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Quelle présidence de l’Union pour la Belgique?

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque
01.07.2010
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  • Jose Manuel Barroso (G) et Bart De Wever (D). (GEORGES GOBET/AFP/Getty Images)(Staff: GEORGES GOBET / 2010 AFP)

Au 1er juillet, la Belgique prend la présidence tournante de l’Union européenne, à un moment politiquement difficile pour elle puisqu’elle fait suite à la victoire des indépendantistes flamands lors des élections législatives du 13 juin et que les plus catastrophistes vont jusqu’à annoncer l’éclatement prochain du pays.

La Belgique doit aussi trouver sa place dans une situation qui voit coexister, depuis l’adoption du Traité de Lisbonne, une présidence «tournante» de l’Union et un président permanent de l’Union: en l’espèce le Belge Herman Van Rompuy. Tout cela à un moment charnière de construction de l’Europe politique, de quoi inquiéter tous ceux qui craignent de voir se reproduire le précédent tchèque. En 2009, la République tchèque avait terminé un mandat européen sans gouvernement national, après la chute du cabinet de Mirek Topolanek. Une présidence eurosceptique unanimement qualifiée de calamiteuse et que personne ne souhaite voir se reproduire.

Dans le cas belge, les choses semblent cependant déjà relativement cadrées. Sur la base du plan de 18 mois annoncé en janvier par le trio des trois présidences «post-traité de Lisbonne», l’espagnole (1er semestre 2010), la belge (2e semestre 2010) et la hongroise (1er semestre 2011), le semestre belge devrait se concentrer sur les questions de défense européenne et d’intégration des Balkans.

Le 16 juin, le Premier ministre belge sortant Yves Leterme a confirmé dans un communiqué les «lignes de force» pour la présidence belge, autour de cinq grands axes:

«- un axe socio-économique qui vise une croissance durable et soutenue,

- un axe social qui vise la cohésion sociale,

- un axe environnement qui vise une économie pauvre en émissions de carbone,

- un axe liberté, sécurité et État de droit qui vise une politique européenne sur le plan de la Justice, des Affaires intérieures, de l’Asile et de l’immigration,

- un axe action extérieure qui vise un rôle plus important pour l’Union européenne en tant qu’acteur pour la paix et la sécurité dans le monde.»

Puis, jeudi 24 juin, les responsables des groupes politiques belges ont rencontré le gouvernement belge sortant et le président du Parlement européen Jerzy Buzek. À la sortie de cette réunion, l’annonce a été faite d’efforts particuliers pour l’installation durant la présidence belge des nouvelles institutions prévues par le Traité de Lisbonne. La présidence belge devra aussi, annonce le site d’analyses Europolitics, garantir que «les méthodes de travail et le partage des responsabilités sont consolidés et stabilisés» ou trouver un modus operandi entre le président du Conseil de l’Europe et la présidence tournante.

Catherine Ashton, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aurait de son côté obtenu la garantie qu’elle aurait les moyens de poser les premières pierres d’un «ministère des Affaires étrangères» européen, le Service européen pour l’Action Extérieure (External Action Service).

La crise grecque devrait aussi marquer l’entrée du mot «solidarité» dans le langage officiel européen: si l’aide apportée à la Grèce doit rester une exception pour inciter les membres à la vertu budgétaire, la présidence belge devrait d’après Europolitics entériner la «clause de solidarité» qui prévoit un secours par les pays membres à tout pays de l’Union victime d’une catastrophe majeure – de l’attaque terroriste au désastre naturel.

Les valises politiques de M. Leterme étant déjà bouclées, se pose cependant la question du maintien de cet agenda par son successeur. Bart de Wever, le nationaliste flamand grand vainqueur des législatives belges, a cependant assuré le 23 juin au président de la Commission européenne José Manuel Barroso que les négociations pour la constitution d’un nouveau gouvernement belge n’affecteraient pas la présidence belge: «Notre but est d’avoir un gouvernement en place en octobre, lorsque le travail réellement important de la présidence commencera» explique de Wever, cité par EurActiv. Dans une discussion focalisée sur les difficultés budgétaires des membres de l’Union et sur le besoin d’arriver à un mode de gouvernance permettant de réguler la dette des États – probablement sur le modèle de gouvernance économique récemment proposé par l’Allemagne et la France, MM. Barroso et De Wever semblent avoir trouvé un langage commun: toujours dans EurActiv, M. Barroso a en effet décrit la rencontre comme ouverte et positive. «J’ai tout à fait confiance dans le fait que la Belgique, qui a toujours été au centre de l’intégration européenne, le restera pendant et après sa présidence, et ma discussion avec M. De Wever a renforcé cette conviction».

Cet optimisme sera à mettre à l’épreuve des faits dès la rentrée, le déroulé de la présidence belge étant largement soumis à l’approbation des gouvernements régionaux belges et dans un contexte où ceux-ci pourraient se déclarer une guerre sans merci si les premières annonces du nouveau gouvernement belge devaient préparer l’éclatement physique du royaume.

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