Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Pékin et Taipei signent un accord de libre-échange

Écrit par Arnaud Camu, La Grande Époque
04.07.2010
| A-/A+
  • Des opposants taiwanais à l'accord de libre-échange avec la Chine manifestent le 26 juin 2010 à Taipei(Stringer: PATRICK LIN / 2010 AFP)

L'accord-cadre de coopération économique (ACCE) entre la Chine et Taiwan a finalement été signé le 29 juin dans la ville de Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine, après des mois de négociations. Les partisans de l'accord soulignent ses bienfaits économiques, tandis que ses détracteurs s'inquiètent que la souveraineté de l'île sera affectée.

Selon l'accord de libre-échange, 539 produits taiwanais – d'une valeur de 14 milliards de dollars – pourront être exportés en Chine sans tarif, tandis que 267 produits chinois – d'une valeur de 3 milliards de dollars – connaîtront le même sort lors de leur importation à Taiwan. L'entente ouvrira également le secteur des services des deux pays.

«Nous avons complété la signature de l'ACCE avec la Chine continentale aujourd'hui. Cela est très significatif pour Taiwan, car le pacte entame une toute nouvelle ère pour Taiwan», a déclaré le président taiwanais Ma Ying-jeou, qualifiant l'accord d'«innovation».

L'ACCE est considéré comme un élément important du développement économique de Taiwan alors que l'île cherche à se définir comme un centre mondial de l'innovation – une économie tremplin permettant aux entreprises taiwanaises et étrangères de s'établir au pays pour avoir un accès libre et direct au marché chinois.

L'administration Ma mise sur les occasions offertes par le marché chinois. Elle espère aussi que cet accord ouvrira la voie à d’autres accords de libre-échange. Pékin empêche Taipei de conclure des accords de libre-échange avec d'autres pays et l'administration actuelle espère que grâce à l'accord avec la Chine, cette dernière sera plus ouverte à laisser Taiwan conclure des ententes avec d'autres pays.

Cependant, les critiques contre l'ACCE abondent. Un éditorial du Taiwan News indique que bien que l'accord mentionne qu'il est «basé sur les principes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)», les bases légales de l'accord ne sont pas explicites, bases qui devraient être l'Article 24 de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (l'ancêtre de l'OMC).

L'accord proscrit également la Chine et Taiwan d'utiliser les recours commerciaux de l'OMC, empêchant ainsi Taipei d'imposer des restrictions au commerce pour des raisons de sécurité nationale ou de protection culturelle.

En réponse à la signature de l'accord, un petit parti politique – l'Union solidarité Taiwan (UST) – a proposé la tenue d'un référendum sur la question.

«Laisser les gens directement approuver le contenu de l'ACCE serait plus efficace que s'en remettre [à l'assemblée législative] pour l'approbation et la supervision», a déclaré le secrétaire général de l'UST, Lin Chih-jia.

Lin Yu-chang, porte-parole du principal parti d'opposition – le Parti démocrate progressiste (PDP) – a déclaré que son parti «allait fournir son assistance et soutien complets à la nouvelle initiative référendaire de l'UST».

Taiwan News rapporte qu'une initiative référendaire similaire avait été rejetée au début du mois de juin par le Comité de révision référendaire de la branche exécutive du gouvernement, citant un «conflit entre le raisonnement et la question elle-même». Advenant l'échec de la nouvelle initiative, Lin Yu-chang a déclaré en conférence de presse que le PDP pourrait en lancer une lui-même, spécialement si Taiwan n'est pas en mesure de conclure des accords de libre-échange avec d'autres pays dans la prochaine année.

Le porte-parole Tsai Chi-chang a pour sa part affirmé que le PDP annoncerait sa stratégie post-ACCE après de plus amples discussions internes.

Plus d'une centaine de milliers de personnes ont exprimé leur opposition à l'ACCE lors d'un rassemblement le 26 juin. Plusieurs craignent que des marchandises chinoises bon marché vont inonder Taiwan, entraînant la fermeture des entreprises locales et ainsi effritant la capacité de Taiwan à préserver sa souveraineté politique par l'entremise d'une économie forte.

«L'ACCE est un leurre du régime communiste chinois. Sous le prétexte de bénéficier à Taiwan, le régime va voler le capital, le talent et la technologie de Taiwan», a décrié lors du rassemblement l'ex-président taiwanais Lee Teng-hui (1988-2000).

«Ça saute aux yeux que le régime vise à prendre contrôle de Taiwan», a-t-il ajouté.

Lors d'un forum organisé le 12 juin par Taiwan Advocates, un cercle de réflexion indépendantiste que Lee Teng-hui a mis sur pied en 2001, Lee a dit craindre que l'ACCE mène à une «vague d'exode des industries locales» si l'ACCE réussit à créer un marché intégré.

Avec la réduction des tarifs, Lee craint que les entreprises taiwanaises vont fermer leurs industries sur l'île et déménager en Chine où le marché est plus grand, les coûts de production plus bas et l'occasion d'engranger les profits plus grande.

Toujours le 26 juin, la présidente du PDP – Tsai Ing-wen – a ajouté que l'ACCE allait affaiblir le marché local et bénéficier «uniquement aux conglomérats et à une petite minorité de gens».

Lee Teng-hui a encouragé les Taiwanais à montrer leur désaccord avec l'administration du Kuomintang (KMT) – parti qu'il a dirigé – aux prochaines élections municipales de décembre. Déjà, en décembre 2009, le KMT a perdu certains sièges municipaux, un recul largement attribué au mécontentement envers ses politiques de rapprochement avec Pékin.

L'accord-cadre de coopération économique devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2011.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.