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Conte coréen, le prétendant de Main Agile

Écrit par radio Son de l'Espoir
04.06.2010
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  • princesse(攝影: Hemera Technologies / (c) Hemera Technologies)

Beaucoup d'eau a coulé dans la petite rivière des Poissons d'argent depuis le temps où une jeune fille, connue dans toute la région sous le nom de «Main Agile», y lavait et blanchissait le linge. Ses mains étaient si adroites et si habiles que personne dans les environs ne pouvait se comparer à elle. Chaque jour à l'aube, elle allait cueillir de longues tiges de ramie, les faisait macérer dans l'eau, les séchait et, après les avoir foulées, les filait et embobinait le fil sur les fuseaux; puis, elle s'asseyait devant le métier à tisser et, avant que le soleil ne se couche derrière les montagnes, elle avait achevé cinq rouleaux de tissu fin, dans lequel on aurait vainement cherché un quelconque défaut. Voilà pourquoi la jeune fille avait été surnommée «Main Agile».

Ses parents étaient fiers d'elle, les voisins ne tarissaient pas d'éloges à son sujet et bientôt les marieuses commencèrent à venir faire leurs propositions.

Mais la jeune fille ne cessait de refuser, aucun prétendant ne lui semblait assez bien. Les parents commençaient déjà à craindre que leur fille ne reste à jamais chez eux; quoi qu'il en fût, Main Agile ne voulait pas réduire ses prétentions.

«Mon futur mari doit avoir au moins autant de talents et de capacités que moi. Je resterai plutôt célibataire», proclamait-elle fièrement.

Quand les marieuses transmirent dans le pays la nouvelle des exigences de Main Agile, de nouveaux prétendants s'annoncèrent, prêts à prouver à la jeune fille leurs talents et leur habileté. Mais aucun ne réussit.

Quelque temps après, un jeune homme charmant se présenta aux parents de la jeune fille et déclara :

«Si je me mets au travail, je suis capable de construire avant le déjeuner une maison de 12 pièces. Un tel talent m'autorise peut-être à me comparer à votre fille. Qu'en pensez-vous?»

Le père de la jeune fille acquiesça : «C'est d'accord. Viens demain après le lever du soleil et montre-nous ce dont tu es capable

À l'aube, le jeune homme arriva et se mit aussitôt à l'ouvrage. C'était un plaisir de le voir travailler. Il coupa quelques arbres dans le bois, les émonda, puis sa hache tranchante s'agita dans tous les sens, la scie siffla et les copeaux volèrent sous le rabot. Avant midi, une maison se dressa, vaste comme un château, au toit couvert de bardeaux et pourvue de 12 pièces spacieuses. Le père était ravi : jamais il n'aurait cru que quelqu'un pût effectuer un tel exploit. Le père le recommanda à sa fille :

«Voilà un mari pour toi, tout à fait comme tu le souhaites! Épouse-le!»

Main Agile était contente elle aussi et se hâta de faire le tour de la nouvelle demeure. Mais, soudain, elle remarqua que l’huisserie était posée un peu de biais et qu'une porte ne fermait pas bien. Elle déclara alors d'un ton hautain :

«Il travaille vite, mais avec négligence

Et elle renvoya le charpentier habile.

Le père était contrarié par la décision de sa fille, mais aucune remontrance ne la fit changer d'avis. L'évènement se répandit vite dans la région et Main Agile dut attendre longtemps avant qu'un autre prétendant se présente. Le père demanda au jeune homme : «Que sais-tu faire?»

«Demain, je vous montrerai mon art

Le lendemain, le père put admirer l'habileté du nouveau prétendant. En un instant, il attrapa trois sacs de puces, puis sortant un long fil, le fit passer à travers la fosse nasale de chaque puce, tout comme le mors dans les naseaux d'une vache. Bientôt, les trois sacs furent vides et sur le long fil accroché à un poteau, pendirent des centaines de milliers de puces.

La jeune fille observa une puce après l'autre. Mais, elle s'aperçut soudain que l'une d'elles était attachée non pas par le nez, mais par le cou :

«Il faut reconnaître que ce garçon a des doigts habiles… mais c’est un travail bâclé et inutile», maugréa-t-elle en renvoyant le jeune homme.

Des mois et des années s'écoulèrent, et aucun prétendant ne se présenta plus à la maison. La jeune fille vieillissait lentement et devenait de plus en plus triste. À quoi lui servait l'agilité de ses mains si elle ne trouvait point de mari convenable et restait à jamais seule? Elle décida dans un accès de désespoir :

«Plutôt que de connaître une vieillesse solitaire, je préfère mettre fin à mes jours

Elle courut dans la montagne, grimpa sur un rocher abrupt, ferma les yeux et se jeta dans un ravin profond. Dans son émoi, elle n'avait pas remarqué qu'en bas, sous le rocher, passait justement un paysan tenant à la main un grand panier.

Elle faisait déjà ses adieux à la vie, quand son corps tomba sur quelque chose de doux. Elle ouvrit les yeux avec étonnement, et que vit-elle alors? Elle était assise dans un grand panier d'osier porté par un jeune homme charmant. Il reconnut tout de suite Main Agile, mais n'en laissa rien paraître. Il la regarda en souriant et dit : «Vous ne voudriez tout de même pas partir si tôt pour l'autre monde?»

«Où suis-je? Et qui êtes-vous? Un homme ou un esprit?», s'écria la jeune fille désorientée.

«Moi, un esprit? J'ai une chaumière et un bout de champ là-bas dans la vallée. Mais, je vous ai vue sauter de ce rocher et cela m'a fait de la peine pour votre jeune vie. Alors j'ai saisi ma faucille, coupé des branches de saule près du ruisseau, tressé ce grand panier et couru vers le rocher pour vous rattraper. Vous ne savez pas comme je suis heureux d'être arrivé à temps!»

La jeune fille n'arrivait pas à en croire ses oreilles. Quel jeune homme habile! Arriver en quelques secondes à couper les rameaux, tresser le panier, courir jusqu'au rocher et lui sauver la vie! Ni le charpentier le plus doué, ni le jongleur avec ses puces ne pouvaient se comparer à lui.

«Voilà un homme que j'épouserais sans hésiter», pensa-t-elle.

Et comme ils tombèrent d'accord, on fêta quelques semaines plus tard le mariage de Main Agile et son sauveur.

Contes et légendes de Corée par Vladimir Pucek

Adaptation française de Karel Tabery

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