Le papillon monarque dans un sanctuaire protégé par l’UNESCO

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque
24.07.2010

  • Des monarques s’agglutinent (Staff: AFP/Getty Images / 2003 AFP)

L’année 2010 est celle de la biodiversité. À cette occasion, le WWF publie la liste des dix espèces les plus menacées d’extinction. Parmi celles-ci, figure le papillon monarque, actuellement plus fragilisé qu'auparavant. En effet, les causes de cette menace sont multiples : la détérioration de leur habitat, la pollution, le réchauffement climatique, l’abus de pesticides. Dr Richard Dixon, directeur du WWF Écosse, appuie ces sélections : «Nous disposons cette année de l’opportunité de pouvoir prendre les devants et sauver de l’extinction quelques animaux, parmi les plus splendides de la planète.» En l’occurrence, il s’agit-là de protéger les habitats reproductifs des papillons monarques, situés aux États-Unis et au Canada, ainsi que leur lieu d’hivernation au Mexique. Cette protection est cruciale pour sauver l’espèce. Sa migration est l’un des phénomènes naturels les plus remarquables de la planète.

Ces fragiles papillons monarques aux grandes capacités

C’est ainsi que chaque année des millions de papillons monarques, de constitution frêle, parcourent de 4000 à 5000 kilomètres pour migrer de l’Amérique du Nord jusqu’à leur habitat d’hiver au Mexique, et en sens inverse dès les beaux jours. Les forêts de sapins, appelés «oyamels», lieu d’accueil des monarques au Mexique, sont situées en haute altitude. Ce sanctuaire – localisé de part et d’autre des États de Michoacán et de Mexico – est aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis le 8 juillet 2008.

Ce territoire de 56 259 hectares reçoit chaque automne des millions, voire un milliard, de papillons provenant des vastes espaces nord-américains. Les naturalistes et scientifiques ignorent toujours comment les monarques parviennent à retrouver leur chemin lors de ces voyages.

Trois générations de monarques nées à l’été

Les papillons monarques sont une race à part. C'est l'unique espèce de papillons à migrer si loin. Ils vivent durant la saison chaude dans le nord des États-Unis et le sud du Canada et partent à l'automne vers le Mexique. Ils y restent environ cinq mois. Ensuite, vers la fin de mars, ayant atteint la maturité sexuelle, les survivants repartent vers le nord, d’abord dans le golfe du Mexique où ils pondent leurs œufs, puis meurent. La génération d’adultes suivante continue sa migration vers le nord des États-Unis et le sud du Canada. Ce sont trois générations de papillons monarques qui sont nées pendant l’été. Le cycle de migration annuelle est accompli lorsque les adultes nés à l’été partent pour la migration d’automne, fin août début septembre.

Les scientifiques interloqués

Jusqu'en 1975, on ignorait où les papillons monarques de l'est de l'Amérique du Nord passaient l'hiver. Ils disparaissaient. C’est alors que le scientifique canadien Fred Urquhart a créé une bague minuscule, destinée aux ailes des papillons, et a suivi leurs traces durant 20 ans. En 1972, selon ses déductions, il a suggéré que les monarques s'envolaient vers le Mexique. C’est ainsi que deux bénévoles ont scruté les régions montagneuses de ce pays et, en 1975, ils ont finalement trouvé des millions de papillons monarques qui hivernaient dans des arbres, au centre du Mexique. Ils étaient groupés sur les arbres, immobiles, recouvrant les végétaux de couleur orange. Cette découverte a été d'une importance capitale, car on n’avait jamais imaginé auparavant qu'un papillon était capable d'entreprendre un tel voyage, parcourant jusqu’à 120 kilomètres par jour.

La conservation de la forêt mexicaine, et son microclimat, est la condition essentielle à la survie du papillon monarque. Malheureusement, des coupes illégales de bois se perpétuent dans les montagnes du Mexique. Allant de pair avec la déforestation, les monarques sont victimes des éléments naturels pendant leur voyage, mais aussi de la disparition de l’asclépiade. Les papillons et les larves se nourrissent de la sève toxique de cette plante vivace qui les protège des prédateurs.