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Le Pakistan ouvre la voie aux ambitions chinoises

Écrit par Hitesh Devnani et Aurelien Girard, La Grande Époque
26.07.2010
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  • Le président pakistanais, Asif Ali Zardari, et son homologue chinois, Hu Jintao(Pool: Pool / 2010 Getty Images)

BANGALORE et PARIS – Le ministre d'État indien pour la Défense, M. M. Pallam Raju, fait partie des personnes inquiètes des effets délétères d’un partenariat renforcé entre la Chine et le Pakistan. Ses dernières flèches verbales ont visé le projet de ligne ferroviaire reliant les deux pays qui prévoit traverser la région du Gilgit-Baltistan disputée depuis plus de 60 ans entre l'Inde et le Pakistan. La ligne serait longue de 700 km et traverserait la chaîne montagneuse de Karakoram dans l’Himalaya.

Pour l’Inde, autoriser la construction n’est pas une option envisageable : «C’est évidemment une source d’inquiétude»,  a expliqué M. M. Pallam Raju. «Mais nous avons toute une série de contre-mesures possibles, et nous nous y préparons.»

Le ministre, qui n’a pas souhaité préciser les mesures envisagées, a cependant indiqué que la Chine et le Pakistan ont maintenant clairement montré qu’ils «travaillent et coopèrent étroitement» sur les questions de défense et de stratégie.

La terre

Le protocole d’accord sur la ligne Karakoram a été signé à Pékin par le président pakistanais, Asif Ali Zardari, le 8 juillet lors de sa visite officielle et de sa rencontre avec son homologue chinois, Hu Jintao.  Ashfaq Khattak, le directeur général des chemins de fer pakistanais, accompagnait M. Zardari pour l’occasion.

Les études préliminaires de faisabilité du projet, qui devrait connecter toutes les grandes villes pakistanaises jusqu’à la mer d’Oman, sont terminées. Le projet, né en 2004, est aujourd’hui accéléré par le renforcement des liens entre la Chine et le Pakistan. Pékin souhaite en particulier, indique Anatol Lieven, professeur du King's College de Londres que cite Russia Today, que le Pakistan puisse lui servir de corridor énergétique : «La Chine est très inquiète du fait que son économie est dépendante des routes maritimes… et que dans tout futur conflit, la marine indienne puisse facilement bloquer ces voies maritimes.»

Dans la même ligne stratégique, The Hindu révèle que Pékin a également décidé d’un investissement de 525 millions de dollars pour la construction d’une autoroute au Cachemire pakistanais.

L’eau

Le projet de ligne ferroviaire ajoute une tension supplémentaire à celles existant déjà entre les trois pays. En juin, la Chine a proposé de vendre deux réacteurs nucléaires au Pakistan, provoquant la colère de Delhi et de Washington. En septembre dernier, l’Inde avait également vigoureusement protesté contre le projet de construction par la Chine d’un barrage hydroélectrique dans la partie du Cachemire administrée par le Pakistan – une région que Delhi considère toujours comme faisant partie de son territoire.

Le Times of India rapporte que la Chine s’est engagée à investir dans le projet de barrage hydroélectrique sur la rivière Neelum Jhelum. L’attentat à la roquette qui a blessé des ingénieurs chinois dans un hôtel pakistanais le 7 juillet a freiné des accords plus importants. D’après l’agence officielle Associated Press of Pakistan, la Corporation des Trois Gorges aurait accepté d’investir plus de 100 milliards de dollars dans des projets de développement de l’hydroélectricité au Pakistan.

«D’ici cinq ou six ans, je pense que les relations entre la Chine et le Pakistan dépasseront les relations entre le Pakistan et les États-Unis, en particulier parce que la Chine est prête à investir dans des secteurs non militaires», explique Al Jazeera Rohit Honawar, un analyste sur le Pakistan du Strategic Foresight Group, à Bombay.

Le feu

De plus, la Corporation nucléaire chinoise a confirmé la construction de deux réacteurs nucléaires au Pakistan. Toujours selon Al Jazeera, dont l’avis est partagé par la plupart des médias internationaux, la brèche de l’accord nucléaire sino-pakistanais a été ouverte par l’alliance nucléaire entre l'Inde et les États-Unis, signée en 2008 malgré les alertes sur le fait qu’elle pourrait détruire le consensus de non-prolifération nucléaire dans la région.

Cependant, comme l’indique le groupe Carnegie Endownment for International Peace, les États-Unis et l’Inde avaient débattu publiquement de l’accord avec tous leurs partenaires. Surtout, ils avaient obtenu une dérogation à l’embargo imposé par le Groupe des fournisseurs nucléaires (GFN), l’organe de contrôle des exportations de matières fissiles, composé des pays exportateurs ou producteurs de matériel et de technologie nucléaire. Ils avaient également dû s’engager à respecter les limites  imposées par l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Dans le cas de la Chine et du Pakistan par contre, indique le Carnegie, il s’agit «d’un accord secret, conclu en secret. […] La Chine semble vouloir court-circuiter le GFN plutôt que de faire appel à son jugement.»

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.