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Les attaques de juges montrent la rage ressentie envers le système judiciaire chinois

Écrit par Cheryl Chen, La Grande Epoque
30.06.2010
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  • Une couronne mortuaire, en mémoire de Zhu Jun a été vue, le 2 juin, à l'extérieur du tribunal du district de Lingling où il avait tué trois juges la veille. (Photo prise par un habitant de Yongzhou pour Radio Free Asia)(攝影: / 大紀元)

Trois juges ont été tués, par balle, par un agent de sécurité d'une banque postale dans la province du Hunan le 1er juin 2010. Une semaine plus tard, dans la province du Guangxi, un couple a aspergé d’acide sulfurique six responsables de tribunal, dont trois juges, leur infligeant des blessures plus ou moins graves. Ces deux derniers actes de violence à l'encontre de juges sont devenus le sujet de débats enflammés dans la société chinoise et les forums Internet.

Une grande majorité des commentaires expriment de la solidarité avec les coupables et désignent l'injustice judiciaire comme cause de ces attaques. Les assauts sont considérés comme des actes désespérés de vengeance par des personnes ordinaires qui ont perdu tout espoir après avoir été trahies par un système judiciaire corrompu.

Autre exemple, Zhu Jun, âgé de 46 ans, de Yongzhou province du Hunan, qui était chef de la sécurité à la Banque d'Epargne postale du district de Lingling. Le matin du 1er juin, Zhu est entré dans le tribunal du district de Lingling avec un fusil mitrailleur et deux pistolets. Il est monté au quatrième étage et a ouvert le feu dans un bureau où travaillaient des gens, tuant trois juges et blessant trois autres employés, avant de se suicider.

L'incident a fait les gros titres des sites Internet chinois les plus connus. Le site populaire Tencent a reçu à lui seul près de 90.000 visites et 6.000 commentaires en deux heures à peine. Les statistiques des principaux sites web ont révélé que 99 % des commentaires soutenaient l'acte de Zhu. Certains disaient « bon travail » et d'autres qualifiaient Zhu de héros.

Des centaines d'habitants de la région se sont rassemblés autour du tribunal, le jour suivant, saisissant l'occasion de faire entendre leurs propres griefs envers le système judiciaire. Certains ont essayé de rentrer de force dans le tribunal en tenant des pancartes sur lesquelles il était écrit : « Zhu Jun repose en paix ! » pendant que d'autres criaient « Zhu Jun est le héros du peuple ! » La police a essayé de bloquer les manifestants.

Réflexion sur la cause de ces meurtres

Les médias officiels affirment que le motif des meurtres de Zhu était qu'il souffrait d'une maladie incurable et qu'il avait été déçu du résultat d’une procédure de divorce. Mais une autre affirmation répandue parmi les habitants locaux était que Zhu aurait investi dans une mine de manganèse et se serait disputé avec quelqu'un sur les droits de propriété. Zhu aurait corrompu un juge, mais son adversaire ayant proposé encore plus d'argent à ce juge, Zhu aurait donc perdu la bataille et tout ce qu'il possédait.

Selon un article du Century Weekly daté du 7 juin, Zhu a laissé un testament dans lequel il mentionne avoir été victime d’une injustice judiciaire. En plus de cela, plusieurs des grands médias chinois, dont Yunnan Information Times et Century Weekly, ont rapporté qu'une femme du nom de Tang Manyun leur avait raconté qu'en 2006, sa fille alors âgée de dix ans, adoptée par Zhu Jun, avait été kidnappée.

L'enfant avait été retenue par les ravisseurs pendant trois mois, durant lesquels elle avait été violée en groupe et forcée à se prostituer avec plus de cent « clients » sans que la police apporte aucune aide. Tang a déclaré que Zhu l’avait aidé à retrouver sa fille ainsi qu'à rédiger ensuite des lettres d'appel pour la famille. De nombreuses personnes supposent que l'assaut de Zhu sur les juges est en lien avec cette affaire.

Radio Free Asia (RFA) a rapporté que la police avait arrêté Mme Tang le soir du 7 juin et l’avait placée en garde à vue en l'accusant de répandre de fausses rumeurs. Son mari, M. Jiang, a également été convoqué au commissariat et n'a pas été relâché avant le soir suivant. M. Jiang a déclaré à RFA que l'affaire concernant leur fille – viol aggravé et prostitution forcée – a été jugée début 2007. Parmi les quinze suspects, deux ont été condamnés à mort, deux condamnés à perpétuité, un à seize ans et un autre à quinze ans de prison.

