Omar Al Bachir de plus en plus isolé au Soudan

Écrit par Stephen Jones, La Grande Epoque
23.07.2010
  • Luis Moreno-Ocampo, procureur à la Cour Pénale Internationale (CPI). JOHN THYS/AFP/Getty Images(攝影: / 大紀元)

 

La dernière fois qu’Omar Al Bachir a reçu une notification par une cour internationale en 2009, il a indiqué que les procureurs feraient mieux de « manger » son mandat d’arrêt, et il a dansé devant des milliers de ses sympathisants. Le Président soudanais est dans le viseur de la Cour Pénale Internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, du fait de son rôle organisateur dans le conflit au Darfour.

En 2009, Al Bachir indiquait que le document d’accusation ne « valait même pas l’encre utilisée pour l’écrire »  En avril cette année, la position du Président soudanais a semblé confortée par sa réélection facile à la tête de l’Etat soudanais – plus de deux tiers des votes, grandement expliqués par le refus des  principaux opposants de participer à un scrutin décrit comme biaisé.

Cependant, plusieurs signes montrent que la situation n’est pas si rose pour le premier chef d’Etat de l’histoire à avoir été mis en accusation par la CPI dans l’exercice de ses fonctions. Omar Al Bachir n’a pas pu réaliser plusieurs voyages officiels de peur d’y être arrêté, et les appels vigoureux par ses alliés régionaux à un arrêt des poursuites ont été poliment ignorés.

Lundi 12 juillet, la CPI a de plus émis un second mandat d’arrêt contre lui, cette fois avec la charge aggravée de génocide. Bachir est maintenant accusé d’avoir armé les milices Janjawid pour qu’elles opèrent les nettoyages ethniques des Fur, Masalit et Zaghawa au Darfour. Les nouvelles charges contre lui incluent : « génocide par assassinat, génocide par atteinte grave à l’intégrité physique ou psychologique et génocide par l’imposition volontaire sur chaque groupe cible de conditions de vie planifiées pour provoquer la destruction physique du groupe. »

« Ce second mandat d’arrêt ne remplace ni ne révoque en aucune façon le premier mandat d’arrêt » ajoute un communiqué de la Cour.

Omar Al Bachir dénie l’accusation de génocide de même que les accusations du premier mandat de mars 2009. Celui-ci incluait cinq accusations de crime contre l’humanité y compris assassinat, extermination, déplacements forcés, torture et viol. Il mentionnait aussi deux accusations de crime de guerre pour avoir ordonné des attaques contre des civils et des pillages.

Les accusations de génocide faisaient déjà partie du premier texte de mandat d’arrêt en 2009, mais avaient alors été rejetées par la Cour en 2009.  Le Procureur Luis Moreno-Ocampo avait fait appel de cette décision en argumentant que le critère posé pour accepter l’accusation de génocide était trop élevé pour que quoi que ce soit excepté une seconde Shoah soit qualifié de génocide. La  Cour a décidé de suivre son avis.

Même des  soutiens historiques comme l’Egypte et la Russie, qui  avaient en 2009 considéré que le premier mandat posait un « dangereux précédent », n’ont pas assisté à la cérémonie de prise de fonctions d’Omar Al Bachir suite à sa réélection en avril.  Le Président soudanais semble donc de plus en plus isolé ; son seul déplacement étranger récent a été l’Ethiopie, un pays non adhérent à la CPI et donc non tenu d’appliquer le mandat d’arrêt – la Cour rappelle cependant que les pays non-membres doivent malgré tout, d’après la loi internationale, « coopérer pleinement » avec elle. Elle a d’ailleurs saisi, au mois de mai, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies au sujet du refus par le Soudan de livrer son Président à la justice.

Plus de 300.000 civils ont perdu la vie pendant les sept années du conflit au Darfour.