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Colère en Slovaquie après la loi sur la citoyenneté hongroise

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque
07.06.2010
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  • Pour Robert Fico, chef du gouvernement slovaque cité par la BBC, la décision du Parlement hongrois est une u00ab menace à la sécurité ». GEORGES GOBET/AFP/Getty Images(Staff: GEORGES GOBET / 2010 AFP)

La décision prise par le Parlement hongrois, le 26 mai, de permettre à des Slovaques « ethniquement » hongrois d'obtenir la double nationalité a rallumé la discorde entre les deux voisins. Ces Hongrois « ethniques », au Sud de la Slovaquie, seraient 500.000, soit un dixième de la population slovaque. Un mélange ethnique qui fait suite au remodelage territorial par lequel la Hongrie a été amputée des deux tiers de son territoire après la première guerre mondiale et qui reste un traumatisme national et une cause récurrente de tensions avec le voisin slovaque.

La Slovaquie a, en réponse le jour même, amendé sa  loi sur la nationalité pour retirer la nationalité slovaque à toute personne demandant une double nationalité. Pour Robert Fico, chef du gouvernement slovaque cité par la BBC, la décision du Parlement hongrois – qui devrait s'appliquer à partir de 2011 – est une « menace à la sécurité ».

Selon Reuters, la réponse législative slovaque sera, quant à elle, valable dès ratification par le président de la République, probablement au mois de juillet.

La nouvelle législation hongroise considère comme des Hongrois « ethniques » les personnes étrangères parlant hongrois et ayant des ancêtres hongrois, conformément aux promesses de campagne du nouveau Premier ministre Viktor Orban, dont le parti de centre-droit a largement remporté les élections législatives du mois d'avril dernier avec une écrasante majorité des deux tiers.

Relations tendues

La Roumanie à l'Est, la Serbie et la Croatie au Sud, l'Autriche à l'Ouest, pays frontaliers avec la Hongrie, n'ont à ce jour pas réagi à la décision hongroise. Mais la Slovaquie entretient, elle, des relations historiquement plus tendues avec Budapest.  Bratislava a d'autant plus intérêt à réagir fermement que ses propres élections législatives arriveront le 12 juin et que l'argument patriotique pourrait être une des clés du scrutin.

La Slovaquie avait, d'une certaine manière durant l'été 2009, lancé les hostilités en adoptant une loi controversée sur la protection de la langue slovaque qui voulait interdire l'utilisation du hongrois dans les lieux publics. Des dizaines de milliers de personnes avaient alors manifesté contre la loi et la Hongrie avait fait appel à la justice internationale.

Cité par Radio Slovakia International, le président slovaque Ivan Gasparovic a affirmé le 27 mai que l'association de la loi sur la double-nationalité hongroise avec le traité du Trianon était la « décision la plus dangereuse depuis la fin de la seconde guerre mondiale ». « Cela ignore les bonnes coutumes européennes, rejette les principes de la loi internationale et enferme dans un cercle vicieux de mensonge politique. Cela ne respecte ni les mots ni l'esprit et les mécanismes des accords bilatéraux en vigueur ». Par effet boomerang et 90 ans après le Traité du Trianon, la Hongrie argue effectivement du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes pour justifier sa loi sur la nationalité – un droit qui à la fin de la première guerre mondiale avait été utilisé pour démanteler son territoire.

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