Mais M. Jiang a déclaré que sa fille avait également été violée par des officiers de police qui protégeaient les autres personnes impliquées. En conséquence, plusieurs des membres de la bande et les plus de cent « clients » courent toujours, sous la protection de la police locale. Selon ces sources, la corruption judiciaire rencontrée par Zhu semble une raison plus valable pour son attaque envers les juges que ce qui a été suggéré par les médias d'état.

Des mesures désespérées

Bien que l'affaire des meurtres commis par Zhu soit encore un sujet d'actualité dans le pays, une autre attaque sur des juges s'est produite le 8 juin, une semaine plus tard seulement, à Wuzhou dans la province du Guangxi au sud-est de la Chine. China News Service a rapporté qu'au cours d'une convocation visant à appliquer le verdict d'un tribunal, un couple a infligé des blessures à six fonctionnaires du tribunal, dont trois juges, en les aspergeant d'acide sulfurique.

Plusieurs milliers de bloggeurs chinois ont immédiatement réagi à ces informations. La plupart accusaient le système judiciaire injuste en Chine et expliquaient que cette dernière attaque envers des juges était un nouveau cas de citoyens ordinaires ayant recours à des moyens désespérés en l'absence de justice du gouvernement.

Le 14 octobre 2009, un homme armé d'un couteau avait poignardé à mort un policier du tribunal et blessé trois autres personnes au Tribunal intermédiaire de Zunyi dans la province du Guizhou. Le tueur est toujours en fuite.Le 5 avril 2006, un homme handicapé avait fait sauter des explosifs, dans un tribunal de Guangyuan province du Sichuan, se tuant ainsi avec un juge.  Le 6 janvier 2006, un homme avait mis le feu à des explosifs attachés à son corps, dans un tribunal du canton de Mingle, province du Gansu, tuant cinq personnes et en blessant vingt-deux. Il était mécontent du verdict rendu par le tribunal concernant la mort de son fils.

En 2005, un habitant de Yongzhou a envoyé un colis contenant une bombe artisanale dans un tribunal, ce qui a blessé une personne et rendu deux autres infirmes. L'homme protestait ainsi de la décision du tribunal concernant l'accident de travail de son fils.

Une corruption judiciaire généralisée

Selon l'ancien juge chinois Grace Li, la Chine ne possède pas de système judiciaire indépendant et le Parti communiste chinois (PCC) agit comme une institution au-dessus des lois. Un directeur de tribunal est obligé d'occuper un poste parallèle de secrétaire du Parti du tribunal et est surveillé par des fonctionnaires du même niveau à la Commission politique et légale du Comité central du Parti communiste chinois. Les finances et le budget d'un tribunal sont contrôlés par les officiers locaux.

En conséquence, les tribunaux se soumettent au Parti et exercent leurs fonctions judiciaires de façon à assurer leur survie financière. Pendant ce temps, le Parti décerne aux juges de tous les niveaux le pouvoir de s'engager dans une corruption extrême. Avec le pouvoir et l'argent, les juges mettent souvent la justice de côté, dit Mme Li. La corruption est omniprésente dans le système judiciaire chinois et les fonctionnaires collaborent pour protéger leurs intérêts personnels.

Ces dernières années, la Cour suprême du peuple à Pékin est devenue un endroit où de nombreux plaignants se rassemblent à cause du nombre croissant de plaintes. Mme Li a déclaré que le tribunal est la dernière ligne de défense de la justice sociale. Lorsque cette dernière ligne de défense s'effondre, le tribunal devient le pire endroit au monde. Les personnes désavantagées dans la société sont forcées d'emprunter des mesures extrêmes et de faire usage de violence pour combattre la violence.  « Le peuple chinois applaudit les récents meurtres de juges parce que le peuple est enragé par la corruption judiciaire qui se répand, se généralise et par le manque de justice », conclut Mme Li.

Voir aussi:

Les pathologies sociales derrière les massacres d'écoliers

http://www.lagrandeepoque.com/LGE/Chine-/-Asie/Les-pathologies-sociales-derriere-les-massacres-decoliers.html

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.