Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Face aux grèves, Pékin lance une campagne de répression

Écrit par Cheryl Chen et Jane Lin, La Grande Époque
24.07.2010
| A-/A+

  • Des centaines d'employés de Honda, à Foshan, au Guangdong, étaient en grève le 17 mai. (The Epoch Times Photo Archive)(攝影: / 大紀元)

Une récente vague de grèves dans les usines chinoises a mis en lumière le manque de droits pour les travailleurs et autres inégalités de la société. En réponse, le régime a lancé une campagne de répression.

Selon les analystes chinois, la récente vague de grèves est une réflexion sur le mécontentement social en bruit de fond et un malaise issu des inégalités sociales, de l’injustice et de l’inflation galopante. Beaucoup de travailleurs en grève ne demandent pas seulement une augmentation de salaire, mais aussi le droit d'organiser des syndicats.

Si les grèves augmentaient, cela pourrait ébranler la position de la Chine comme «usine du monde» et ainsi menacer la légitimité du régime et sa survie. Pour les experts en troubles sociaux, répondre à la demande des travailleurs par la force brutale ne fonctionnera pas.

Le 13 juin dernier, le ministère chinois de la Sécurité publique a cependant annoncé le lancement d’une campagne de sept mois  afin de «réprimer plus sévèrement les crimes violents qui affectent sensiblement la sécurité publique» pendant que la Chine traverse une transition économique et une transformation sociale.

La prise de conscience des droits des travailleurs

Xu Yimin, un militant pour les droits des travailleurs migrants de la province de Jilin, affirme dans son blogue que la vague de suicides à Foxconn et les grèves de Jilin et celles à travers le pays sont principalement causées par le fait que les «travailleurs sont sans voix, sans droit, sans moyen d’expression».

D’après un reportage de New Tang Dynasty Television (NTDTV) du 24 juin, l’année dernière les travailleurs migrants de la campagne de la province de Jilin, au nord-est, ont vu leur demande aux autorités, concernant l’autorisation de créer leur propre syndicat, rejetée.

En même temps, la fédération officielle des «syndicats de toute la Chine» a publié un rapport alertant le gouvernement chinois sur le fait que les jeunes travailleurs migrants sont de plus en plus nombreux à vouloir exprimer leurs demandes à l’État, un développement interprété comme «un test pour la stabilité de l’État».

Les syndicats officiels empêchent les grèves

Selon un récent reportage publié par The Epoch Times, les syndicats en Chine sont sous le contrôle de l’État et sont généralement de connivence avec la direction et les représentants du Parti communiste, au lieu de représenter les travailleurs. C’est pour cette raison que les grèves n’ont pu avoir lieu que dans les entreprises étrangères : le gouvernement chinois avait interdit aux syndicats de faire valoir le droit de grève dans les entreprises nationales.

L'article conclut que «le plus grand avantage [pour le régime] à autoriser [les grèves] est une meilleure image à l’international de son système politique – les manifestations permises dans les entreprises multinationales pourraient laisser paraître aux yeux du monde entier que le régime est en train de changer sa politique d’étouffement des droits humains».

Parmi les dizaines d’usines où il y a eu des grèves en mai, deux cas servent d’exemple : l’usine du Japonais Honda à Foshan, province du Guangdong, et une filature de coton chinoise de la ville de Pingdingshan, province du Henan.

Les ouvriers de Honda ont finalement obtenu gain de cause et ont reçu une augmentation de salaire, alors que la grève des ouvriers de Pingdingshan a été brutalement réprimée par 2000 à 3000 policiers le 1er juin dernier.

Cependant, les travailleurs des deux usines accusaient les syndicats soutenus par le gouvernement de réprimer les grévistes.

«Le syndicat est pire que la mafia», ont dit à NTDTV les ouvriers de la filature de Pingdingshan.

Les ouvriers de Honda ont affirmé que le syndicat local officiel a pris l’argent des ouvriers, puis réprimé la grève par la violence. Les employés ont alors demandé la réorganisation du syndicat local ainsi qu’une nouvelle élection du président et du bureau.

Silence médiatique

Pendant que le Parti communiste tolérait en apparence les grèves dans les entreprises à capitaux étrangers, le ministre du Commerce chinois a minimisé leur importance.

Et pendant que les organes de presse officiels chinois couvraient massivement et uniquement la grève des employés Honda en mai, provoquant une couverture médiatique mondiale du sujet, BBC China et le South China Morning Post de Hong Kong dévoilaient des directives du Département de la Propagande chinois pour empêcher que l’information apparaisse dans les médias chinois.

Des experts de la Chine disent que le régime lance la campagne de répression en réponse à la multitude de défis sociaux qui menacent son autorité, sa crédibilité et sa survie.

Jason Ma, commentateur économique et politique pour NTDTV, explique que des années de tension et de conflits sociaux se sont accumulées et que les conséquences commencent maintenant à devenir visibles : les séries de meurtres en milieu scolaire, les récentes grèves et la résistance désespérée et violente face aux démolitions forcées en sont des exemples. Selon Jason Ma, tout cela rend le gouvernement inquiet, craignant d’une explosion de la marmite du mécontentement social.

Au cours de ces deux derniers mois, l’inflation a été particulièrement rapide et la violence est utilisée par l’État pour décourager la violence de l’ensemble des citoyens, selon M. Ma. La campagne de répression est révélatrice de cette mentalité. Pour le gouvernement, c’est un moyen d’assurer un contrôle strict pour au moins les sept prochains mois.

Pour Showing Young, professeur du département de gestion à l'Université nationale de Sun Yat-sen à Taiwan, l'inflation hors-de-contrôle va probablement, à un moment ou à un autre, forcer les ouvriers chinois à faible revenu à se révolter. Avec la prolifération des technologies des communications modernes bon marché, le régime trouvera de plus en plus difficile d’empêcher les ouvriers chinois d’organiser des manifestations et des grèves.

Ma et Young ont tous deux mis en garde que l’usage de la violence pour maintenir la stabilité  pourrait se retourner contre Pékin.

Cet avis est partagé par la professeure Guo Yuhua du département de sociologie de l’Université de Pékin. Celle-ci a exprimé sa colère contre le gouvernement pour avoir réprimé les grévistes et a affirmé à NTDTV qu’il était temps de réexaminer la notion de stabilité.

«Le régime pense que la répression peut résoudre les problèmes alors que c’est seulement en protégeant les droits de chacun que la stabilité peut être maintenue.»

Mme Guo a dit aussi que, puisque le Parti communiste s’est appuyé sur les classes ouvrière et paysanne pour prendre le pouvoir, si le gouvernement ne gère pas convenablement les grèves, il verra probablement sa légitimé s’éroder.

Le malaise autour des syndicats chinois a aussi été remarqué par les responsables syndicaux aux États-Unis. Selon Reuters, l'AFL-CIO, le plus grand syndicat américain, envisage de demander à l'administration Obama d'examiner si la Chine ne tire pas un avantage commercial déloyal en niant les droits des ouvriers.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.