Kouchner décoré par Solidarnosc

Écrit par Christine Modock, La Grande Époque
04.07.2010

Le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, s’est vu décerner la Médaille de la Gratitude en récompense de l’aide qu’il a apporté au mouvement Solidarność qui a joué un rôle clé en Pologne au cours des années 1980, dans l'opposition face à la République populaire de Pologne.

Solidarność qui signifie «solidarité», est une fédération de syndicats polonais qui a été fondée en août 1980, sous l’égide et l’instigation de Lech Wałęsa, syndicaliste puis homme d’Etat polonais. Ce mouvement sans précédent, en Pologne et dans tous les pays du Pacte de Varsovie, a marqué une réelle cassure dans la ligne dure du Parti Communiste Polonais

La Médaille de la Gratitude est une récompense attribuée à titre de distinction aux étrangers, comme aux nationaux, dont l’intervention a permis d’aider cette action à perdurer, pour lutter courageusement contre l’impérialisme soviétique. Plus de 300 médailles vont être remises cette année afin de commémorer le trentième anniversaire du mouvement.

Précisons que c’est la première fois dans l’histoire de la Pologne, que cette médaille est attribuée à une personne étrangère considérée «comme la personne ressource et de confiance, en cas de difficulté, par les partisans de  Solidarnosc».

Pour mémoire, en 1981 Bernard Kouchner est venu en aide à ce mouvement de libéralisation de la Pologne, au moment de l’installation de la  loi martiale dès 1981. Il va coopérer par l’envoi de médecins, l’attribution d’une aide médicale ainsi que divers affaires, permettant de subvenir aux besoins de la population locale.

Il faut rappeler que Bernard Kouchner, médecin gastro-entérologue, a fondé en 1971 Médecins sans frontières et en 1980 Médecins du monde, deux organismes humanitaires de renom. Il obtient en 1999, le prix Nobel de la paix et fait figure d'indépendant humaniste.

Après avoir occupé les postes de secrétaire d’Etat sous Michel Rocard, de Ministre de la Santé et de l’Action humanitaire sous les gouvernements d’Edith Cresson et Pierre Bérégovoy, puis administrateur civil du Kosovo pour les Nations Unies, il devient Ministre des Affaires Etrangères et Européennes, sous la Présidence de Sarkozy.

La remise de médaille à Bernard Kouchner s’est faite au cours d'une cérémonie à l'ambassade de Pologne à Paris. Le comité chargé de lui attribuer cette décoration était présidé par le chef historique du mouvement Solidarité et l'ex-président polonais, Lech Walesa.

Dans son allocution Bernard Kouchner fait part de son émotion, en termes suivants:

«…Je suis ému et fier de recevoir cette distinction au nom de la Pologne, et je la reçois à titre collectif, pour un engagement qui fut le nôtre,... Pour nous, ce combat à vos côtés, aux côtés du peuple polonais, représentait bien sûr un idéal, un soutien de cette démarche volontariste et nécessaire, cette démarche de liberté, mais aussi, contre nous-mêmes. »

«Nous étions certains d’avoir raison, mais nous avions raison contre ce qui nous avaient animé pendant bien des années, c'est-à-dire, la croyance dans un socialisme libérateur, épanouissant, un socialisme prononcé au nom de l’égalité de tous les hommes et de justice sociale que nous appelions de nos vœux.»

«Nous n’étions pas seuls dans ce cas, ….Donc, je suis fier et très heureux en leurs nom de recevoir cette médaille de solidarité».

        

 Monsieur Tomaz Orlowskki, Ambassadeur de Pologne en France a évoqué, dans son allocution, l’histoire du mouvement et l’implication du Ministre français:

«Il y a 30 ans, le peuple polonais encouragé par l’appel de Jean-Paul II: «N’ayez pas peur!», engageait son combat pour la dignité de la personne humaine, un mouvement populaire des citoyens qui a pris le nom de Solidarnosc, solidarité. Solidarité avec un S majuscule,  qui a favorisé en chacun de nous une solidarité avec un S minuscule. Solidarnosc a été mon seul engagement politique dans la vie et je suis fier que ce soit ainsi.»

«Si cette solidarité a pu rayonner dans le monde entier, …c’est qu’elle a été renforcée par un élan de solidarité inédit venant du monde extérieur…Des dizaines de milliers de personnes nous ont aidé et ce souvenir reste précieux. Il y avait des gens comme Bernard Kouchner, dont l’engagement comptait tout particulièrement, il signifiait pour nous … que notre combat était juste et bon.»

«…Comme vous le disiez, Monsieur le Ministre, défendre la liberté syndicale c’était défendre nos liberté, tenter de changer notre destin.»

Le ministre français a rappelé l’attachement profond et ancien de la France à la Pologne et l’obligation de mémoire pour l’histoire culturelle qui les unit.