laisser surgir des situations nouvelles, comme par exemple le film, la musique. Donc d'un côté on sait où on veut aller on planifie mais de l’autre, on laisse aussi une grande partie à l'improvisation. », nous dit Igor Otxoa.

La rencontre avec les nomades se faisait non seulement autour de la musique mais aussi autour de la création de la txlaparta à partir des matériaux qui dominent la vie des indigènes.

«  Nömadak Tx joue beaucoup avec les conditions de chaque pays sur le plan social comme sur le plan musical et à la préférence de matériaux, nous voulions faire un chemin et un travail en appliquant de nouveaux matériaux à la txalaparta. Nous partons de la txalaparta de bois mais nous avons construit une txalaparta de pierre, de glace, d'air avec des tubes et nous avons pensé que si on veut que la txalaparta soit authentique dans chaque pays il faut la construire à partir de matériaux locaux. Parce que ces matériaux non seulement conditionnent la musique, dans notre cas, mais aussi le mode de vie des habitants. La glace conditionne totalement la vie des Samis, le sable et la pierre conditionnent totalement la vie de habitants du Sahara.  C'est une façon d'appliquer l'environnement à la musique. Nous jouons avec cela et de même au niveau du son. Les peuples nomades sont toujours dans un mouvement constant et nous avons cherché la métaphore du mouvement dans les sons. La quête était donc de l'identité et la sonorité de ces peuples en mouvement. Pour cette raison nous jouons avec les conditions de chaque peuple, ses matières, son mode de vie, sa structure sociale et culturelle. La recherche se fait autour de la txalaparta mais le but est aussi de connaître ces peuples. »

Après avoir voyagé le groupe ce trouve dans la phase des concerts pour partager leur expérience avec le public.

 « On a fait le film et le CD. Nous jouons avec les images des musiciens que nous avons rencontrés donc on voyage plus pour atteindre les gens et leur introduire cette expérience. En même temps que nous développons d'autres projets. »

Le groupe aura plusieurs concerts en France Leur prochain spectacle aura lieu aux pays basques puis en septembre une tournée aux États Unis les attend.

Et pour ceux qui veulent profiter de leur musique et de leur voyage vous pouvez consulter leur site: