Ignatieff rencontre l'«assassin des droits de l'homme»

Écrit par Jason Loftus et Matthew Little, La Grande Époque
12.07.2010
  • Michael Ignatieff, chef du Parti libéral du Canada(攝影: / 大紀元)

TORONTO – Le nom Zhou Yongkang fait rarement les manchettes, à moins que vous soyez un consommateur régulier de médias officiels chinois. Ce haut responsable du Parti communiste chinois, dont le poids en matière d'affaires politiques et légales est considérable, a néanmoins obtenu deux mentions distinctes dans la presse occidentale récemment.

Le New York Times et le magazine Forbes ont rapporté que, sous la direction de Zhou, un citoyen américain a été condamné à huit ans de prison pour avoir fait l'achat d'une base de données sur les puits de pétrole en Chine au nom de son employeur, un cabinet-conseil américain.

Jon Huntsman, l'ambassadeur américain en Chine, a demandé la libération de Xue Feng qui aurait contrevenu à une loi sur les secrets d'État qui en ratisse large et qui aurait été torturé durant les deux années et demie qui ont suivi son arrestation. Des critiques ont qualifié la décision de «choquante» et d'acte ayant un mobile politique.

Le nom de Zhou Yongkang est également apparu au Canada, dans un communiqué de presse du Parti libéral plus précisément. Il était indiqué que durant sa visite en Chine, le chef de l'opposition – Michael Ignatieff – allait rencontrer Zhou à Pékin.

Ceci a piqué l'intérêt de La Grande Époque qui a demandé au Parti libéral quels seraient les sujets de discussion avec Zhou, lui qui n'occupe aucun poste au sein du gouvernement chinois, mais qui s'est fait une réputation d'être la main de fer du Parti communiste.

Alors qu’il était ministre de la Sécurité publique de 2002 à 2007, Zhou Yongkang a mis en place des mesures sévères, comme l'arrestation et la détention des dissidents soupçonnés, à l'approche du 17e Congrès du Parti et des Jeux de Pékin.

«Nous devons frapper fort contre les forces hostiles à domicile et à l'étranger, telles que les séparatistes ethniques, les extrémistes religieux, les terroristes violents et les “organisations hérétiques” comme le Falun Gong qui organisent des activités de déstabilisation», avait déclaré Zhou avant les Olympiques. Un extrait de son discours est affiché sur le haut d'une pétition d'Amnesty International.

Des tactiques similaires auraient également été employées avant l'ouverture de l'Expo de Shanghai qui se déroule actuellement.

La répression pour Zhou Yongkang n'est pas limitée par les frontières de la Chine, alors que ses manœuvres ciblent aussi l'étranger. Il est soupçonné d'avoir orchestré des troubles dans le quartier chinois de Flushing, à New York, où des groupes de Chinois loyaux à Pékin ont harcelé et attaqué des pratiquants de Falun Gong durant plusieurs semaines en 2008.

La Grande Époque a souligné ceci au bureau d'Ignatieff, indiquant qu'il allait rencontrer Zhou seulement dix heures après que le directeur du SCRS – Richard Fadden – soit passé devant un comité des Communes pour discuter de l'ingérence étrangère au Canada.

Le bureau d'Ignatieff n'a pas répondu directement aux questions qui lui ont été envoyées par courriel, autant avant qu'après sa rencontre avec Zhou Yongkang. Les Tibétains exilés au Canada sont parmi ceux qui attendent des réponses.

Quand il était secrétaire du Parti communiste pour la province du Sichuan de 1999 à 2002, Zhou a mérité le sobriquet d'«assassin des droits de l'homme».

Les Tibétains en exil ont recueilli 40 000 signatures sur des pétitions qui arborent le nom de Zhou et qui demandent la libération de Tenzin Delek, un chef de file de la communauté tibétaine ayant été arrêté pendant que Zhou était aux commandes du Sichuan et qui a écopé – il y a huit ans – d'une lourde peine.

Tenzin Delek serait en mauvaise santé alors qu'il purge une condamnation à vie pour avoir «conspiré afin de causer des explosions», une accusation sans preuve portée contre lui, affirme ses sympathisants, et dont la confession aurait été obtenue sous la torture. Le Tibetan Canadian Cultural Centre se trouve dans la circonscription de Michael Ignatieff et aussi au cœur de la diaspora tibétaine de Toronto. Cette dernière serait la plus grande au monde à l'extérieur de l'Inde, selon Tenzin Lobsang, directrice nationale d'Étudiants pour un Tibet libre.

«Compte tenu qu'il est le député pour cette circonscription, je crois que M. Ignatieff aurait dû s'exprimer davantage en faveur des droits de l'homme, particulièrement au Tibet, et nous aimerions voir une déclaration publique au sujet des atroces [violations] des droits de l'homme au Tibet et en Chine au cours de son voyage là-bas», a déclaré Tenzin Lobsang.

«Je crois que lors de sa rencontre avec Zhou Yongkang, qui était le secrétaire du Parti au Sichuan durant la campagne de “répression féroce”, il aurait dû s'exprimer [sur la question] davantage», a-t-elle ajouté.

Au Sichuan, Zhou Yongkang était aussi la main de fer du Parti communiste dans la répression du groupe spirituel Falun Gong. Lorsque Zhou a visité les États-Unis en 2001, une résidente de Boston a intenté des poursuites contre lui pour son rôle allégué dans la torture de sa sœur, une pratiquante de Falun Gong du Sichuan.

Les pratiquants de Falun Gong considèrent Zhou Yongkang comme un des quatre principaux protagonistes à l'origine de la persécution dont le groupe est victime depuis 1999.

Des tentatives d'obtenir des commentaires du bureau de M. Ignatieff les 5 et 7 juillet, afin de savoir si le chef libéral connaissait le parcours de Zhou Yongkang et s'il allait aborder les questions relatives aux droits de l'homme, ont eu pour réponse de se référer au discours prononcé par Ignatieff le 5 juillet à l'Université Tsinghua de Pékin.

Ce discours a abordé les droits de l'homme en général, mais a louangé davantage le dossier de la Chine que celui du Canada, suggérant d'une manière extrêmement timide que le régime chinois devait accorder la plus minime importance à ce sujet.

Tandis que M. Ignatieff a mentionné que les deux pays devaient avoir des discussions franches quant aux droits de la personne, il a répété qu'aucun des deux pays n'a un passé ou un présent exemplaires et que le Canada n'est pas à la hauteur de ses idéaux.

Entre autres choses, il a suggéré que le dictateur chinois Hu Jintao pourrait lui offrir de «très bons conseils» sur comment remporter la prochaine élection, des propos que le Toronto Star a remis en question étant donné que Hu est un «dirigeant autoritaire qui ne connaît pas les élections populaires».

Alors que le bureau d'Ignatieff a été avare de commentaires, un billet du député Ujjal Dosanjh affiché sur un blogue libéral indique que les députés qui ont rencontré Zhou ont «parlé très candidement des [...] contrastes entre les systèmes politiques de nos pays, des droits de l'homme et des relations commerciales entre nos deux pays».

La Grande Époque a demandé à savoir quels sujets spécifiques avaient été abordés, mais n'a pas obtenu de réponse.

Avant d'entrer en politique, Michael Ignatieff a dirigé le centre des droits de l'homme de l'Université Harvard.