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Les anciens et nouveaux tours de Jeunet

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins
09.06.2010
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  • Jean-Pierre Marielle (gauche) et Dany Boon (droite)(攝影: / 大紀元)

Jean-Pierre Jeunet, réalisateur et scénariste ayant tiré les ficelles du Fabuleux destin d'Amélie Poulain, refait surface avec Micmacs à tire-larigot après quelques années d'absence. Plutôt que de mettre l'accent sur l'amour romantique (malgré qu'il ne puisse s'empêcher de l’intégrer dans toutes ses œuvres), il opte cette fois pour une ode à la solidarité et à la compassion, toujours dans une ambiance un peu naïve. Il décide donc de renouer avec plusieurs de ses méthodes les plus efficaces et avec certains de ses vieux comparses, mais s’entourent de valeurs sûres comme Dany Boon et André Dussollier.

Bazil (Dany Boon) semble être terrassé par une malédiction par rapport aux armes de tout genre. Tout jeune, il a perdu son père à cause d’une mine antipersonnelle et, des années plus tard, il est happé par une balle perdue. Deux évènements qui l'amèneront à devenir un sans-abri et, de manière bien candide, à vouloir remettre la monnaie de la pièce aux fabricants des armes qui lui ont causé du tort.

Ceux qui ont aimé les films de Jeunet pourront reconnaître bien de ses acteurs et actrices fétiches qui ont travaillé avec lui depuis longtemps, si ce n'est pas depuis ses débuts, et de nouveaux venus dans l’univers du réalisateur qui font actuellement sensation dans le paysage culturel de la France. Le choix du protagoniste semble avoir été relativement facile : Dany Boon est une vedette populaire dans les films comico-dramatiques. Il était évident que Dany Boon et Jean-Pierre Jeunet, par leur extravagance et leur immense talent, étaient destinés à devenir partenaires un jour ou l'autre au grand écran.

Le personnage de Boon, Bazil, se rapproche d'un Monsieur Bean à qui on s'attache dès son enfance (rapidement brossée lors des premières séquences). Si on s'arrête au jeu d'André Dussollier, il n'y a pas grand-chose à dire à part qu'il s'est bien adapté à son rôle d'antagoniste. Quant aux personnages secondaires, ils sont amplifiés et caricaturaux à souhait, comme Jeunet sait si bien le faire. Le film ne se prend pas au sérieux et se rapproche de la bande dessinée. On en a la preuve lorsque plusieurs affiches du film Micmacs apparaissent à certains moments clés du long métrage.

  • Dany Boon (gauche) et Omar Sy (droite)(攝影: / 大紀元)

Un thème récurrent dans la filmographie de Jean-Pierre Jeunet est sans conteste l'ingéniosité. On y retrouve encore une fois un humour découlant des excentricités de son imaginaire, des gros plans pour nous amener au-delà du loufoque, un contexte de cirque éclaté et une langue française se déhanchant selon ses désirs. L'ingéniosité se répercute de même dans chaque personnage doté de cette qualité et par leurs inventions ou leurs talents magiques et émouvants. Dans Micmacs, Jeunet donne à ce thème un nouveau souffle en faisant la critique de l'intelligence de l'homme qui est utilisée pour créer et promouvoir des engins meurtriers huilant les rouages des guerres, un peu à la manière de Coline Serreau pour La Belle Verte.

Il y aurait un parallèle intéressant à faire entre Micmacs, Un long dimanche de fiançailles et Alien, la résurrection (deux autres de ses réalisations), pour leur sensibilité à la violence et à ses résultats souvent dévastateurs et incontrôlables. Jeunet nous fait aussi un clin d'œil écologique en ramenant l'idée du recyclage de façon particulièrement audacieuse et recevable, même si le sujet a maintes fois été présenté par les médias de toute sorte.

S'il y avait un rapprochement à faire avec ses films précédents, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain serait celui qui s'apparenterait le mieux à Micmacs, entre autres pour la myriade de personnages atypiques, marginaux et tendres, aux liens amicaux et familiaux forts, à la fois fou de la vie et d'une sensibilité à fleur de peau.

Un film qui procure un bien-être qui ne se volatilise pas facilement à la sortie de la salle, qui procure un sentiment inspirant, sans compter qu'on ne se sent pas coupable d'avoir perdu notre temps même si cela reste léger. J'ai été heureux de constater que quelques adolescents ont assisté à la projection à laquelle je suis allé. Peut-être est-ce là une belle occasion d'ouvrir ses horizons aux films français avec cet exemple accessible, excessivement sympathique et possédant une essence positive.

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